L’écologie commence par l’homme
C’est ainsi qu’est venu le nom, dans mon cœur : François d’Assise. C’est pour moi l’homme de la pauvreté, l’homme de la paix, l’homme qui aime et préserve la création ; en ce moment nous avons aussi avec la création une relation qui n’est pas très bonne, non ? » Ces mots, ce sont ceux que le pape François a prononcés le 16 mars dernier pour expliquer le choix de son nom aux nombreux journalistes venus du monde entier pour suivre son élection, advenue trois jours plus tôt. Une confidence qui en dit long sur l’attachement du pontife à l’environnement et qui a permis de montrer au monde entier à quel point l’amour et le respect de la Création est une vocation pour tous les chrétiens.
Dieu et l’homme
Mais pour quelle raison l’Église en vient-elle à autant insister sur la protection de l’environnement ? On peut trouver une réponse dans la Bible, et en particulier dans la Genèse. Ainsi, l’homme doit d’abord reconnaître qu’il est lui-même une simple créature, une simple image de Dieu. C’est pourquoi il doit chercher à devenir plus sensible à la présence de Dieu dans ce qui l’entoure. Dans toute la Création, certes, mais en particulier dans la personne humaine. Dès lors, deux choix s’offrent à lui. Avoir bien à l’esprit le sens de la vie dans son intégralité, auquel cas il sera capable de respecter les créatures. Ou bien se mépriser lui-même et n’avoir alors aucun respect pour le milieu dans lequel il vit.
C’est pourquoi, comme l’a écrit Benoît XVI dans son encyclique Caritas in veritate, la première écologie qui doit être défendue est « l’écologie humaine ». En effet, aux yeux du pape émérite, on ne pourra jamais parler d’une véritable défense de l’environnement si l’homme ne prend pas clairement la défense de certains principes fondamentaux : la vie depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme, l’attention envers ceux qui sont mis au ban de la société ou encore ceux qui ont tout perdu.
Héritage
Si l’on poursuit l’exégèse biblique, on se rend compte que la question de la protection de l’environnement réside dans la responsabilité. Il faut prendre conscience que Dieu a confié sa Création à l’homme non pas pour qu’il exerce sur celle-ci une domination arbitraire, mais pour qu’il la conserve et en prenne soin. L’environnement est une sorte d’héritage qu’un enfant reçoit de son père et dont il doit s’occuper.
L’Église insiste
également sur la nature du lien qui unit l’homme à la nature. Selon elle, il n’y a pas d’opposition entre l’être humain et l’environnement mais « une alliance stable et inséparable » D’une part l’environnement conditionne l’existence et le développement de l’être humain. De l’autre, l’homme perfectionne l’environnement grâce à son activité créative et productive.
Crise écologique
L’Église ne se contente pas d’expliquer pourquoi il est nécessaire de protéger l’environnement. Elle parle aussi concrètement, en particulier lorsqu’il s’agit de dénoncer ce que Benoît XVI a identifié comme de véritables « crises écologiques ». Parmi elles, on peut citer le changement climatique, la désertification, la pollution des fleuves et des nappes phréatiques, l'appauvrissement de la biodiversité, l'augmentation des phénomènes naturels extrêmes ou encore la déforestation.
Mais au fond, les situations de crise que traverse actuellement l'humanité – non seulement écologique mais aussi économique ou sociale – sont aussi des crises morales liées les unes aux autres. Ces crises « obligent à repenser le cheminement commun des hommes », affirme Benoît XVI.
Que l’on ne s’y trompe pas, cependant, l’Église ne rejette en rien la recherche du bien-être matériel et social. Elle invite simplement à prendre en compte les valeurs éthiques et spirituelles dans les choix économiques, dans la mesure où chaque décision économique a une répercussion à caractère moral. Le but est de passer d’un développement strictement économique à un développement humain dans toutes ses dimensions. C’est ce que l’Église appelle le « développement humain intégral ».
Protection de la nature, protection de la vie
Dans ce contexte, la société, et en particulier le système éducatif, a un rôle important à jouer dans l’écologie. C’est surtout aux parents et aux enseignants qu’il revient d’apprendre aux jeunes à adopter un style de vie plus responsable à l’égard de la Création. Cette responsabilité écologique à laquelle sont appelées les générations à venir passe par deux canaux : la sobriété et la solidarité, tant au sein de la société qu’entre les différents pays. Les jeunes doivent en effet être conscients que la détérioration de n'importe quelle partie de la planète retombe sur l’ensemble de l’humanité.
L’Église ne cesse de le répéter : il est impossible de séparer – ou même d'opposer – la protection de l'environnement et celle de la vie humaine, y compris la vie avant la naissance. Cette insistance sur la protection de la vie depuis sa conception jusqu’à son terme naturel est d’autant plus forte qu’elle subit de plus en plus d’assauts dans la société actuelle. Mais la résistance s’organise côté catholique. En France, Tugdual Derville, délégué général d’Alliance Vita et fer de lance de la lutte contre l’adoption de la loi autorisant le mariage entre personnes du même sexe, a lancé le 22 juin dernier un nouveau mouvement précisément baptisé « Écologie humaine ».
Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures, spécialement messire frère soleil
qui donne le jour, et par lui tu nous illumines.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur lune et les étoiles, dans le ciel tu les as formées claires, précieuses et belles.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère vent, et pour l’air et le nuage et le ciel serein et tous les temps, par lesquels à tes créatures tu donnes soutien.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur eau, qui est très utile et humble, et précieuse et chaste.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère feu, par lequel tu illumines la nuit, et il est beau et joyeux, et robuste et fort.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la terre, qui nous soutient et nous gouverne,
et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe.
Le Cantique des Créatures (extraits)