A la recherche d’un emploi

01 Janvier 1900 | par

Un matin pluvieux de printemps, devant une ANPE du centre de Paris.

Que viennent chercher les demandeurs d’emploi ? Que leur proposent

les conseillers de l’Agence ?

Ici, nous avons beaucoup d’offres pour des emplois de secrétariat, assistantes commerciales, gestion, commerce, parfois relations publiques, explique Edwige, conseillère principale et animatrice d’équipe de l’agence. Point n’est besoin d’être inscrit dans cette agence pour venir consulter les offres. Toutes les ANPE sont ouvertes à tout demandeur d’emploi et même à des personnes non demandeurs mais désirant se renseigner , précise-t-elle.

En effet, ce service publique est l’enseigne qui va aider au maximum les demandeurs à trouver une situation conforme à leur compétence, qualificatif et souhait. Déjà, en leur indiquant la marche à suive : s’inscrire aux ASSEDIC, l’organisme qui dispense les indemnités de chômage après étude du dossier et des droits. Une fois inscrit administrativement, le demandeur d’emploi est reçu à l’agence ANPE la plus proche de son domicile. Au cours de l’entretien d’une demie heure à trois quarts d’heure, le conseiller va étudier avec lui son projet professionnel et sa cohérence. Peut être une formation pourra-t-elle compléter son parcours et faciliter une reprise. Ainsi Ginette, 45 ans, secrétaire de direction, a-t-elle bénéficié de six mois de cours d’anglais pour parfaire sa formation et s’adapter, en douceur, aux nouvelles exigences du marché.

Cela peut être aussi bien une semaine pour l’apprentissage du traitement de texte qu’un an à l’université pour une étude très précise , reprend Edwige.

Tout l’intérêt de notre travail, poursuit-elle, est de parfaitement cerner la demande de notre interlocuteur pour la mettre en adéquation avec des postes à pourvoir. Et, bien sûr, s’il y a les compétences et le bagage de la personne, il y a aussi le coup de chance qui va la faire tomber pile sur le travail passionnant qu’elle cherchait depuis longtemps.

 

Le jeu des relations

La chance, Dominique, journaliste depuis quinze ans, en a eu bien besoin ! Après un an de pression, vexations en tout genre et difficultés de toute sorte, elle s’est retrouvée licenciée. A 54 ans, je n’avais jamais été au chômage. M’inscrire à l’ANPE a été pour moi très désagréable. J’étais vraiment mal à l’aise en faisant les différentes démarches, et s’entendre dire la presse à votre âge, vous y croyez vraiment?, c’est difficile à supporter.

Le malaise a été tellement grand pour Dominique, qu’elle a développé un cancer du sein et est tombée gravement malade. Hors circuit pendant un an, elle a dû à son entourage familial et amical de s’en sortir.

Comme la presse est un métier essentiellement relationnel, j’ai envoyé un petit mot précisant ma recherche aux quelques relations que j’avais autrefois fait travailler. Peu ou pas de réponses. C’est là que c’est dur, surtout quand vous téléphonez et qu’on ne vous prend pas en ligne ! En revanche, les DRH (directeurs des relations humaines) me répondaient poliment Merci d’avoir pensé à nous, mais aucun besoin en ce moment...

Ces réponses, même négatives, sont nécessaire pour le dossier des ASSEDIC. Dominique a fini par être appelée par une ancienne relation qui lui a offert un poste au sein d’un nouveau journal.

Cette phase quasiment dépressive, avec les risques de somatisation et de développement de graves maladies, n’est heureusement pas un passage obligé. Certains arrivent à l’éviter, comme Marc, cadre dynamique à la direction financière d’une banque, partit pour incompatibilité d’humeur avec son patron.

Son aventure est riche d’enseignement. Après deux ou trois ans de résistance contre son directeur, il prend des contacts extérieurs pour changer d’emploi en douceur, tout en étant toujours à son poste. Un P.D.G. d’une grande entreprise lui donne l’assurance de l’employer à la rentrée en septembre. Marc ne signe aucun contrat, s’appuyant sur la parole du président directeur général. A tort. Après une ultime scène de son patron, il part en juin, en claquant la porte, fort des assurances verbales. Hélas, le P.D.G. le fait attendre, retarde l’embauche, pour finir par se rétracter. Et voila comment on se retrouve au chômage, sans indemnités. Parce qu’on a fait simplement confiance , termine Marc, amer.

Mais il ne s’est pas découragé. Il a écrit, envoyé des CV, déposé sa recherche d’emploi sur Internet. Gardant bon moral et soutenu par sa femme, ses enfants, sa famille, il est aujourd’hui en passe de signer un contrat pour un poste très intéressant.

Nous avons des demandeurs d’emploi qui viennent pour de nombreuses raisons, explique Edwige. Licenciement économique ou pas, recherche d’un premier emploi, femme de 45 ans qui a élevé ses enfants... C’est très varié, l’important étant d’apporter la meilleure aide possible aux demandeurs, tout en sachant que nous ne sommes pas un bureau d’aide sociale.

Pour mieux aider les demandeurs, quelques agences ANPE, se sont spécialisées dans un domaine particulier : spectacle, tourisme, hôtellerie et restauration, espace cadre plus spécifiquement réservé à des postes de responsabilité. Les quelque 860 points d’implantations ANPE en France sont reliés entre eux par le réseau informatique ; ce qui permet gain de temps et efficacité. En pianotant 3614 ANPE, chacun a accès directement aux offres ; une autre chance de trouver directement un emploi à partir de son domicile.

Assez guillerette, une jeune femme d’une trentaine d’année entre dans l’agence. Elle vient de trouver un emploi et tient à remercier chaleureusement les conseillères de leur aide. Grandement soulagée, elle allait bientôt passer le cap des douze premiers mois de recherche, le moment où le chômage est qualifié de longue durée et où le moral peut baisser. Pour Véronique, l’avenir s’annonce optimiste, elle va s’investir à fond dans son nouveau job. Et par solidarité, elle compte donner un peu de son temps pour partager son expérience en aidant des demandeurs d’emploi dans une association de bénévoles.

Updated on 05 Octobre 2016