L'Agneau sans faute, doux et juste
Le livre des Sermons de saint Antoine couvre le cycle complet des dimanches de l’année liturgique. Ce cycle, selon l’ancien calendrier, commence par le dimanche de la septuagésime (70 jours avant Pâques) et se termine par le 3e dimanche après l’Épiphanie, qui correspond, cette année, au 3e dimanche du temps ordinaire (26 janvier). Le changement des calendriers comporte une distribution différente des évangiles. Alors qu’Antoine commente successivement : les noces de Cana (Jn 2, 1-11), les guérisons d’un lépreux et de l’enfant d’un centurion romain (Mt 8, 1-4 et 5-13) et la tempête apaisée (Mt 8, 23-27), nous proclamons : l’Agneau de Dieu (Jn 1, 29-34), l’appel des quatre premiers disciples, Simon, André, Jacques et Jean (Mt 4, 13-13) et les béatitudes (Mt 5, 1-12).
Or, l’évangile du premier dimanche ordinaire, avec la révélation surprenante de l’identité de Jésus, « Agneau de Dieu », a retenu l’attention de saint Antoine qui en fait une des images les plus émouvantes de son enseignement.
Jésus est l’Agneau qu’Isaïe avait présenté sous le trait d’un « serviteur » qui parle de Dieu avec sincérité et sans faiblesse, que Dieu lui-même désigne comme « lumière des nations ». Il guérit les aveugles et libère les prisonniers (Is 42, 6-7), a tendu le dos à ceux qui le frappaient (50, 6), s’est laissé mener, agneau innocent, à la boucherie, a été frappé pour nos crimes et, écrasé par la souffrance, s’est livré lui-même à la mort (53). Ces accents, interprétés par la tradition juive comme l’annonce du Messie libérateur, avaient résonné dans le cœur et la mémoire de Jean-Baptiste qui, sous l’inspiration de l’Esprit Saint, à la vue de Jésus proclame « sans douter un instant » : « Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu » (Jn 1, 36), l’Agneau sans faute, doux et juste.