L'ami
LA PAROLE DE DIEU
Jésus leur dit : « Si l’un de vous, ayant un ami, s’en va le trouver au milieu de la nuit, pour lui dire : “Mon ami, prête-moi trois pains, parce qu’un de mes amis m’est arrivé de voyage et je n’ai rien à lui servir”, et que de l’intérieur l’autre réponde : “Ne me cause pas de tracas ; maintenant la porte est fermée, et mes enfants et moi sommes au lit ; je ne puis me lever pour t’en donner” ; je vous le dis, même s’il ne se lève pas pour les lui donner en qualité d’ami, il se lèvera du moins à cause de son impudence et lui donnera tout ce dont il a besoin » (Lc 11, 5-8).
LA PAROLE DE SAINT ANTOINE
Notre vrai ami est Jésus Christ : il nous a tellement aimés qu’il a livré sa vie pour nous » (cf. Ga 2, 20). Quel fidèle ami que celui qui, te voyant à l’article de la mort, s’offrirait soi-même pour toi et prendrait sur lui de son plein gré, ta maladie et ta mort !
Dans la nuit de la tribulation et de la tentation, tu dois aller vers le Christ ton ami et lui dire : Mon ami, prête-moi trois pains. Les trois pains symbolisent la triple grâce de la componction : la première consiste à se souvenir de sa propre fragilité ; la deuxième, à réfléchir sur la condition d’exil de cette vie ; la troisième, dans la contemplation du Créateur. Manques-tu du pain de la componction ? Demande à l’Ami de te le prêter.
L’ami qui vient de voyage, c’est notre âme qui, chaque fois qu’elle cherche les joies de ce monde, s’éloigne de nous ; elle revient, lorsqu’elle médite les réalités spirituelles et désire se restaurer de la nourriture céleste. Mais nous n’avons rien à lui servir, si ce n’est la joie de la Trinité, symbolisée dans les trois pains. Lorsque l’âme commence à la connaître, elle la médite intensément et désire ardemment parvenir jusqu’à elle.
POUR ALLER PLUS LOIN
Que d’yeux se rencontrent, le temps d’une journée. Au réveil, ce sont les yeux de la personne aimée. Les jours de fête, ce sont les yeux joyeux et émerveillés d’un enfant.
Il y a les yeux anxieux de l’ouvrier qui, le matin, se rend à son lieu de travail. Il y a les yeux clairs et lumineux de notre propre mère, gros des souvenirs d’un temps qui n’est plus là. Il y a les yeux tristes du jeune chômeur qui ne sait comment finira cette journée. Il y a “les yeux pleins de bonté” de l’ami, capables de deviner ce qui se passe au fond de ton âme et de découvrir en toi le visage d’un frère.
Ce sont eux “les phares lumineux” qui éclairent l’obscurité de notre nuit et nous donnent des ailes pour reprendre notre chemin. Ce sont eux le pain nourrissant et parfumé qui aide à surmonter l’épreuve du désespoir. Ce sont les “yeux du cœur” du Christ, notre frère et ami, qui attend que nous frappions à sa porte pour obtenir le don des “trois pains”: le pain de la proximité et du partage ; le pain de la nostalgie d’une vie plus complète et plus radieuse que celle que nous vivons ; le pain de la contemplation des merveilles que le Créateur continue d’opérer dans notre “petit village humain”, que, – malgré tout – nous ne sommes pas encore parvenus à détruire.
Nous sommes des pauvres, dit saint Antoine, mendiant le salut, la vie et la joie ! Frappons alors à la bonne adresse ; à la porte du maître !