Le Greccio de saint Antoine
La plupart de nos lecteurs connaissent certainement la première crèche vivante célébrée à Greccio par saint François d’Assise. Après avoir préparé une scène évoquant la Nativité, François, en sa qualité de diacre, laisse éclater son émotion de saint et de mystique devant le mystère du Dieu fait homme : « Parlant du Christ, écrit Thomas de Celano, il l’appelait avec beaucoup de tendresse “l’enfant de Bethléem“… et il faisait passer par sa bouche toute sa voix et tout son amour. »
Dans la vie de saint Antoine, il n’y a pas de scène de Greccio, mais ses écrits montrent que cette fête lui était familière et les sentiments qu’il exprime en commentant les évangiles de Noël, ont la même profondeur que ceux de François,
Ainsi l’expression : « Les jours furent révolus où Marie devait enfanter » évoque « la plénitude du temps », et cette invocation : « A toi, Vierge bienheureuse, la louange et la gloire, car aujourd’hui nous sommes remplis des biens de ta maison. Nous qui étions vides, nous sommes comblés ; nous qui étions malades, nous voici guéris ; nous qui étions maudits, nous sommes bénis. »
La citation : « Elle enfanta son fils premier-né », traduit son admiration pour celle qui est devenue la Mère de Dieu. « Oh plus heureuse que tous les heureux ! Quelle ne serait pas la gloire d’une pauvre femme si elle donnait un fils à un empereur mortel ! Combien plus grande est ta gloire, toi qui as donné un Fils à Dieu le Père ! »
L’annonce des anges aux bergers rappelle la garde que chacun doit avoir pour ses pensées et son cœur pour les défendre du Malin. Et la joie des bergers, celle que Marie nous a donnée en son son fils, source de toute joie…
Plus loin, le commentaire du célèbre passage d’Isaïe : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné, il a reçu le pouvoir sur ses épaules et on lui a donné ce nom : “Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père, à jamais, Prince-de-Paix” »(Is 9, 6) offre à Antoine l’occasion de présenter l’enfant comme l’exemple de la simplicité, de la spontanéité et du pardon ; et dans le commentaire moral du même passage, l’enfant devient le modèle de notre conversion…
Ces réflexions de saint Antoine donnent aussi le ton à nos célébrations de Noël. S’il est vrai que cette fête est un prétexte, malheureusement trop exploité commercialement, pour apporter la joie dans nos familles et rendre heureux nos enfants, il devient urgent, dans le climat actuel d’indifférence religieuse et de pluralisme religieux, de rappeler le sens chrétien de Noël. Jésus, Fils de Dieu fait homme, est vie et lumière pour tout homme, notre seul et unique Sauveur, à qui nous témoignons, à l’exemple d’Antoine, notre foi et notre amour.