La rencontre des religions
Un mot pourrait résumer ce numéro d’avril qui fait suite aux fêtes de Pâques: résurrection. Résurrection pour l’Eglise qui est dans nos pays et qui, bien qu’affrontée à l’indifférence et à l’incroyance, demeure pour beaucoup de nos contemporains un phare qui indique la route de l’Evangile qui sauve. L’Eglise qui, malgré la pauvreté de ses moyens, voit surgir constamment en elle des hommes et des femmes qui demandent le baptême ou qui témoignent de leur foi au risque de leur vie.
Résurrection pour ces enfants dont les parents sont en prison et dont des associations de bénévoles essaient d’atténuer la souffrance et la solitude. Je voudrais rappeler à ce propos quelques constats que l’auteur du reportage auquel nous empruntons nos images a mis en tête de ses légendes: «Les enfants peuvent être laissés auprès de leur mère en détention jusqu’à l’âge de 18 mois. Mais 90% de ces enfants quittent la prison bien avant cet âge... En France, chaque année, 40 à 50 nourrissons grandissent dans ces conditions. Seules quelques prisons et maisons d’arrêt sont équipées pour recevoir ces enfants.» Il nous faut donc penser à ces enfants et à ceux qui les prennent en charge.
Résurrection aussi pour les chômeurs qui multiplient les initiatives pour survivre, eux et leur famille. Résurrection pour le Cambodge, pays martyr.
La place que nous consacrons aux temples d’Angkor (p. 30-33) n’est pas seulement un hommage rendu à l’art et à l’histoire. Il se veut, comme l’exposition tout entière, un geste d’amitié envers le peuple cambodgien qui veut retrouver dans les richesses de son passé la force de renaître de ses ruines, de revivre après ses malheurs. C’est une manière, pour notre Messager, de se montrer solidaire des Cambodgiens, ceux qui sont là-bas et ceux que nous croisons dans nos rues et sur nos routes.
Les temples d’Angkor nous mettent en contact avec une culture et des religions, hindouisme et bouddhisme en particulier, qui ne sont pas les nôtres, mais dont nous entendons souvent parler chez nous. Le bouddhisme surtout, que d’aucuns embrassent comme une voie de salut, peut-être déçus ou insatisfaits de la foi de leurs parents. L’exposition d’Angkor devient alors un lieu qui nous interroge sur notre foi en Jésus-Christ et en sa Résurrection. Peut-on mettre sur le même plan Jésus et Bouddha? Est-il indifférent de croire à la résurrection et à la réincarnation véhiculée par le bouddhisme? Bouddhisme et christianisme annoncent-ils le même salut?
Le chrétien doit certainement être accueillant envers tous les croyants, car tous, lorsqu’ils sont sincères, portent en eux une part de vérité. Mais accueillir et respecter les croyances ne signifie pas les adopter. Ainsi, les divinités de l’hindouisme qui symbolisent les forces et les énergies du monde ne sont pas à confondre avec le Dieu personnel et aimant de la Bible. Bouddha, homme sage qui apprend à maîtriser la souffrance, n’est pas le Fils de Dieu venu nous révéler le sens de la vie et notre destinée auprès de Dieu. Ressusciter à la vie nouvelle déjà réalisée en Jésus-Christ ne signifie pas reprendre vie dans d’autres êtres pour réparer les traces de nos actions passées...
Rencontrer les autres cultures et la religion des autres devient alors, non pas un prétexte pour douter de notre foi, mais un stimulant pour en découvrir le vrai sens et pour en témoigner, comme les Apôtres, jusqu’au don de nos vies.