Le doute

16 Mars 2006 | par

La Parole de Dieu
Or Thomas, l’un des Douze, appelé Didyme,
n’était pas avec eux, lorsque vint Jésus.
Les autres disciples lui dirent donc :
« Nous avons vu le Seigneur ! »
Mais il leur dit : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous,
si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous,
et si je ne mets pas ma main dans son côté,
je ne croirai pas »….
Huit jours après… Jésus vient…
puis il dit à Thomas : « Porte ton doigt ici : voici mes mains ;
avance ta main et mets-là dans mon côté,
et ne sois plus incrédule, mais croyant. »
Thomas répondit et lui dit :
« Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit : « Parce que tu me vois, tu crois.
Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru »
(Jn 20, 24-25 ; 27-29).

La Parole de saint Antoine
Thomas signifie : “abîme”, car grâce à son doute il a acquis une connaissance plus profonde et demeure ferme dans sa foi. Didyme signifie : “double”, donc hésitant.
Ce ne fut nullement par hasard mais en vertu d’une disposition divine
que Thomas fut absent et ne crut pas à ce qu’il avait entendu.
Quel dessein admirable de Dieu ! Combien fut saint le doute du disciple ! Le Seigneur miséricordieux ne voulut pas abandonner dans son doute le disciple qui doutait sincèrement, parce qu’il allait devenir un vase d’élection. Il ôta donc miséricordieusement de son esprit le brouillard du doute, comme il a ôté miséricordieusement à Saul l’aveuglement de l’infidélité.
Ainsi de même que sous la main d’Ananie, les écailles tombèrent des yeux de Saul (cf. Ac 9, 19), sous la main de Jésus Christ, les écailles du doute tombèrent des yeux de Thomas et il recouvra la vue de la foi.
Thomas répondit : Mon Seigneur et mon Dieu !… Il n’a pas osé toucher, mais il vit en regardant seulement. Il voyait et touchait l’homme, mais par delà ce qu’il voyait, après avoir éloigné le doute, il le croyait Dieu et professait ce qu’il ne voyait pas. Thomas, tu m’as vu “homme”, et tu m’as cru “Dieu”. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru . Par ces mots, Jésus loue la foi des païens ; mais il emploie le passé, car dans sa prescience, il voyait déjà accompli ce qui allait arriver…

Pour aller plus loin
Sous la plume de saint Antoine, tout enseignement est transmis à partir d’images extraites des noms de personnes, de lieux et de choses. Ainsi le doute, caractérisé par l’hésitation face à un événement ou à une idée, est-il introduit par le nom même de Thomas, surnommé Didyme, mot grec qui signifie “jumeau”, donc double, hésitant.
Mais il y a plus : contrairement à notre manière de penser, le doute n’est pas un mal, mais un bien, une chose sainte, un geste de la miséricorde de Dieu car, comme le suggère la deuxième signification du nom de Thomas, “abyme”, il permet à notre esprit d’aller au fond d’une vérité et partant d’y adhérer plus fermement. Cette merveille de la bonté de Dieu suscite l’admiration d’Antoine qui laisse échapper un hymne de reconnaissance : grâce au doute de Thomas, dit-il, notre foi aussi est devenue plus forte.
Comme Thomas, avec les yeux de notre intelligence nous pouvons “voir” le Christ homme révélé par les évangiles, et grâce à la foi nous pouvons croire à sa divinité : « Par delà ce qu’il voyait, après avoir
éloigné le doute, il le croyait Dieu et professait ce qu’il ne voyait pas. » Heureux donc ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru. Jésus, conclut saint Antoine, loue la foi de tous ceux qui auront cru grâce au témoignage des apôtres. La nôtre aussi. C’est donc à nous aussi que s’adressent les paroles de Pierre, chantées encore aujourd’hui, à l’ouverture de la liturgie du deuxième dimanche de Pâques : Comme des enfants nouveau-nés désirez le lait, raisonnablement et sans tromperie (1 P 2, 21).

 

Updated on 06 Octobre 2016