La force des chrétiens d’Orient
En ce début de Carême, approchons-nous, par la prière constante et l’action, des chrétiens qui vivent sur la terre historique du Salut.
Si en Occident beaucoup se sentent impuissants face à la violence et aux ravages de la guerre en Syrie, en Irak, en Terre sainte et au Moyen-Orient, commençons par nous informer et prions pour cette terre martyrisée. Les catholiques occidentaux sont particulièrement invités par le patriarche des Chaldéens, le cardinal Louis Sako, à prier pour « la paix et la stabilité dans ces pays éprouvés par des guerres sanglantes », pour la « liberté religieuse et de conscience », ou encore « pour le retour des réfugiés dans leurs villes et villages ; surtout en Irak et Syrie ».
Prier et agir
La prière pour les chrétiens d’Orient est incarnée dans le concret et doit nous aider à agir en faveur de la paix. « Nous devons prier pour ces frères, qui sont en guerre, et pour les chrétiens persécutés, qu’ils veulent chasser de leurs terres ! », demande le pape François. « La paix est le désir profond de l’ensemble de la population, de l’Égypte à l’Irak », confie le Père Pascal Gollnisch, directeur de L’Œuvre d’Orient. « Croire qu’on va résoudre des problèmes par la seule violence est une ineptie, ajoute-t-il. Demander la paix rejoint à la fois la mission des chrétiens — à qui le Christ a demandé d’être des artisans de paix — et le désir de la population sur place ».
Cette association française au service des Églises orientales, agit et s’engage, depuis plus de 160 ans, auprès des chrétiens d’Orient dans 23 pays du Moyen-Orient. Cette œuvre soutient l’action des évêques, des prêtres et des congrégations religieuses qui interviennent auprès de tous. Le pape François a souvent exhorté la communauté internationale à arrêter « la violence qui a déjà causé trop de dégâts ». Et de lancer ce cri : « Pendant combien de temps le Moyen-Orient devra-t-il encore souffrir à cause du manque de paix ? Nous ne pouvons pas nous résigner aux conflits comme si un changement n’était pas possible ! » Le Pape espère profondément que « celui qui a été contraint à laisser ses propres terres, puisse y retourner et y vivre dans la dignité et dans la sécurité ». Ces paroles impliquent la force du pardon pour pouvoir reconstruire sa vie.
Le pardon pour reconstruire
Suite à l’arrivée récente d’une congrégation de religieuses francophones en Irak, le nonce leur a confié : « Votre venue est un témoignage pour les chrétiens devenus minoritaires vivant dans la peur et la méfiance ». Et le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican, ayant passé Noël en Irak, a osé rappeler que la paix « ne peut être réalisée avec des armes et une victoire militaire », mais seulement avec « la capacité de vouloir le véritable bien des autres. Grâce au pardon, a ajouté le “bras droit” du pape François, nous sommes vainqueurs du mal par le bien, nous transformons la haine en amour et nous rendons ainsi le monde plus propre ». « Vous êtes des experts en pardon », a-t-il encore confié aux fidèles irakiens. Vivre le pardon approche les hommes de Dieu.
Le responsable d’un centre, où des familles vivent sous des tentes, a expliqué à des Français venus à leur rencontre que « personne, ici, n’est en colère contre Dieu ». « Je ne crois pas que Dieu nous a créés en Irak par hasard, affirment certains jeunes Irakiens. Nous savons que nous prendrons des coups, nous sommes le sel de cette terre et nous devons être fidèles ».
Cette terre historique
Penser au Moyen-Orient sans les chrétiens qui, depuis deux mille ans, y suivent Jésus, semble irréel. Leur présence est précieuse pour le Moyen-Orient. « Vous êtes un petit troupeau, mais avec une grande responsabilité en cette terre, où est né et où s’est répandu le christianisme », a assuré le pape François dans une lettre écrite aux chrétiens du Moyen-Orient. Et d’ajouter : « Avant même beaucoup d’œuvres de l’Église dans les domaines éducatif, sanitaire ou d’assistance, appréciées par tous, la richesse la plus grande pour la région, ce sont les chrétiens, c’est vous. Merci de votre persévérance ! ». Aux yeux du cardinal Parolin, les chrétiens du Moyen-Orient sont « la présence de Jésus ». Ils ont « une mission irremplaçable et très importante », celle de « continuer de vivre (leur) foi et (leur) mission avec fidélité et gratitude, avec confiance et espérance en cette terre où a commencé l’histoire du Salut, qui se poursuit aujourd’hui à travers (eux) ».
Des fruits futurs
Même si les chrétiens d’Orient sont peu, numériquement, ils sont « protagonistes de la vie de l’Église et des pays dans lesquels [ils vivent] », mais ils ne sont pas seuls à affronter cette responsabilité. « C’est pourquoi, j’ai voulu vous écrire pour vous encourager et pour vous dire combien votre présence et votre mission sont précieuses en cette terre bénie par le Seigneur ». Face à la souffrance des chrétiens, le pape François leur avait également adressé ces mots-là : « Vous êtes dans le cœur de l’Église, l’Église souffre avec vous et l’Église est fière de vous, fière d’avoir des enfants comme vous, vous êtes sa force ».
Le secrétaire d’État du Vatican a par ailleurs confié aux Irakiens, à Noël dernier : « avec une grande exemplarité, vous n’avez pas renié votre foi. (…) Dans le plan du Salut de Dieu, vos sacrifices ne resteront pas sans fruit ». Pour le moment, aux yeux du cardinal Sako, « si la situation ne change pas, le monde entier devra prendre la responsabilité du lent génocide de cette composante de la société irakienne et de sa culture multi-séculaire ». L’Irak est loin d’être le seul pays dans cette situation.