La soif de vivre les JMJ
Avec la crise du Covid, cela faisait 7 ans que les JMJ n’avaient pas eu lieu en Europe ! Pour cet évènement dans la capitale portugaise, 190 pays sont inscrits, et plus de 30 000 Français y participeront aux côtés de 10 000 volontaires et 70 évêques de l’Hexagone. Les jeunes venus de toute la Planète se rencontreront sur le thème « Marie se leva et partit en hâte » (Luc 1, 39). Ce thème des JMJ s’inspire de la Visitation (la visite de Marie à sa cousine Élisabeth). Ainsi, à la suite de Marie et Élisabeth, les jeunes seront également guidés par les treize saints à qui sont confiés ces JMJ, dont les bienheureux Marcel Callo ou Pier Giorgio Frassati. « La taille de cet évènement est un élément très marquant : célébrer l’Eucharistie ou vivre une adoration à plusieurs millions est une expérience unique », confie le père Cyrille Janssen, délégué diocésain des JMJ à Paris.
L'universalité de l’Église
À en croire les témoignages des jeunes, les JMJ sont un moment mémorable de leur chemin de foi. « Cette expérience de prière et de rencontre avec des chrétiens du monde entier m’a permis de vivre une véritable immersion ecclésiale et a vraiment fortifié mon désir de servir le Christ dans son Église », témoigne Sœur Louise, avant de poursuivre : « Quelques années après, mes études terminées, je suis rentrée au couvent ». Cette jeune religieuse a vécu les JMJ de Sydney en 2008 à un « moment clé » de sa vie car « en plein discernement d’un appel reçu quelques mois auparavant ». Le père Janssen affirme quant à lui que les JMJ sont une « occasion forte pour enraciner sa foi, faire l’expérience de l’universalité de l’Église, se décider pour une vocation, nouer des belles amitiés ». Ainsi la rencontre avec le Pape et la découverte d’une autre culture sont deux grandes raisons qui entraînent les jeunes dans ce rassemblement. « Les jeunes de nos pays occidentaux sont souvent isolés, en petit nombre dans leurs aumôneries ou leurs paroisses. Ils ont un grand besoin de découvrir la beauté de l’Église et d’être confortés dans la foi, par la rencontre avec des jeunes du monde entier », assure le père Éric Jacquinet, ancien responsable de la section jeunes au sein du Conseil Pontifical pour les Laïcs (de 2008 à 2013).
Confortés dans la foi
En découvrant la force de la foi et la joie d’être chrétiens, les JMJ s’avèrent être une expérience fondatrice pour un jeune. Aux yeux du père Jacquinet, « C’est particulièrement marquant pour les plus jeunes, de 16 à 20 ans. Mais c’est vrai pour les plus âgés aussi ». La nouvelle génération catholique partage avec les autres générations « une soif de vivre des évènements qui lui permettent d’enraciner sa foi et de faire l’expérience du Christ vivant », confirme le père Janssen, pour qui « le Frat (rassemblement bisannuel pour les lycéens d’Île-de-France, ndlr) de Lourdes en avril dernier montre bien que les attentes demeurent ». Si les JMJ se sont considérablement enrichies depuis les premières éditions, le souffle reste le même.
L’initiative de Jean-Paul II
Jean-Paul II a institué les JMJ en 1985. Si elles sont célébrées chaque année dans les diocèses le dimanche de la fête du Christ Roi (cela a longtemps été le dimanche des Rameaux), ces JMJ prennent la forme d’un rassemblement international tous les 2 à 3 ans, avec le pontife. En 1984, Jean-Paul II avait invité les jeunes à Rome et 300 000 s’y étaient rendus. La réponse fut donc massive ! L’ONU déclara en 1985 une année internationale de la jeunesse et 450 000 catholiques se rassemblèrent sur le thème : « Soyez toujours prêts à rendre compte de votre espérance ». Le succès de ces deux grands rassemblements encouragea Jean-Paul II à créer officiellement les JMJ. En initiant les JMJ, rappelle le père Jacquinet, « Jean-Paul II avait la conviction que ce serait un temps d’expérience de la présence du Christ, dans son mystère pascal. C’est pourquoi les JMJ sont organisées un peu comme un Triduum Pascal, avec la messe d’ouverture, comme le Jeudi saint, le chemin de croix le vendredi, la grande veillée du samedi et la messe du dimanche. Autour de ce noyau central, il y a des temps de catéchèse, des temps d’activités artistiques, des temps d’échange. À travers tout cela, c’est une rencontre avec le Christ au cœur de l’Église universelle que font les jeunes », dans un climat fraternel et festif. Cet été, comme lors de toutes ces rencontres, les pèlerins seront d’abord accueillis dans des familles des diocèses portugais puis ils convergeront vers Lisbonne pour une semaine d’évènements qui culmine par la messe de clôture présidée par le Pape, le 6 août.
L’avenir des JMJ
Les JMJ sont le plus grand évènement mondial destiné à la jeunesse, cependant, plusieurs questions se posent pour l’avenir de ces rassemblements. « Comment impliquer davantage les pays d’Afrique ? s’interroge le père Jacquinet. Ce continent, où l’Église est si dynamique, pourra-t-il un jour accueillir les JMJ, malgré toutes les difficultés d’infrastructures ? Et, à l’heure de la crise écologique, peut-on continuer à organiser des voyages intercontinentaux importants ou faut-il privilégier des rassemblements par continents ? ».
Le premier continent à être évangélisé fut l’Europe et c’est de là que sont partis les missionnaires pour évangéliser le monde. Ce prêtre bordelais pense que Jean-Paul II était convaincu que les JMJ pouvaient jouer « un rôle de réveil en Europe ». Debout et avec leurs défis, les jeunes, « espérance de l’Église » aux yeux de Jean-Paul II, sont là.