La religion du caddie
A l’aumônerie, un échange a lieu entre des copains habitués de ce lieu ouvert à tous : Yannick annonce qu’il va faire le camp de Lourdes cet été avec d’autres jeunes.
« A Lourdes ! T’es si chrétien, toi ? C’est toi qui as choisi de faire ce camp ? demande Damien très surpris.
– Bien sûr ! Tu ne penses tout de même pas que mes parents me forceraient à aller à Lourdes, faire un camp ! Je suis né dans une famille catho, qui m’a fait baptiser, m’a inscrit au caté, etc... Un jour, j’ai décidé, à ma confirmation, de continuer et là j’ai choisi d’être chrétien. »
Les copains sont stupéfaits d’une telle profession de foi. Puis Loïc prend la parole : « Moi je n’ai pas choisi, s’exclame-t-il ! D’ailleurs, je ne pratique pas et je n’en ai pas besoin. Ce sont des balivernes !
– Je ne pratique pas non plus, enchaîne Laure, mais je respecte ceux qui pratiquent parce que cela signifie quelque chose pour eux : ils croient, tant mieux pour eux !
– Quant à moi, je prends ce qui me plaît dans la religion catholique et je laisse tout ce qui m’ennuie ou que je ne comprends pas. C’est ça la liberté de chacun !
– Autrement dit, la religion, c’est comme le supermarché, intervient Pierre, l’animateur en pastorale, qui suivait d’une oreille attentive ces échanges. Tu prends un caddie et tu le remplis à ta convenance. »
Les jeunes ne s’attendaient pas à cette comparaison. Pierre les invite à réfléchir à leur façon d’être chrétien.
Que choisir ?
« Vous faites donc des choix, leur dit-il. Et que choisissez-vous dans la religion que vous vous faites au jour le jour ?
– Tout ce qui fait que je peux rencontrer des copains. C’est pour ça que j’ai choisi le camp à Lourdes, dit Yannick.
– Moi, je suis plutôt du style solitaire, alors, je prie tout seul. Je ne vais pas à messe. Je n’en ai pas besoin.
– Et la Parole de Dieu, l’Evangile ? demande Pierre. Fait-elle partie de vos choix, d’une façon ou d’une autre ?
– De temps en temps comme à la messe, répondent sans grande conviction Loïc et Laure.
– Je ne pratique aucun sacrement, pas plus la messe qu’autre chose, dit Claire. La Bible, je ne l’ouvre jamais.
– Qu’est-ce qui est autre chose pour toi ?
– Je ne sais pas, moi... aller dire ses péchés, par exemple. Je trouve cela débile. Je m’arrange avec Dieu ! »
Pierre, peu étonné, va témoigner de son choix.
Choisir Jésus
« Vous avez parlé de vos choix dans la religion. La religion, c’est plus que tous ces choix : c’est la foi. C’est avoir mis ma confiance en Jésus. Je comprends et respecte tout ce que vous avez exprimé. Je ne vous juge pas. Je vais juste essayer de vous donner des pistes de réflexion à partir de ce que je crois, donc de ce que je vis. Pour garder l’image du caddie, je dirais que le mien est plein, car ma relation à Jésus remplit ma vie. Cette relation n’est pas uniquement à la messe, elle est aussi avec les autres, avec tous ceux que je rencontre, elle est dans la Parole de Dieu aux cours de Bible où nous échangeons entre adultes, car Jésus est présent là aussi. Si j’ai accepté d’être aimé de Dieu, j’accepte tout. Si parfois quelque chose tombe du caddie, c’est que j’ai refusé cet amour.
– Tu acceptes tout ce que l’Eglise dit ?, demande Loïc.
– J’essaie de comprendre, de réfléchir : l’Eglise guide les chrétiens depuis 2000 ans selon la Parole du Christ à Pierre : Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise (Mt 16, 18). Elle n’est pas parfaite car nous sommes des hommes, mais elle est animée de l’Esprit Saint en qui je crois. Prendre un peu des différentes religions par-ci par-là, ce n’est pas croire, c’est se faire une philosophie de la vie à sa convenance. Ce n’est plus la foi, qui est relation au Dieu d’amour, révélé par Jésus. Ce sont des dieux, des idoles. Cela ne me semble pas rendre heureux. Le Dieu des chrétiens, s’ils le choisissent à n’importe quel moment de leur vie, leur apporte le bonheur et ne les abandonne pas dans les épreuves, alors que les idoles... Allez ! Je vous laisse réfléchir à tout cela pendant vos vacances. Quelles soient bonnes et très heureuses... avec les autres ! »