Le mariage : grâce, bonheur et force
Pourquoi se marier ? et pourquoi à l’église ? Aujourd’hui, ces questions traversent la tête de tant de personnes en quête de bonheur. Si les termes de fidélité, d’indissolubilité, d’engagement, et de fécondité peuvent paraître rétrogrades aux yeux de certains et à « contre-courant » du monde actuel, ils sont pourtant la clé d’un mariage heureux.
Le mariage : grâce, bonheur et force
Le mariage est l’union d’un homme et d’une femme, consacrée soit par l’autorité ecclésiastique, soit par l’autorité civile, ou bien par l’une et l’autre. Voici la définition du dictionnaire Littré. Il est bon de la relire, à l’heure où notre société déboussolée prétend légiférer sur d’autres modèles de « mariage ». En premier lieu, c’est toujours un sentiment amoureux qui est à l’origine de l’amour, mais il doit passer par le filtre de la volonté. En disant « je veux » t’aimer, « je veux être ton époux (se) », c’est tout notre être qui s’engage. En outre, quand nous aimons quelqu’un profondément, Dieu est déjà présent dans cet amour, dès lors que nous savons l’y voir.
Naturellement, le mariage comporte une signification religieuse car il touche à la transmission de la vie. En effet, la fécondité est bien l’un des quatre piliers du mariage. Les époux acceptent d’être ouverts à la vie, d’accueillir et d’éduquer les enfants qui naîtront. Les trois autres piliers proposés par l’Église sont la liberté, la fidélité et l’indissolubilité : liberté de s’engager, promesse de la fidélité, engagement pour toute la vie. Le mot de promesse renvoie au terme de « promis », autrefois donné aux fiancés qui allaient se promettre en mariage. L’un des secrets du bonheur en couple est de croire que l’on peut être heureux ensemble, et de le vouloir.
Le sacrement du mariage
« Pour nous aimer fidèlement dans le bonheur et dans les épreuves, et nous soutenir l’un l’autre tout au long de notre vie. » C’est une formule prononcée par les époux lors de l’échange des consentements. Elle énonce de nombreux points essentiels, dont la force de la fidélité. Fidélité et confiance vont de pair. Être fidèle, fiable, c’est être digne de foi, de confiance. En s’engageant librement, les époux ont confiance l’un envers l’autre car ils décident de s’aimer, avec l’aide de Dieu. Le jour du mariage, Dieu dit qu’Il sera pour toujours avec les époux, qui doivent y croire, car ce cadeau n’est pas frelaté ! L’amour devient alors libérateur car l’amour d’un époux et d’une épouse doit ouvrir de grands espaces de liberté.
Pour durer « tout au long de notre vie », le couple doit avoir la volonté de construire ensemble une « cathédrale », terme utilisé par le psychiatre Boris Cyrulnik. Notre culture actuelle, qui privilégie davantage l’immédiat et les changements, ne favorise en rien cette construction, fondée sur le don.
L’amour-don
L’une des beautés du mariage réside dans le passage de l’amour-désir à l’amour-don. Ainsi, la cohabitation ou le concubinage ne permet pas aux partenaires de passer à l’amour-don et les laisse au stade du « prêt ». La cohabitation est un piège car elle en donne à la fois trop et trop peu. Trop car elle crée des liens trop forts, trop vite ; et trop peu car vivre ensemble avant de se marier prive le couple de la grâce du sacrement et de la force que donne l’engagement pour toujours du mariage. L’amour n’est pas une aventure où le ou la partenaire peut être essayé(e). Notre société, qui ne cesse d’appeler à l’érotisme et au sexe, en oubliant le cœur, détruit l’amour. L’amour à l’essai est ainsi dangereux, destructeur parce qu’il rétrécit les cœurs. L’Église appelle donc à un amour authentique et non au vagabondage sexuel qui ne pourra que laisser des séquelles indélébiles.
L’amour-don, le pardon et l’abandon. En somme, un trio qui permet aux mariés d’avancer avec confiance. En n’oubliant pas que le but ultime du mariage est la sanctification mutuelle des époux, qui se joue dans la réalité très concrète de ce qu’ils construisent ici-bas. Par exemple, l’acceptation des limites de l’autre est une magnifique voie de sainteté. Décider de s’aimer, accepter l’altérité, l’imperfection, se réadapter, s’ajuster sans cesse à l’autre et désirer durer, demeurent des actes fondamentaux dans une vie de couple. En outre, au sein d’une famille, des sentiments tels que la jalousie, l’envie, l’égoïsme et la rivalité ne devraient jamais franchir le seuil de la maison, et rester à la porte.
Par ailleurs, s’aimer, c’est se donner cœur et corps. Le corps est mon être, reçu de mes parents et de leurs parents auparavant, et en dernier lieu, de Dieu. Le père dominicain Timothy Radcliffe nous rappelle avec justesse que le christianisme est « la plus charnelle » des religions. Dieu est venu corporellement parmi nous, ce qui prouve que le corps est bon et qu’il doit être respecté.
La sainteté au quotidien
Le couple de Louis et Zélie Martin, les parents de sainte Thérèse de Lisieux, est un modèle pour les couples. Ils sont différents, non seulement parce qu’ils sont homme et femme, mais aussi par leur milieu social ou leur éducation. On remarque aisément aujourd’hui que la différence est une épreuve mal vécue, elle nous blesse et nous déstabilise. Or, une fusion complète et une communion sans différence sont des rêves impossibles.
Les parents de la petite Thérèse ont compris qu’ils iront à Dieu, non pas l’un à côté de l’autre, mais par le biais l’un de l’autre. L’autre est don de Dieu. Selon Monseigneur Boulanger, ancien évêque de Sées, « Louis a aimé de manière très affectueuse et très sensible sa femme et ses filles. Sa délicatesse a permis à son épouse de révéler ce puits de tendresse qu’il y avait au fond d’elle-même. La patience de Louis vis-à-vis de son épouse traduit bien cette délicatesse de l’amour et sa grande humilité. Leur vie de couple est un oui au quotidien, soutenu et éclairé par la grâce ». En ce mois de juin, présentons aux bienheureux Louis et Zélie tous les futurs époux qui vont se lancer dans cette belle aventure de vie…
« Le sacrement de mariage, qui reprend et spécifie la grâce sanctificatrice du baptême, est bien une source spéciale et un moyen original de sanctification pour les époux et pour la famille chrétienne. En vertu du mystère de la mort et de la résurrection du Christ, à l’intérieur duquel le mariage chrétien fait entrer à nouveau, l’amour conjugal est purifié et sanctifié : « Cet amour, par un don spécial de sa grâce et de sa charité, le Seigneur a daigné le guérir, le parfaire et l’élever ». Le don de Jésus Christ n’est pas épuisé dans la célébration du sacrement de mariage, mais il accompagne les époux tout au long de leur existence ».
Bienheureux Jean-Paul II, Exhortation apostolique Familiaris consortio