Le sens de l’effort

24 Février 2012 | par

En nous invitant pendant ce Carême à pratiquer de manière plus soutenue le jeûne, le don et la prière, l’Église nous exerce à un quadruple effort physique, matériel, humain et spirituel. Voici l’occasion de revenir sur cette pédagogie de l’effort et de considérer l’importance qu’elle revêt pour nous.



Lorsque l’on interroge parents et professeurs d’adolescents, l’impression générale que l’on retrouve souvent est celui d’un immense gâchis : tant de talents à exploiter, tant d’avenir devant soi… et chez nombre d’entre eux si peu d’efforts concluants pour leur donner forme !

 

Quand les ados se laissent aller

Il est une réalité à ne pas négliger : l’âge de l’adolescence prédispose à une certaine mollesse. Les raisons sont à la fois d’ordre physiologique – être en pleine croissance est épuisant – et psychologiques – la paresse est souvent un refuge face à la peur de l’avenir ou un moyen de se différencier, non sans provocation, du monde des adultes.

N’en concluons pas pour autant qu’il s’agit d’une fatalité : le phénomène, d’abord, n’est pas systématique, et d’autre part la réaction ponctuelle et mesurée des adultes peut l’enrayer.

 

Réticences à l’effort

Reste que globalement, l’effort n’est pas naturel à l’homme. C’est seulement après la faute originelle qu’Adam et Ève font, chacun pour leur part, l’expérience de l’effort : il est le résultat d’une harmonie brisée. Il coûte, il demande un sacrifice pour obtenir un bien supérieur.

Cela est en contradiction radicale avec l’exaltation du plaisir et la culture de l’instant qui règnent autour de nous ; tout se doit d’être facile et immédiat – pâle simulacre du bonheur dans l’Eden.

Mais attention à l’excès inverse ! Un effort, étymologiquement, est la mobilisation d’une force, et qui veut être efficace doit se garder de l’épuisement.

 

Savoir pourquoi on peine

La tentation du volontarisme est parfois grande, mais elle est vouée à l’échec si l’on ne compte que sur soi.

C’est le sens de la splendide exhortation que saint Paul adresse dans sa première lettre aux Corinthiens : « Quand je distribuerais tous mes biens en aumônes, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien » (1 Co 13, 3).

En d’autres termes, si je ne vise pas au-delà de l’effort lui-même, ou si j’agis pour moi seul, autrement dit par orgueil, alors je cours à ma perte et mon effort est vain.

 

Comme des athlètes

Pour garder ses enfants de l’épuisement, l’Église dans sa pédagogie propose un juste milieu, à savoir une privation de ce qui est permis de manière ponctuelle. Saint Paul compare ainsi sa propre expérience du combat spirituel et de la pénitence à un entraînement sportif : « Ne savez-vous pas que, dans les courses du stade, tous courent, mais un seul obtient le prix ? Courez donc de manière à le remporter. Tout athlète se prive de tout ; mais eux, c’est pour obtenir une couronne périssable, nous une impérissable » (1 Co 9, 24-25).

Cette image est précieuse. Le sport, d’une part, est une belle éducation à l’effort, et nos adolescents en perçoivent facilement les fruits. D’autre part, elle nous recentre sur un point important : l’athlète ne pratique pas son sport sous la contrainte, sans quoi il s’agirait d’une forme d’esclavage. L’effort, au contraire, est la plus belle manière d’exercer sa liberté. 

 

Message de Benoît XVI pour le Carême 2008

 « Chers frères et sœurs,

le Carême nous invite à nous “entraîner” spirituellement, notamment à travers la pratique de l’aumône, pour croître dans

la charité et reconnaître Jésus lui-même dans les pauvres […] Que ce temps soit donc caractérisé par un effort personnel et communautaire d’adhésion au Christ pour que nous soyons des témoins de son amour. Que Marie, Mère et Servante fidèle du Seigneur, aide les croyants à livrer le “combat spirituel” du Carême avec les armes de la prière, du jeûne et de la pratique de l’aumône, afin de parvenir aux célébrations des fêtes pascales en étant entièrement renouvelés en esprit. »

 


Updated on 06 Octobre 2016