Le beau métier de communiquer
Dans ce numéro, en lien avec le 15 février, nous avons voulu aborder le sujet de la Langue de saint Antoine. Cet instrument de communication qu’Antoine a mis au service de l’Evangile d’une manière exemplaire, a eu pour conséquence, d’après le témoignage de saint Bonaventure qui la découvrit intacte, de devenir une relique «insigne» dont la conservation nous réjouit. Et nous interroge... Car, selon les paroles mêmes de saint Antoine, bien employée, la langue peut faire beaucoup de bien, mais livrée à elle-même, elle peut aussi faire énormément de mal.
Malgré les progrès de l’écriture, de l’imprimerie et de l’informatique, la langue reste le moyen indispensable pour communiquer, en famille, dans la rue, les discours, les rencontres, à l’école et dans l’Eglise. Cela entretient les relations et le vivre quotidien. Mais aujourd’hui téléphone, Minitel, fax, internet, en même temps qu’ils élargissent nos communications au niveau planétaire, ils creusent notre solitude. Les hommes peuvent se parler sans jamais se rencontrer. Tel qui croyait accroître sa clientèle par le travail à distance s’est trouvé entièrement coupé de ses racines... et de ses fournisseurs. Telle autre qui fournit son travail sans quitter sa maison n’a plus de relations avec son milieu du travail. La télévision nous livre des programmes tout faits, nous impose ses vedettes, guide nos achats, mais nous ne trouvons plus le moment de penser tout seuls et d’échanger entre nous...
Aussi, fêter la Langue de saint Antoine de Padoue ne signifie pas uniquement vénérer une relique, aussi unique et précieuse soit-elle, mais nous interroger sur l’usage que nous faisons, ou que nous ne faisons plus, de l’organe de notre langue. Elle doit nous aider à redonner à la communication la place et l’importance qui lui reviennent. Et cela aux différents niveaux qui sont à notre portée.
Sommes-nous engagés dans la presse et les moyens de communications? Nous devons vérifier nos sources, la sincérité de nos informations et la manière de communiquer.
Sommes-nous chargés d’enseigner? Nous devons former les consciences à reconnaître la trace de Dieu dans le monde et à discerner le bien du mal.
Sommes-nous à même de transmettre, comme Antoine, la foi et l’Evangile? Nous devons nous pénétrer, par l’étude et la prière, de la Bible, de la Vérité qui vient de Dieu, et nous demander, comme le voulait Antoine, si notre vie est cohérente avec ce que nous prêchons.
Savoir communiquer, parler, écrire, c’est un beau métier! Vu sous l’angle de la théologie, il imite ce qu’il y a de plus profond en Dieu, la communication entre le Père et le Fils dans l’Esprit qui est Amour. Il prolonge la mission de Jésus. parole de Dieu faite chair pour que nous puissions l’entendre de nos oreilles et la voir de nos yeux. Il réalise le commandement de Jésus de porter la Bonne Nouvelle aux pauvres jusqu’aux extrémités de la terre, il relie les hommes entre eux et les soude en un seul corps. Car communiquer, conseiller, évangéliser, c’est, d’après Antoine lui-même, aimer notre prochain et partager ce que nous avons de meilleur en nous-mêmes: nos expériences spirituelles, nos convictions, notre foi.
A l’exemple d’Antoine, lançons-nous donc, nous aussi, dans la belle mission de parler et de communiquer, pour aider nos frères et rendre le monde plus beau.