L'Avent, une lumière

La Parole de Dieu

La nuit est avancée.

Le jour arrive.

Laissons là les œuvres de ténèbres

et revêtons les armes de lumière.

Comme il sied en plein jour,

conduisons-nous avec dignité…

(Rm 13, 12-13).



La Parole de saint Antoine

La nuit est avancée. Le jour est arrivé. La nuit désigne l’aveuglement du péché ; le jour, la paix et l’illumination de la grâce.



Rejetons les œuvres de ténèbres. Isaïe dit : « En ce jour-là, l’homme jettera ses idoles d’argent et ses idoles d’or, taupes et chauves-souris »… (Is 26, 3). L’argent désigne l’éloquence ; l’or, la sagesse ; les taupes, l’avarice et les chauves-souris, la vaine gloire.

La taupe, en effet, est privée d’yeux et creuse la terre ; la chauve-souris ne voit pas durant le jour, et porte des ailes attachées aux pieds. L’homme charnel a la saveur de la terre et avec l’argent de l’éloquence et l’or de la sagesse, se fabrique les taupes de l’avarice et les chauves-souris de la vaine gloire, œuvres de ténèbres. L’avarice en effet, privée de la lumière de la sainte pauvreté, aime les choses terrestres. La vaine gloire plaît au jour des hommes mais ne voit pas le jour de Dieu. Elle tient les ailes attachées aux affections de la chair. Hélas ! Combien, de nos jours, avec l’éloquence et la sagesse que Dieu leur a accordées, se fabriquent des idoles : cherchent à s’enrichir, à être honorés, à recevoir les salutations sur la place (Mt 23, 7) !

Mais ce jour-là, lors de l’illumination de la grâce, l’homme rejettera les œuvres de ténèbres et « revêtira les armes de lumière ».

Pour aller plus loin

Ce passage commente l’épître du 1er dimanche de l’Avent et l’applique à la venue du Christ dans l’âme du chrétien. Cette venue est comparée au jour qui se lève. L’âme qui le reçoit, gratuitement et par pure bonté, est comme inondée de lumière, vit dans la lumière, et chasse tout aveuglement et toutes ténèbres.

Saint Antoine énumère alors les ténèbres qui aveuglent l’homme et le conduisent à sa perte : le don de la parole et la sagesse qui deviennent un but et non un moyen ; l’amour de l’argent et la recherche excessive de soi-même. Et pour les graver dans notre esprit, il les compare à des métaux précieux que l’on gaspille et à des animaux qui, par leur nature, évoluent dans l’obscurité et restent accrochés à la terre. La taupe creuse la terre et y prend goût : elle représente bien l’avarice, qui n’aime que l’argent, parce qu’elle ne connaît pas la valeur, la lumière de la pauvreté. La chauve-souris ne voit pas la lumière et ses ailes restent attachées aux pieds : elle est bien le symbole de ceux qui sont incapables de vivre à la lumière de Dieu et ne cherchent que le succès des hommes.

Antoine, applique cela aux responsables religieux de son temps. Mais nous sommes, nous aussi concernés, lorsque l’argent de la parole et l’or de la sagesse, reçus de Dieu, deviennent des dieux, à la place de Dieu.



Que vienne alors la lumière avec toute son armure.