L'art de la Paix
Créées en 1589, les archives diplomatiques conservent des milliers d’œuvres historiques dont pas moins de 25 000 traités. Reliures de velours ornées de broderies de fils d’argent, décors d’enluminures, boîte à sceaux ouvragées : la paix mérite de beaux costumes. Parmi les documents les plus époustouflants, cette lettre du roi de Siam à Napoléon III gravée sur une feuille d’or ! Jusqu’en 1945, chaque traité a sa signature artistique mais, après, les documents administratifs perdent leurs beaux atours.
Un voyage dans l’histoire
Si elle est rêvée, la paix perpétuelle est utopique d’où la nécessité de renouveler sans cesse le dialogue, l’art des diplomates. La première partie de l’exposition intitulée « La paix des princes, une affaire de famille » montre comment les familles régnantes de l’Ancien régime cherchaient à la maintenir par des alliances souvent matrimoniales. Des pièces d’archives exceptionnelles, comme le traité d’Arras signé en 1435 par Charles VII et Philippe le Bon, sont accompagnées de tableaux comme celui de Sebastiano Ricci commémorant la réconciliation de François Ier et de Charles Quint sous l’impulsion du pape Paul III.
La section suivante rassemble de nombreux artistes comme Simon Vouet ou Cesare Procaccini qui ont représenté la paix sous forme allégorique. Fille de Zeus et de Thémis, la divinité est aisément identifiable à une série d’attributs : un rameau d’olivier, une torche mettant le feu à des trophées militaires, une corne d’abondance et des épis de blé, ou, sur un mode plus anecdotique, les colombes de Vénus installant leur nid dans le casque de Mars, dieu de la guerre… D’autres ont illustré des évènements historiques particuliers, comme la paix de Ryswick (1697) peinte par François Marot ou le traité de Rastadt (1714) mis en scène par Paolo de Matteis.
La chambre des trésors
Une salle consacrée aux trésors des archives diplomatiques dévoile des correspondances échangées entre monarques et/ou chefs d’État, des lettres de créance des ambassadeurs étrangers ainsi que des traités conclus par la France et leurs instruments de ratification. Rédigés selon des règles protocolaires, les actes diplomatiques sont de véritables objets d’art comme en témoignent leurs calligraphies, leurs enluminures et leurs sceaux.
Puis on entre dans l’histoire contemporaine. Depuis le Congrès de Vienne (1815), la succession des grands traités témoigne de la volonté des peuples de poser les bases d’une paix durable. En réaction aux guerres européennes et mondiales, des rassemblements pacifistes manifestent l’émergence de l’opinion publique. Ils sont relayés par des artistes tels que Lamartine, Hugo, Daumier, Steinlen ou Picasso qui dénoncent les exactions et s’engagent pour la paix. La Société des Nations, créée en 1920, cherche à instaurer un ordre pacifique universel, puis l’Organisation des nations unies fondée en 1945, cherche à réguler les relations internationales.
La dernière salle rassemble des œuvres des XIXe et XXe siècles signées Daumier, Picasso, Monet et montre que, malgré tout, la menace perdure sous d’autres formes tout aussi voire plus inquiétantes : nucléaire, questions climatiques, gouvernance mondiale... n
AUTRES EXPOSITIONS
Rembrandt intime
À travers une cinquantaine d’œuvres dont le magnifique
Repas des pèlerins d’Emmaüs conservé au musée, l’exposition évoque les moments-clefs de la carrière, de l’évolution stylistique et du processus créatif de Rembrandt étroitement lié aux drames personnels qui jalonnèrent toute sa vie.
Ce face-à-face avec le géniedu maître hollandais est le résultat de cinq ans de travail par les deux commissaires de l’exposition.
Musée Jacquemart-André, jusqu’au 23 janvier
158 boulevard Haussmann
75008 Paris
Tél. : +33 (0)1 45 62 11 59
Le Rêve
Le monde fascinant des songes est au cœur de cette exposition. Le rêve, phénomène mystérieux considéré dès l’Antiquité comme un présage, va au XIXe siècle inspirer bon nombre d’artistes notamment les symbolistes comme Odilon Redon. Au début du XXe siècle, les travaux de Freud sur l’interprétation des rêves les donnent comme la voie privilégiée de l’accès à l’inconscient. Les surréalistes comme Magritte, Man ray ou Buñuel partent alors en quête de leur imaginaire.
Musée Cantini, jusqu’au 22 janvier
19 rue Grignan
13006 Marseille
Tél. : +33 (0)4 91 54 77 75