Laïcs, toujours plus formés !

Se former. Mûrir. Récolter. Ces verbes nous transportent aisément dans un jardin. Pourtant, ce champ lexical semble tout à fait correspondre à celui de l’homme qui cherche continuellement à se former, à grandir, à partager. Pour saint Jean-Paul II, la formation chrétienne est un « processus personnel continuel de maturation dans la foi et de ressemblance au Christ ». Elle est donc naturelle et indispensable à toute vie. Le fidèle laïc, immergé dans le cœur de la société et confronté à elle, témoigne naturellement de l’Église autour de lui, mais il prend alors conscience de l’importance de se former, en permanence, et de ne pas rester seul. Se former avec d’autres, c’est être capable d’affronter de manière efficace les tâches quotidiennes dans les domaines sociaux, culturels, économiques et politiques. Travailler l’Écriture Sainte permet de percevoir le dessein bienveillant de Dieu sur l’homme et de pouvoir témoigner de sa foi. Se former permet d’approfondir les enjeux de notre monde actuel comme le respect de la vie, la place de l’homme dans la Création, le pardon, la mort, etc. et cela peut prendre du temps !

En heures ou années

De très nombreuses formations, pour tous les goûts, âges et souhaits, permettent de structurer sa foi, l’enraciner dans la Parole de Dieu et dans la mission de l’Église. Osons en citer quelques-unes. Le parcours Alpha, pour des personnes éloignées de l’Église, est une introduction aux bases de la foi en dix soirées. EVEN, École du Verbe Éternel et Nouveau, est une formation en trois ou quatre ans destinée aux étudiants dans toute la France. Le parcours Zachée étudie la doctrine sociale de l’Église et donne une cohérence entre la foi et la vie quotidienne. Ce parcours est lui aussi présent dans de nombreuses villes françaises, dans le canton de Genève et en Belgique. La doctrine sociale est un point de référence indispensable pour une formation chrétienne complète et doit ainsi être « à la base d’une œuvre intense et constante de formation », précise le Compendium de la doctrine sociale de l’Église. Mentionnons également les cours donnés dans des centres de formation comme le Collège des Bernardins à Paris, l’Institut jésuite d’études théologiques à Bruxelles ou encore l’Institut européen d’études anthropologiques (Philanthropos, en Suisse). Tant de formations sont proposées pour rejoindre les personnes là où elles en sont. Se former peut aller de quelques heures à plusieurs années ! Même si l’Église appelle certains laïcs à collaborer de manière plus étroite aux propositions de paroisses, mouvements, communautés et à prendre des responsabilités, chaque chrétien a une place à jouer dans la vie de l’Église et dans son rayonnement.

Une rencontre

La formation chrétienne « trouve sa racine et sa force en Dieu », peut-on lire dans l’exhortation apostolique Christifideles laici de Jean-Paul II.

Ainsi, les paroles des pèlerins d’Emmaüs : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » (Lc 24, 32) peuvent aussi devenir les nôtres lors d’un enseignement, d’une formation qui nourrit notre cœur, lui procure de la joie et donne des ailes pour marcher à la rencontre de notre prochain. Pour avancer, rencontrer l’autre sur son chemin, il nous faut nous aussi nous mettre en route et écouter le Seigneur nous expliquer les Écritures. Se former, c’est devenir capable de « rendre compte de l’Espérance qui est en nous » (épître de saint Pierre). Vertu reçue de l’Église.

Église et famille

« L’œuvre éducative est avant tout le fait de l’Église universelle », nous rappelle Jean-Paul II avant de glisser que le pape est « le premier formateur des fidèles laïcs ». Le successeur de Pierre confirme ses frères dans la foi, enseigne les éléments essentiels de la mission des chrétiens, par les paroles qu’il prononce, mais aussi par les documents qu’il rédige et ceux qui sont transmis par les différents dicastères. À l’intérieur de l’Église, la paroisse a elle aussi un rôle essentiel dans la formation des fidèles : ils y apprennent à écouter la Parole de Dieu, à vivre la charité fraternelle. La famille est quant à elle le lieu privilégié et naturel pour la formation de la foi et la transmission des valeurs humaines et religieuses.

Donner

La formation spirituelle doit occuper une place privilégiée dans la vie car « chacun est appelé à grandir sans cesse dans l’intimité avec Jésus Christ, dans la conformité à la volonté du Père, dans le dévouement à ses frères dans la charité et dans la justice » (Christifideles laici). Être formé permet de partager généreusement le trésor de doctrine, de culture et d’œuvres qui composent la tradition catholique. En outre, chacun est « le terme et le principe de la formation : mieux nous nous formons, plus nous nous rendons capables de former les autres », confie Jean-Paul II. Ainsi, la formation n’est pas le privilège de certains : le Collège des Bernardins a lancé cette année son premier MOOC (Massive Open Online Courses), un cours gratuit sur Internet, accessible à tous, qui s’étend sur deux mois. Face au succès de la première édition, d’autres sont déjà prévues. En plein cœur d’un monde sécularisé, le chrétien doit savoir former son intelligence, à la lumière de la foi, pour pouvoir agir de manière efficace dans tous les domaines de la société et être témoin du Christ. À Rome, on suit « avec une profonde attention pastorale la formation » des laïcs. C’est une priorité pour l’Église. Sachons la saisir pour pouvoir la redonner. 

La formation des fidèles laïcs a comme objectif fondamental la découverte toujours plus claire de leur vocation personnelle et la disponibilité toujours plus grande à vivre dans l’accomplissement de leur propre mission.
Dieu m’appelle et Il m’envoie comme ouvrier à sa vigne ; Il m’appelle et Il m’envoie travailler à l’avènement de son Règne dans l’histoire : cette vocation et cette mission personnelles définissent la dignité et la responsabilité de chaque fidèle laïc, et elles constituent la ligne de force de toute l’œuvre de formation. Celle-ci a pour but d’aider à reconnaître avec joie et gratitude cette dignité et à faire face fidèlement et généreusement à cette responsabilité.

Christifideles laici,
Exhortation apostolique de Jean-Paul II sur la vocation et la mission des laïcs dans l’Église et dans le monde, 1988