Le Jubilé de l’espérance
Cette année, la messe de Noël au Vatican s’achèvera dans une joyeuse atmosphère particulière : un concert de cloches, marquant l’ouverture par le Pape de la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre et donc le début de l’année jubilaire. « Les cloches sont le son le plus cher au peuple et seront l’expression de l’annonce joyeuse d’un évènement longtemps attendu et enfin arrivé », a expliqué Mgr Rino Fisichella, le grand organisateur de ce Jubilé.
Si celui-ci a longtemps été attendu, ce n’était pas pour autant une surprise : depuis plusieurs siècles, l’Église catholique a pris l’habitude de célébrer une Année Sainte – ou Jubilé - tous les 25 ans. Après le Grand Jubilé de l’an 2000, sous le pontificat de Jean-Paul II, celui de 2025 était donc bien prévu.
Jubilé de pardon
À ces Jubilés « ordinaires », peuvent également s’ajouter des années saintes dites « extraordinaires », comme le Jubilé de la miséricorde décrété en 2016 par le pape François.
Mais ordinaire ou extraordinaire, le Jubilé est dans tous les cas une occasion de réjouissance particulière. Cette pratique trouve en effet son origine dans la Bible, dans le Lévitique, où elle est qualifiée de « Grand Pardon » (Lv 25, 9). À cette occasion-là – alors célébrée tous les 50 ans – les dettes sont remises, les prisonniers relâchés, les esclaves libérés et les terres aliénées rendues. Dans le catholicisme, ce Grand Pardon se retrouve par l’indulgence plénière accordée aux participants du Jubilé, signe de l’amour de Dieu.
Ce pardon, cet amour de Dieu et la réjouissance expliquent le thème choisi par le Pape pour ce Jubilé : « Pèlerins d’espérance ». « L’espérance chrétienne, en effet, ne trompe ni ne déçoit parce qu’elle est fondée sur la certitude que rien ni personne ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu », assure ainsi le pontife dans sa bulle annonçant officiellement l’Année Sainte. « Les pèlerins d’espérance ne manqueront pas d’emprunter des chemins anciens et modernes pour vivre intensément l’expérience jubilaire », espère-t-il.
Lui-même empruntera ce chemin de pèlerinage : « Le 29 décembre 2024, j’ouvrirai la Porte Sainte de ma cathédrale Saint-Jean-de-Latran qui fêtera le 1700e anniversaire de sa dédicace, le 9 novembre de cette même année. Puis, le 1er janvier 2025, en la Solennité de Marie, Mère de Dieu, sera ouverte la Porte Sainte de la Basilique papale Sainte-Marie-Majeure. Enfin, le dimanche 5 janvier, la Porte Sainte de la Basilique papale Saint-Paul-hors-les-murs sera ouverte ». Comme les fidèles en pèlerinage à Rome, le Pape se rendra ainsi dans les quatre basiliques majeures pour y ouvrir les Portes Saintes.
Mais à ces quatre Portes Saintes, s’en ajoutera une, peut-être la plus emblématique de ce jubilé d’espérance : elle sera ouverte le lendemain de Noël par le pape François dans une prison. « Le pape François entend avant tout devenir un « pèlerin d’espérance » et il se rendra dans la prison romaine de Rebibbia pour ouvrir également dans ce lieu, symbole de toutes les prisons disséminées dans le monde, la Porte Sainte, signe tangible de l’annonce de l’espérance », a annoncé Mgr Fisichella.
Jubilés spéciaux
Le Pape fera ainsi le pont entre la pratique ancienne du Jubilé et celle plus actuelle, comme il avait déjà exhorté à le faire dans sa bulle : « Je propose aux gouvernements de prendre en cette année jubilaire des initiatives qui redonnent espoir ; des formes d’amnistie ou de remise de peine visant à aider les personnes à retrouver confiance en elles-mêmes et dans la société ; des parcours de réinsertion dans la communauté auxquels corresponde un engagement concret dans le respect des lois ».
Ce temps d’espérance et de pardon ne s’adresse bien évidemment pas seulement aux croyants, mais à tous. C’est ainsi que depuis plusieurs années la ville de Rome a entrepris des travaux colossaux pour faciliter l’accueil et le parcours des quelque 32 millions de pèlerins attendus au long de l’année jubilaire.
Cette préparation n’est bien sûr pas seulement matérielle, mais aussi spirituelle. Tout au long de l’Année Sainte, en plus des pèlerinages prévus par les paroisses et diocèses du monde entier, des moments spéciaux seront prévus pour une démarche jubilaire adaptée à chacun. Les journalistes et communicants ouvriront ainsi la marche fin janvier, avec le « Jubilé du monde de la communication », célébré autour de la fête de leur patron, saint François de Sales. Suivront ensuite les forces armées, les diacres, les artistes ou encore les travailleurs, les malades, les prêtres, les séminaristes. À chaque fois, un temps pénitentiel, un passage de la Porte Sainte et une audience avec le Saint-Père seront prévus, pour que chacun vive pleinement « son » jubilé.
Jubilés locaux
Parmi ces différents évènements, deux ressortiront probablement : le Jubilé des familles, des enfants, des grands-parents et des personnes âgées, organisé fin mai-début juin et le Jubilé des jeunes, du 28 juillet au 3 août. Véritables JMJ, ce rassemblement devrait être notamment marqué par la canonisation du bienheureux Carlo Acutis, auxquels les jeunes d’aujourd’hui peuvent particulièrement s’identifier.
Contrairement au Jubilé de la miséricorde en 2016, les Portes Saintes ne se trouveront que dans les quatre basiliques (et la prison) romaines. Mais le pape François n’en a pas pour autant oublié ceux qui ne pourront faire le trajet jusqu’à Rome : dans toutes les cathédrales du monde, les évêques ouvriront l’Année Sainte par la célébration d’une messe le dimanche 29 décembre. « On veillera à ce que le Peuple de Dieu accueille avec une pleine participation tant l’annonce d’espérance de la grâce de Dieu que les signes qui en attestent l’efficacité », exhorte particulièrement le Pape, soulignant que l’indulgence plénière sera également accordée aux participants de ces jubilés locaux.
La bulle du Pape donne d’ailleurs déjà une autre occasion de se réjouir, quelques années seulement après la clôture de ce Jubilé, prévue le 6 janvier 2026 : « Cette Année Sainte guidera la marche vers un autre anniversaire fondamental pour tous les chrétiens : en 2033 seront célébrés les deux mille ans de la Rédemption accomplie par la passion, la mort et la résurrection du Seigneur Jésus ». Après 2025 donc, rendez-vous en 2033 pour une nouvelle année jubilaire !