La Parole est source vivifiante
Après le temps de la rentrée nous reprenons tous un rythme de croisière. Et voilà qu’en passant devant l’une de ces immenses librairies qui étalent livres et romans sur plusieurs étages, nous nous laissons aller à feuilleter quelques ouvrages. A travers les images décrites ou visibles, nous imaginons la voix de celui qui nous partage ses expériences, nous y livre ses idées ou nous réjouit des ses rêves. Alors des images traversent notre esprit. Les mots rejoignent parfois notre propre expérience. L’écriture devient Parole. Le livre se livre.
A travers bien des médiations humaines, il semble que Dieu nous rejoigne selon un mode semblable : celui de sa Parole.
Plus qu’une religion du Livre : dans le christianisme, c‘est la Parole qui en est le principe. « La Parole s’est incarnée », dit saint Jean dans le prologue de son évangile.
Enfermée sur une table, ou rangée dans un rayon de bibliothèque, elle n’est qu’un volume mais tout de même, la Bible reste un appel à être ouverte et proclamée, lue et écoutée. Ainsi elle devient Parole vivante, concrète, ouverte sur l’agir, génératrice de vie, porteuse de sens.
Cette Parole prend alors un visage humain. Elle devient histoire d’un Peuple. Elle prend parfois notre visage dans tel ou tel psaume de joie, de révolte ou d’espérance. La Parole ressemble tellement à notre vie. Chantée, elle devient louange, poème de Dieu, comme la nature sortie de ses mains.
Saint Antoine de Padoue nourrissait sa vie de cette Parole. Sa prédication rejoignait la vie de ceux qui l’écoutait parce qu’elle en était pétrie. Pour lui comme pour nous, la Parole est nourriture substantielle, qui nous alimente intérieurement, au-delà de la compréhension que nous en avons à la lecture. Elle est un pain que l’on partage et que l’on mange, écrivait Madeleine Delbrel. Elle est la première nourriture de la table eucharistique. Elle est offrande pour notre vie à chaque messe. Elle est force des communautés en difficulté comme en Irak, en Asie.
Le voyage récent de Benoît XVI correspond à cette nécessité de la Parole.
Au delà des gestes et des célébrations, c’est la Parole qui devient un Message, une Annonce.
Elle exhorte certes , mais elle console. Elle heurte parfois, mais elle met en mouvement. Elle n’est jamais passive, mais toujours agissante. Et lorsqu’elle prend le visage du Christ : « Parole vivante du Père », elle ne « retire rien mais donne tout » ; selon l’expression même du Pape.
Alons donc dans la grande librairie humaine où la Parole se livre. Profitons-en, ouvrons le Livre pour y vivre la Parole.