La veuve pauvre a donné tout ce qu’elle avait pour vivre (Mc 12, 41-44)
L’évangile de Marc rappelle comment Jésus éduque concrètement ses disciples en s’asseyant, comme maître et juge, en face de la salle du trésor du Temple, où étaient placées treize petites caisses dans lesquelles les fidèles déposaient leur offrande pour le culte du Temple et pour les pauvres. Il les invite à observer l’attitude d’une femme, la dernière personne qui apparaît dans cet évangile avant le récit de la Passion. C’est une veuve, dit saint Antoine, privée de toute aide humaine ; elle a peut-être honte. Elle n’a que deux petites monnaies de cuivre. Les deux forment ensemble un quadrant, la plus petite monnaie romaine. Elle n’en garde pas une pour soi et une pour le Seigneur. Non ! Elle donne tout ce qu’elle a pour vivre. Avant elle, de nombreux ont donné beaucoup et peut-être les disciples étaient-ils émerveillés par tant de générosité. Ils doivent pourtant changer d’avis en écoutant les paroles de Jésus. Les riches donnent du superflu, la veuve, le nécessaire. Jésus ne regarde pas la quantité, mais la qualité. Donner du superflu, c’est garantir sa propre vie, ne pas risquer, ne pas entrer en relation. C’est donner au travail la meilleure part, le reste – ce qui est en plus –, à la famille, aux enfants.
Si Dieu me touche sur mon nécessaire, je suis en relation avec lui. Jésus ne donne pas le superflu, il nous donne tout lui-même. Il entre dans une relation intime avec nous et avec le Père. Les scribes, dans leurs splendides vestes, se font voir eux-mêmes, la veuve, elle, est vue par Dieu. Les scribes sont esclaves de leur image. Pour eux, l’important est d’être estimés et, écrit saint Antoine, ils se glorifient de l’apparence de leur pureté extérieure. Ils ont recours à l’Écriture sainte pour de choses de peu de valeur. La pauvre femme, au contraire, se joue de l’existence ; elle risque avec Dieu, elle croit en sa providence. Elle a laissé de l’espace à Dieu qui, provoque parfois des situations limites, afin que nous puissions reconnaître sa bonté. Comme au temps d’Antoine et de François, le monde d’aujourd’hui reste émerveillé par un vrai chrétien qui a rencontré Jésus en risquant sa vie pour lui, comme la veuve pauvre.