Les chorales liturgiques : joie et service !
Du 23 au 25 novembre, les chorales liturgiques du monde entier se réunissent pour la troisième fois au Vatican. Cette rencontre internationale, qui a lieu autour de la fête de sainte Cécile, patronne de la musique et des musiciens, est organisée par le Conseil pontifical pour la promotion de la Nouvelle Évangélisation. Son succès est grandissant !
« Le chant doit entraîner vers le haut, élever les esprits et les cœurs. » Ces paroles du Maître des célébrations liturgiques pontificales, Mgr Guido Marini, sont tombées dans le cœur de nombreux jeunes assoiffés de beauté et de chant. C’est ainsi que de nombreuses paroisses cherchent à accueillir des chorales liturgiques et à soigner le choix des chants. La musique a une double finalité : « la gloire de Dieu et la sanctification des fidèles » (Sacrosanctum Concilium n° 112). C’est aussi cela qui a fait naître Ecclesia Cantic en 2016, un rassemblement des chorales de toute la France. Le projet d’Ecclesia Cantic est de réunir, le temps d’un week-end, des choristes de tout l’Hexagone, étudiants et jeunes professionnels, pour se former et être missionnaires par le chant. Le succès ne fait que s’amplifier : après Lyon et Paris, la 3e édition aura lieu à Angers au printemps 2019. Lors de ce rassemblement chantant, de nombreuses formations sont proposées, aussi bien sur la technique que la liturgie en elle-même et des témoignages viennent éclairer les participants. Un week-end Ecclesia Cantic comporte un concert géant avec le millier de choristes mais aussi un temps missionnaire de chant dans des lieux publics, pour faire partager la joie du chant. « Par le chant, confiait saint Jean-Paul II, la foi est expérimentée comme un cri éclatant de joie et d’amour, une attente confiante de l’intervention salvifique de Dieu ».
Aimer et chanter
Selon saint Augustin, « chanter est le propre de celui qui aime ». Chanter n’est pas un acte banal. Celui qui chante est un être éveillé qui a choisi de vivre et d’aimer. Le chant, même fredonné, vient chercher toutes les dimensions de notre personne, toute notre épaisseur humaine. Le chant prend forme dans un cœur aimé et aimant. L’amour est le thème central choisi par les Dei Amores Cantores (DAC) qui aiment profondément l’Église et sa beauté liturgique. Leur intuition fut de se mettre à son service, de manière joyeuse et lyrique. Leurs fondateurs ont saisi l’opportunité de l’élan de la nouvelle évangélisation. Ce chant polyphonique, d’une grande beauté, rayonne dans toute la France depuis une dizaine d’années. Pour les DAC, « chanter, c’est exprimer sa joie et, si nous y pensons avec un peu plus d’attention, c’est exprimer son amour ». Il faut physiquement commencer par recevoir pour chanter, comme tout ce qui est important dans la vie. La vie se reçoit. L’amour se reçoit et se donne. Et l’on peut ajouter, à la suite de saint Paul (1 Co 13, 1) : « J’aurais beau chanter merveilleusement motets et cantates, si je n’ai pas la charité, je ne suis qu’un airain qui sonne ». Le chant liturgique exige un amour pour le Seigneur, une pratique de la charité et demande un chemin de prière et de sainteté.
Aide passionnée
La chorale est au service de la célébration liturgique, elle n’en est pas la protagoniste mais elle joue le rôle de traduire, dans le chant et dans la musique, le mystère célébré. La chorale est présente pour aider le peuple des fidèles à participer au mystère de Dieu. En France, le Service national de la pastorale liturgique et sacramentelle assure que « le chant de l’assemblée est stimulé, entretenu et enrichi dans son expression sonore par le chant de ceux qui en ont le charisme ». Saint Jean-Paul II aimait rappeler que l’aspect musical des célébrations liturgiques ne pouvait être laissé à l’improvisation ni à l’arbitraire des hommes, mais devait être « confié à une direction bien concertée dans le respect des normes et des compétences, fruit significatif d’une bonne formation liturgique ». Pour guider l’assemblée, le chœur doit respirer, bien articuler, réaliser un travail commun et s’unir pour chanter la louange de Dieu. Les choristes doivent aussi et surtout être passionnés du Christ et de l’Église. Il est important de rappeler que ce n’est pas le rite liturgique qui s’accorde au chant mais le chant qui sert le rite, sans l’asservir. Mgr Marini avait conseillé aux choristes que leur chant « soit toujours un acte d’adoration au Seigneur et soit capable de [les] conduire à une adhésion toujours plus pleine à Dieu ». Et d’ajouter : « Que votre chant soit toujours un acte capable de conduire toute l’assemblée à l’adoration et à l’adhésion à Dieu ». Porter une assemblée et la Création tout entière vers Dieu est un service exaltant, un soutien précieux.
Le chant liturgique, qui permet de transmettre les merveilles du Seigneur, doit incarner et traduire la Parole de Dieu. Le Psaume 95 révèle l’essence même du rôle du chœur liturgique : « Chantez au Seigneur un chant nouveau, chantez au Seigneur, terre entière, chantez au Seigneur et bénissez son nom ».
Bonheur du chant
Tout chœur engendre par son art un développement humain, personnel et social et quand une chorale entre dans l’acte liturgique, elle devient membre vivant du corps du Christ. Depuis le IVe siècle, on trouve des groupes de chant appelés manécanteries, maîtrises, chœurs, chapelles musicales, scholae cantorum... Les termes ne manquent pas pour désigner ceux qui ont servi et servent la liturgie dans les églises à la manière du chœur des moines dans les abbayes. Si la voix a toujours été un des moyens de communication entre les hommes, le chant des chœurs se rapproche quant à lui de celui des anges. La voix chantée fait entendre l’inouï de Dieu et le sourire bonifie le chant en clarté, en chaleur et en rayonnement. Le bonheur de chanter se diffuse, touche ceux qui entendent et les entraîne dans une joie du don. Comme un pont vers l’éternité.