Les bonnes sœurs
Lorsque, tout jeune, j’avais dit vouloir devenir frère franciscain, on me disait avec amusement : « Fais attention, on va te demander d’aller puiser de l’eau avec un panier percé. » Je crois que cela disait bien l’incongruité de la vie consacrée dans la mentalité populaire.
Ce début d’Année de la vie consacrée, que le pape François propose à l’Église, me donne envie de m’arrêter sur quelques fausses images et préjugés dont on entoure la vie consacrée. Pour les aspects positifs, je renvoie bien évidemment aux articles des pages 8 à 14.
– Quand on dit « vie consacrée », pense-t-on seulement aux « bonnes sœurs » (plutôt âgées et souvent perçues par erreur comme rébarbatives) et aux moines et moniales enfermés dans leurs monastères ? Et que fait-on des foules d’hommes et de femmes qui rayonnent de vie et qui, dans la vie religieuse apostolique, sont passionnément engagés au service de la mission et des personnes ?
– « Belle comme elle est, quel dommage qu’elle soit religieuse… » Le Seigneur ne devrait-t-Il appeler que les laids, les ratés et les déçus de la vie ?
– « Ils renoncent à la vie, à l’amour ; ils sacrifient leur liberté et leur avenir… » Les vœux religieux sont-ils des mutilations que l’on s’inflige ? Ou une autre manière de consentir à vivre un amour passionnant et exclusif qui ne souffre pas de limites. D’ailleurs, peut-on vivre sans être habités par l’amour ?
Et si, en définitive, la vie consacrée n’était autre qu’une tentative de répondre à l’amour dévorant du Seigneur et de consentir à se laisser habiter par la plénitude de cet amour ? Ne serait-elle pas alors une aventure passionnante et une chance pour l’Église et notre société ?