L'amour de la vérité
Dans ses messages à la jeunesse, BenoÎt XVI, comme avant lui Jean-Paul II, ne cesse d’appeler à fonder sa vie sur la vérité. La tradition biblique et ecclésiale en fait la condition pour mener une vie libre et heureuse. Pour nous, parents et éducateurs, l’enjeu a donc une grande importance au quotidien.
Décommander plus facilement tel rendez-vous, ne pas perdre la face devant telle personne… Nombreuses sont les occasions, souvent bénignes à première vue, de travestir la réalité. Prendre conscience, pourtant, de ce qu’est la vérité nous permet d’aller au-delà d’un moralisme aveugle pour lui porter un sain(t) attachement.
Aimer la vérité pour être heureux
Aujourd’hui la question de la vérité fait florès : on ne compte plus les titres de presse racoleurs comprenant l’adjectif “vrai” ou “véritable”, et deux séries télévisées – Mentalist et Lie to me – présentent un héros spécialiste de la détection du mensonge. Dans ces cas de figure, la vérité est entendue comme un bien dont on serait privé, et son rétablissement comme la réparation d’une injustice, voire l’objet d’une revendication… Vision bien superficielle et bizarre paradoxe dans une société par ailleurs si empreinte de relativisme.
Il ne faudrait pas oublier en effet que ce sont nos propres manquements à la vérité qui nous sont d’abord préjudiciables. Le menteur ne peut être heureux : comment connaître la joie d’être soi-même lorsque l’on a usurpé l’image que les autres ont de soi par la tricherie ou par l’orgueil ? Si Jésus lui-même qualifie les pharisiens de « malheureux » (Mt 23 et Lc 11) c’est qu’ils sont hypocrites, autrement dit menteurs en actes. À l’inverse, être attaché à la vérité, c’est trouver une colonne vertébrale, un tuteur pour toute sa vie. Dans son discours d’accueil aux JMJ de Sydney datant du 17 juillet 2008, Benoît XVI déclarait : « La vie n’est pas une simple succession de faits et d’expériences, même si de tels événements peuvent être utiles. Elle est une recherche de ce qui est vrai, bien, beau ».
La vérité conduit vers Dieu
Mais allons plus loin : le Christ n’affirmait-il pas être lui-même la Vérité (Jn 14, 6) ? Ainsi, rechercher la vérité en hommes et femmes de bonne volonté peut nous tourner vers Dieu.
L’expérience d’Edith Stein, que la quête philosophique a menée à la foi catholique jusqu’à la sainteté, est à ce titre exemplaire. Donner à nos enfants et adolescents le goût de la vérité, c’est donc les disposer à accueillir la foi – moyennant bien sûr leur propre liberté et le mystère du don.
« Dieu est la vérité », affirmait la sainte carmélite dans une lettre datée du 23 mars 1938. « Qui cherche la vérité, cherche Dieu, qu’il en soit conscient ou non ». Ainsi à chaque fois que nous parlons ou agissons de manière conforme à la réalité, nous découvrons un peu plus cette « Splendeur de la vérité », qu’évoquait Jean-Paul II dans le titre de son encyclique. Vivre et témoigner de la vérité, c’est alors une forme d’action de grâce, et une manière de dire “Amen”, “Oui, cela est vrai” à ce que nous percevons du mystère de Dieu dans nos vies.