L’Année de la Miséricorde : à plein régime !
Ce 8 décembre, le pape François ouvre une Année sainte de la Miséricorde, qui se clôturera le 20 novembre 2016. Une année dont la devise est « Miséricordieux comme le Père » et pendant laquelle les hommes sont invités à vivre un « temps extraordinaire de grâce ». Vers la paix et le bonheur. Bonne Année avec un cœur joyeux !
Voici le maître-mot du pape François : la miséricorde ! Étymologiquement, cette vertu montre un cœur ouvert qui a pitié de la misère d’autrui et la soulage. Tout en lui laisse transparaître l’esprit de miséricorde, à commencer par sa devise tirée des homélies de saint Bède le Vénérable : Miserando atque eligendo (i.e. avec miséricorde il le choisit). Puis le thème des prochaines Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) : « Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde ». Ces JMJ auront lieu à Cracovie, cet été, dans le pays de saint Jean-Paul II et sainte Faustine Kowalska, apôtres de la miséricorde. Le fil directeur, l’horizon du pontificat se détache. « Un peu de miséricorde rend le monde moins froid et plus juste », confie François lors de son premier angélus, en mars 2013. Ainsi, le Pape souhaite que cette Année soit « un véritable moment de rencontre avec la miséricorde de Dieu ». Il espère aussi que ce jubilé, cette année privilégiée et sainte, donne aux hommes de « toucher du doigt sa tendresse » afin que leur foi « se renforce » et que leurs cœurs se convertissent. Le pontife argentin se situe dans la droite ligne de saint Jean-Paul II qui estimait que, « dans la miséricorde de Dieu », le monde trouverait la paix et l’homme le bonheur. Voilà où le Saint-Père veut nous mener cette année !
Historiquement, les années saintes se célébraient tous les 50 ans. La dernière remonte à l’an 2000. Quinze ans plus tard seulement, ce 8 décembre, comme pour montrer l’urgence de la miséricorde, le Pape ouvrira la Porte sainte de la basilique Saint-Pierre. Le 13 décembre, sera ouverte celle de Saint-Jean-de-Latran, puis celle des cathédrales du monde entier.
Porte sainte
Elle est un signe fort du Jubilé. La Porte sainte de Saint-Pierre sera pour l’occasion une « porte de la miséricorde, où quiconque entrera pourra faire l’expérience de l’amour de Dieu qui console, pardonne et donne l’espérance ». Tous les diocèses du monde auront une Porte sainte : à Paris, sept églises jubilaires en auront une. Le signe de la porte évoque le passage que tout chrétien est appelé à effectuer du péché à la grâce. Jésus a dit « Moi, je suis la porte » (Jean 10, 7). Franchir la Porte sainte signifie professer que Jésus Christ est le Seigneur en raffermissant notre foi en lui. Pour ce passage, nous sommes appelés à une démarche de pèlerinage, chacun « selon ses forces ».
Pèlerinage
Le pèlerinage est un signe particulier de l’Année sainte. Il est l’image du chemin que chacun parcourt au long de son existence. Il est le signe que la miséricorde est « un but à atteindre, qui demande engagement et sacrifice. » En passant la Porte sainte, engageons-nous à « être miséricordieux avec les autres comme le Père l’est avec nous ».
Même si le jubilé sera célébré et vécu d’abord dans chaque Église particulière du monde, de nombreux pèlerins iront à Rome pour passer la Porte sainte de la basilique Saint-Pierre. Un parcours piétonnier, du château Saint-Ange à la place Saint-Pierre, sera d’ailleurs réservé pour les pèlerins. En outre, ce temps de grâce du jubilé sera naturellement caractérisé par la possibilité d’obtenir l’indulgence plénière, soit une remise totale des peines dues aux péchés, en vivant le sacrement de la réconciliation et de l’eucharistie ainsi qu’en priant pour le Pape et pour ses intentions. Aux yeux de Benoît XVI, « la miséricorde ne change pas l’aspect du péché, mais le brûle d’un feu d’amour ». Et François d’ajouter, dans la bulle d’indiction Misericordiae Vultus : « Le pardon est le moyen déposé dans nos mains fragiles pour atteindre la paix du cœur ». Ainsi, si la confiance indique l’attitude de l’homme envers Dieu, la miséricorde définit l’attitude que nous devons adopter envers le prochain.
Œuvres de miséricorde
Un cœur miséricordieux est un cœur doux, sensible et patient envers les plus nécessiteux. Pour sainte Faustine, la miséricorde est une attitude de gratuité, de générosité et de pardon qui contient l’idée d’un amour concret, fidèle et gratuit. Le Pape nous appelle alors à redécouvrir les œuvres de miséricorde corporelle et spirituelle et à les « mettre en pratique chaque mois » ! Il nous en donne des exemples concrets : nourrir les affamés, accueillir l’étranger, assister les malades, visiter les prisonniers, etc. Les œuvres spirituelles sont, quant à elles, le fait d’enseigner ceux qui sont dans l’ignorance, consoler les affligés, pardonner les offenses, se supporter les uns les autres avec patience ou encore prier pour les vivants et pour les morts.
Trois moyens s’offrent ainsi à nous pour témoigner et propager la miséricorde : l’action, la parole et la prière. De la parole découlent la consolation et le pardon.
Initiatives
À Rome, pas moins de 24 grands événements ponctueront cette année jubilaire. Le Pape donnera à tous les prêtres « la faculté d’absoudre du péché d’avortement tous ceux qui l’ont provoqué et qui, le cœur repenti, en demandent pardon ». Par ailleurs, fleuriront des missionnaires de la miséricorde, prêtres qui recevront mandat du Saint-Père de remettre les péchés et de lever les censures réservées habituellement au Siège apostolique. Toute cette année, des milliers d’initiatives seront lancées dans le monde. En Belgique, par exemple, l’Église de Bruxelles invite tous les jeunes de 11 à 35 ans à découvrir, à travers de multiples rencontres et événements, que la miséricorde n’est pas un mot « vieillot » ! Gardons dans le cœur qu’elle est « source de joie, de sérénité et de paix » et que « Dieu ne se fatigue jamais de nous pardonner » ni de nous « tendre la main », comme le répète le pape François. Une année nous est offerte pour le redécouvrir !
« L’Église a pour mission d’annoncer la miséricorde de Dieu, cœur battant de l’Évangile, qu’elle doit faire parvenir au cœur et à l’esprit de tous. L’Épouse du Christ adopte l’attitude du Fils de Dieu qui va à la rencontre de tous, sans exclure personne.
De nos jours où l’Église est engagée dans la nouvelle évangélisation, le thème de la miséricorde doit être proposé avec un enthousiasme nouveau et à travers une pastorale renouvelée.
Il est déterminant pour l’Église et pour la crédibilité de son annonce de vivre et de témoigner elle-même de la miséricorde.
Son langage et ses gestes doivent transmettre la miséricorde pour pénétrer le cœur des personnes et les inciter à retrouver le chemin du retour au Père. (…)
Dans nos paroisses, les communautés, les associations et les mouvements, en bref, là où il y a des chrétiens, quiconque doit pouvoir trouver une oasis de miséricorde. »
Misericordiae Vultus, n°12 Bulle d’indiction du pape François