Le martyre de Pierre
La Parole de Dieu
En vérité, en vérité je te le dis :
quand tu étais jeune,
tu te mettais toi-même ta ceinture
et tu allais où tu voulais.
Quand tu auras vieilli, tu étendras les mains :
un autre te ceindra,
et te mènera où tu ne voudras pas.
Il signifiait, en parlant ainsi,
le genre de mort par lequel Pierre devait glorifier Dieu.
(Jn, 21, 19-18)
La Parole de saint Antoine
Quand tu étais jeune… tu allais où tu voulais. Jésus qui avait prédit le reniement, prédit à présent le martyre. Et Pierre, fortifié par la Résurrection de Jésus, peut désormais réaliser ce qu’il avait promis, sans réfléchir, lorsqu’il était faible. Il ne craint plus de perdre la vie d’ici-bas, car la Résurrection du Seigneur lui a donné l’assurance d’une autre vie.
Quand tu auras vieilli, tu étendras les mains, tu seras crucifié.
Et un autre, c’est-à-dire Néron, te ceindra, avec des chaînes, et te mènera où tu ne voudras pas, c’est-à-dire à la mort.
Pierre, en effet, fut conduit à l’angoisse de la mort contre sa volonté, mais en même temps il en fut libéré, car il laissa tomber le sentiment de faiblesse par lequel personne ne veut mourir. Un sentiment qui est tellement naturel que même l’âge avancé ne peut l’effacer.
S’il n’y avait aucune aversion à la mort, la gloire du martyre ne serait pas une gloire aussi grande !
Il signifiait ainsi par quelle mort Pierre devait glorifier Dieu.
Il le glorifia en se laissant conduire par lui.
Celui qui obéit parfaitement, abandonne son propre sentiment, sa propre volonté et son propre corps. Le vrai obéissant s’appuie, non sur son avis, mais sur celui de son responsable.
Libre esclavage que celui qui se ceint avec la corde de sa propre volonté, et va partout où son propre élan le conduit !
Pour aller plus loin
Le sermon pour la fête des saints Pierre et Paul clôt la série des fêtes des saints commencée avec la Nativité du Seigneur. Le martyre de saint Pierre forme la troisième partie du sermon, après sa triple profession de foi et la triple mission par laquelle Jésus confie à l’apôtre son Église.
En suivant le récit de l’évangile (Jn 21, 18-19), Antoine affronte ici trois thèmes : la perspective du martyre, l’angoisse de la mort, le rapport entre volonté de l’homme et volonté de Dieu.
La perspective du martyre. Avant la Passion, Pierre s’y était engagé, avec enthousiasme, mais avec légèreté. Il n’avait pas mesuré sa faiblesse, et à la place de « mourir avec Jésus », il l’avait renié. La mort de Jésus lui a révélé la gravité de son crime et sa Résurrection lui a donné le courage du vrai don de soi. Il est donc prêt à affronter le martyre.
L’angoisse de la mort. La mort demeure pour tous une tragique réalité. Jésus lui-même a connu une angoisse mortelle devant la mort. Mais une fois encore qu’est-ce que la mort face à la vie et à la gloire qu’Il procure ? Pour Antoine aussi le martyre est la porte qui ouvre vers la vie.
Volonté de l’homme et volonté de Dieu. La vie vient de Dieu ; c’est lui qui la donne et la reprend. Pierre, et nous tous, nous sommes conduit vers la mort contre notre gré, obéissant à un dessein qui nous dépasse. Un esclavage, en apparence ; en réalité, un chemin vers la vie.
Heureux esclavage, peut alors dire Antoine, car par lui nous devenons libres de la liberté de Dieu.