La présence agissante de Dieu
« Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » C’est sur cette belle promesse du Christ que l’évangéliste Matthieu clôt son Évangile (Mt 28, 20). Le calendrier liturgique est fait de telle façon qu’il aide à mieux vivre cette parole. Pendant les quarante jours du Carême, les chrétiens sont invités à se dépouiller pour laisser plus de place au Christ. Pendant la Semaine sainte, les lectures et offices enseignent la voie du Christ et de son amour. Enfin, le jour de Pâques est la joie de la victoire totale et définitive du Christ sur la mort. S’ajoute à ce calendrier le dimanche de la Divine miséricorde, institué en 2000 par le pape Jean-Paul II et célébré le dimanche suivant Pâques. Cette fête est le signe que « Dieu écoute avec attention ce qui monte du cœur de l’homme ce qui provoque en Lui une attention quasi maternelle », explique la Conférence des évêques de France.
S’il est facile d’énoncer que Jésus est avec nous et que Dieu nous aime, il est nettement plus difficile de le vivre, de le croire vraiment et de l’expérimenter dans nos vies. Le doute est d’ailleurs une expérience normale de la vie de foi. Il est donc parfois nécessaire de prendre le temps de s’arrêter et réfléchir pour voir les « signes de résurrection » — les signes de l’amour débordant et agissant de Dieu — qui nous entourent. Même les plus grands saints ont parfois eu les plus grandes difficultés à les voir, plongeant dans une douloureuse « nuit de la foi » - sans arrêter de croire en Dieu pour autant.
Les délicats « clins Dieu »
Ces « signes de résurrection » peuvent parfois se manifester par des grands miracles, comme les guérisons inexpliquées de Lourdes. Mais ces miracles spectaculaires restent rares et ne peuvent vraiment fonder notre relation personnelle avec le Christ. Plutôt que de voir seulement Dieu agir dans les autres — ces rares miraculés — il est également nécessaire d’observer le Seigneur agir dans le quotidien de nos vies, par ces délicats « clins Dieu » que l’on appelle Providence. Comme l’assure le Catéchisme de l’Église catholique, « la sollicitude de la divine Providence est concrète et immédiate, elle prend soin de tout, des moindres petites choses jusqu’aux grands évènements du monde et de l’histoire ». Dans sa Lettre aux Philippiens, saint Paul le promet : « Et mon Dieu comblera tous vos besoins selon sa richesse, magnifiquement, dans le Christ Jésus » (Ph 4, 19). Comme le dit Abraham, « l’Éternel pourvoit » (Gn 22, 14).
Il est souvent bien difficile de voir cette présence agissante dans notre vie ! Où Dieu agit-il vraiment dans ma vie quotidienne, qu’est-ce qui relève de lui et non du simple hasard ? Plutôt qu’à trancher définitivement entre hasard et Providence — qui le pourrait ? — la foi nous invite plutôt à voir dans l’histoire de chacun la trame de l’amour présent de Dieu, qui se sert du bon et du moins bon pour nous accompagner. « Dieu n’aime pas se donner en spectacle », prévient le diocèse d’Annecy sur son site internet, et agit donc le plus souvent en toute discrétion. « Il n’y a pas ceux que Dieu choisit et ceux qui ne sont pas choisis », poursuit l’article. « Dieu s’adresse à tous et à chacun en particulier. »
Voir Dieu dans son histoire
Avec son langage simple habituel, le pape François a plusieurs fois conseillé l’exercice de « regard en arrière » sur sa propre vie. Dans une homélie prononcée le 1er février dernier, il conseillait ainsi de « relire son histoire et y voir le don fidèle de Dieu : non seulement dans les grands moments de la vie, mais aussi dans les fragilités, dans les faiblesses, dans les misères. Dieu nous aime toujours et il se donne à nous, même dans nos misères. Saint Jérôme donnait tant de choses au Seigneur et le Seigneur en demandait davantage. »
Pas besoin d’être canonisé pour en faire l’expérience. « J’ai parfois fait des choix qui ont semblé mauvais a priori, par exemple pour la suite de ma carrière », raconte Christophe au Messager. Mais, poursuit-il, « ces décisions ont souvent permis au contraire des expériences bien plus belles que je ne pouvais l’imaginer au départ ». Alors, hasard, naïveté, ou action de Dieu ?
Une voie de confiance
« Je suis bien conscient qu’il s’agit de “petites choses” et je ne peux évidemment pas donner de réponse définitive, déclare Christophe, mais j’aime y voir la manifestation discrète et bien réelle de l’amour de Dieu ». « Quand je réalise ces hasards providentiels, continue-t-il, j’aime réciter cette phrase du Psaume 22 : “le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien” ». Le journal La Croix recueillait récemment un témoignage similaire auprès d’un homme baptisé à l’âge adulte. « Il y avait du mystère dans ma vie, mais je ne voulais pas le voir », confiait-il. Après le baptême, « je me suis mis à regarder ce type d’évènement [les heureuses coïncidences, ndlr] sous un nouveau jour ». Et d’assurer : « aujourd’hui, je suis très sensible aux signes, j’en vois tout le temps ».
Lors de l’Angélus du 27 février 2011, le pape Benoît XVI soulignait bien en quoi mettre sa confiance en la Providence était « vraiment le contraire du fatalisme ou d’un irénisme naïf ». « La foi en la Providence, en effet, ne dispense pas de la lutte inlassable pour une vie digne, mais libère de l’inquiétude pour les choses et de la peur du lendemain », indiquait-il. Nourris de cette libération, de cette assurance de la présence de Jésus ressuscité à leurs côtés, les croyants peuvent alors s’unir à la prière du bienheureux Charles de Foucauld : « Mon Père, je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira. (…) Je remets mon âme entre tes mains, (…) avec une infinie confiance, car tu es mon Père. »