La paix du Christ

Le mal est à la racine des guerres ; le bien est la condition de la paix. Tel est le sens du message du pape Jean-Paul II à l'occasion de la prochaine journée mondiale de la paix, le 1er janvier 2005, dont le thème est « ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien » (rom 12,21). analyse et témoignages à travers les voix de justice et paix et de  pax christi

 L'Eglise face à la guerre
La position de l'Eglise catholique est très claire et peut se résumer dans ce principe général : non à la guerre.
Justice et Paix et Pax Christi font écho à cette position : « La guerre est toujours un mal. » 

Deux exceptions
Le Père Christian Mellon, ancien secrétaire de Justice et Paix, de 1977 à 2004, précise cependant qu'il existe deux exceptions : « La légitime défense, c'est-à-dire la résistance par les armes à une agression. » Ensuite, le devoir de porter secours à une population « en train de succomber sous les coups d'un injuste agresseur » (Jean Paul II). Dans un tel cas, les Etats n'ont « plus le droit à l'indifférence », dit le Pape : ils doivent « désarmer l'agresseur ». Dans ces deux cas - exceptionnels - le recours aux armesne se justifie que si sont respectées les limitations énumérées par la doctrine de la guerre juste, même si l'Eglise n'emploie plus cette expression (qui laisserait croire qu'il y aurait de bonnes guerres).

Aux racines du bien et du mal
Mgr Stenger, président de Pax Christi France, comme en écho au message du pape, appelle chacun à retrouver les racines du bien et du mal. Le bien équivaut à la paix fondée sur l'instauration de la « vérité, de la justice, de la liberté, de l'amour ».
Le mal - la guerre - ne sera jamais juste et porteur d'avenir. Le président de Pax Christi France qualifie même d' « anachronisme mortifère » toute guerre aujourd'hui, alors que l'Eglise est plus que jamais « tout entière tournée vers la construction de la paix ». La dissuasion nucléaire, à ses yeux, apparaît comme un pis-aller, tandis que le désarmement se présente, toujours selon lui, comme la « seule voie juste et porteuse d'avenir par rapport aux armes ». Toute guerre - pour Justice et Paix France comme pour Pax Christi France - apparaît comme une fausse solution au règlement durable des conflits. Dans ce cas, comment alors poser des jalons de paix ?

Des jalons de paix
« Pas de paix possible sans le respect des droits humains fondamentaux », disent ensemble Mgr Stenger et le père Christian Mellon. C'est aussi ce que rappelle le Pape avec force dans son message. Bien moral et paix sont donc liés, au service du bien commun universel, l'un des principes les plus importants de la doctrine sociale de l'Eglise. Mgr Stenger prend soin de signaler la nécessité d'une autorité internationale garante de ce respect des droits fondamentaux de l'homme : « Cette dignité et ces droits de la personne sont le bien commun de toutes les nations qui s'impose par-dessus tous les impératifs particuliers et dont la reconnaissance universelle seule garantit l'équilibre entre les nations. Il est donc important que soit reconnue une autorité internationale qui a pour mission de respecter en toute circonstance - et sans contestation - les droits humains élémentaires de chacun, garante de la possibilité de fraternité entre les hommes. » S'il est utile - et même nécessaire - de rappeler les grands principes, il faut aussi proposer des jalons de paix, accessibles à tous. Dans cet objectif, le père Christian Mellon incite chacun à agir concrètement, à travers des institutions fiables comme l'Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture (ACAT), les services Justice et paix, ou le mouvement Pax Christi qui peuvent faire pression sur les institutions. « C'est l'action concertée de dizaines de millions d'individus, par exemple, qui a permis d'obtenir l'interdiction des mines antipersonnel ou la réductiond'une partie de la dette des pays les plus pauvres. » Ces actions très simples supposent discernement et fidélité avec l'Eglise. Elles rejoignent alors les positions prises par les autorités chrétiennes, quI elles aussi ont du poids. Le père Mellon insiste en particulier sur la ferme condamnation de la guerre d'Irak par le pape Jean-Paul II :    « Ses messages du 1er janvier, à l'occasion de chaque journée mondiale de la paix, sont sources d'inspiration. Les évêques aussi savent se faire entendre, ainsi que les diverses autorités des Eglises chrétiennes. » Ainsi, l'Eglise continue de jouer un rôle important pour la paix dans le monde...

Justice et Paix France : 17, rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris,
tél. +33-(0)1-45 44 26 14.

Pax Christi France : 5, rue Morere, 75014 Paris, tél : +33-(0)1-44 49 06 36.

Agir pour la paix
« Chacun de nous peut agir pour la paix mondiale, en se reliant à des organismesfiables, comme l'ACAT, les services Justice et Paix, le mouvement Pax Christi, et d'autres.Ces actions très simples (écrire une lettre, signer une pétition) sont efficaces :j'ai rencontré des personnes qui doivent leur vie et leur liberté aux campagnes lancées en leur faveur par l'ACAT. Ne nous croyons pas impuissants face aux malheurs du monde. Les évêques aussi savent se faire entendre, ainsi que les diverses autorités des Eglises chrétiennes.
A travers eux et à travers l'action de nombreux chrétiens, l'Eglise a joué et continue de jouer un rôle important pour la paix dans le monde... »
Père Ch. Mellon