Les femmes, colonnes vertébrales de l’Église

Depuis 1975, chaque 8 mars a une empreinte particulière : c’est la Journée internationale de la femme. L’occasion pour Le Messager de mettre en relief l’importance cruciale de la présence des femmes au service de l’évangélisation du monde et dans l’Église.



Une humanisation de la société. Voilà ce à quoi la femme œuvre. Le pape François considère la dimension féminine de l’Église comme un « sein accueillant qui régénère à la vie ». Dans la droite ligne de saint Jean-Paul II, le « génie féminin » a remporté tant de victoires sur la vie grâce à la foi, l’espérance, l’amour. Que cette prière de Benoît XVI soit alors entendue : « Puisse l’Esprit Saint susciter sans cesse dans l’Église des femmes saintes et courageuses qui apportent leur précieuse contribution spirituelle à la croissance de nos communautés ! ». Le Pape émérite estime aussi que l’histoire du christianisme aurait connu un développement bien différent s’il n’y avait pas eu « le généreux apport de nombreuses femmes » dans l’Église, la famille et la société. L’Évangile ne peut atteindre les « périphéries de nos sociétés », comme aime à dire l’ancien archevêque de Buenos Aires,  sans des chrétiens pleins d’allant et de joie dont deux tiers sont des femmes ! Religieuses ou laïques, elles sont largement majoritaires parmi les personnes activement engagées au sein de l’Église.

 

Diffusion de l’Évangile

Tant de femmes ont joué un rôle efficace et précieux dans la diffusion de l’Évangile. Historiquement, outre les douze apôtres, de nombreuses femmes sont mises en avant dans la Bible. Ainsi les Évangiles nous informent clairement qu’à la différence des Douze, les femmes n’ont pas abandonné Jésus à l’heure de sa Passion. Parmi elles, Marie-Madeleine, qui fut la première à témoigner et annoncer la résurrection du Christ ; saint Thomas d’Aquin lui réserve d’ailleurs le qualificatif particulier « d’apôtre des apôtres », en précisant : « de même qu’une femme avait annoncé au premier homme des paroles de mort (i.e. Ève), ainsi, une femme annonça en premier aux apôtres des paroles de vie ». Elle a donc eu une place bien particulière dans l’annonce de la Bonne Nouvelle : l’apôtre Paul estime alors normal que dans la communauté chrétienne, la femme puisse « prophétiser », c’est-à-dire se prononcer ouvertement sous l’influence de l’Esprit, si cela contribue à l’édification de la communauté. Si l’Église protestante réformée, présente en Suisse, accueille des femmes prédicatrices, le Pape rappelle que l’homélie est « un acte du culte », « à caractère quasi sacramentel » et justifie qu’elle soit « strictement réservée aux évêques, prêtres et diacres ».

Plus de responsabilités ?

À ce jour, peu de femmes exercent de hautes responsabilités à la Curie et ne sont à la tête d’aucune Congrégation ou Conseil Pontifical. Pourtant, il y a un an, le Pape François s’était dit convaincu de « l’urgence d’offrir des espaces aux femmes dans la vie de l’Église et de les accueillir, en tenant compte des sensibilités culturelles et sociales spécifiques et nouvelles ». Il souhaite qu’il existe « une présence féminine plus ramifiée et incisive dans les communautés », afin de voir « plus de femmes engagées dans les responsabilités pastorales, dans l’accompagnement de personnes, de familles et de groupes, ainsi que dans la réflexion théologique ». Ces paroles auront peut-être une incidence dans le remaniement de la Curie et dans la formation du nouveau dicastère consacré à la famille, aux laïcs et à la vie.

 

Une théologie de la femme

Les femmes assurent de plus en plus de tâches dans l’Église, jusqu’à occuper des responsabilités en matière doctrinale (théologiennes) ou pastorale. Le Pape argentin a demandé d’ « étudier les critères et les modalités nouvelles afin que les femmes ne se sentent pas des hôtes, mais pleinement participantes aux divers domaines de la vie sociale et ecclésiale. L’Église est femme, elle est la Église et non le Église ». En janvier, le Pape a modifié le rite du lavement des pieds permettant ainsi aux femmes d’être choisies. Pour le souverain pontife, aucune « profonde théologie de la femme » n’a été faite dans l’Église. Il déplore alors que l’on dise « elle peut faire ceci, maintenant elle fait la servante de messe, elle lit la lecture… mais il y a plus que ça ! » Et d’ajouter sans hésiter : « La femme, dans l’Église, est plus importante que les évêques et les prêtres ; comment ? C’est ce que nous devons chercher à mieux expliciter, parce que je crois qu’il manque une explication théologique de cela ».

 

Croissance de l’Église

« Une Église sans les femmes est comme le Collège apostolique sans Marie ! » Ces paroles du Saint-Père montrent bien que pour lui, le rôle de la femme dans l’Église n’est pas seulement la maternité, la mère de famille, mais est plus fort : « elle est vraiment l’icône de la Vierge, de la Madone ; celle qui aide l’Église à croître ! ». « Pensez que la Madone est plus importante que les Apôtres ! Elle est plus importante ! L’Église est féminine : elle est Église, elle est épouse, elle est mère ». C’est pour cela que saint Jean-Paul II avait consacré une Lettre apostolique sur la dignité et la vocation de la femme, Mulieris Dignitatem (1988). Cependant, génération après génération, Dieu conduit son Église, « en s’appuyant sur des hommes et des femmes qui font fructifier leur foi et leur baptême pour le bien de toute l’Église », dixit Benoît XVI. Protégeons la différence homme-femme, n’oublions pas leur complémentarité et trouvons un juste équilibre pour ne glisser ni vers une exaltation de la femme ni vers un égalitarisme. Chacun a sa place, chacun a une place, unique et précieuse. L’humanité a deux visages. Alors à quand un texte écrit par un Pape sur les hommes ? Viri Dignitatem ? 



« Vous, les femmes catholiques, vous vous inscrivez dans la tradition évangélique des femmes qui assistaient Jésus et les apôtres (cf. Lc 8, 3) ! Vous êtes pour les Églises locales comme leur « colonne vertébrale », car votre nombre, votre présence active et vos organisations sont d’un grand soutien pour l’apostolat de l’Église.

Quand la paix est menacée et la justice bafouée, (…) vous êtes debout pour défendre la dignité humaine, la famille et les valeurs de la religion. (…) L’Église compte sur vous pour créer une « écologie humaine » par l’amour et la tendresse, l’accueil et la délicatesse, et enfin la miséricorde, valeurs que vous savez inculquer aux enfants et dont le monde a tant besoin. Ainsi, par la richesse de vos dons proprement féminins, vous favoriserez la réconciliation des hommes et des communautés ».

 

Benoît XVI, exhortation apostolique post-synodale Africae Munus, novembre 2011