La force de la prière d’une mère
« Une société sans mères serait une société inhumaine, parce que les mères savent témoigner toujours, même dans les pires moments, de la tendresse, du dévouement, de la force morale. » Avec son sens de la formule habituel plein de simplicité, le pape François faisait ainsi le 7 janvier 2015 l’éloge de ces femmes dont le « choix de vie » est le « choix de donner la vie ». « Les mères, avait-il assuré, sont l’antidote le plus fort à la diffusion de l’individualisme égoïste ».
Cette déclaration d’admiration du chef de l’Église catholique envers les mères ne s’était pas arrêtée là. Les mamans, avait-il poursuivi, transmettent le « sens le plus profond de la pratique religieuse ». Ce sont bien souvent elles qui apprennent à l’enfant les « premiers gestes » de dévotion, ces « semences de la foi ». « Sans les mères, s’était exclamé le Souverain pontife, non seulement il n’y aurait pas de nouveaux fidèles, mais la foi perdrait une bonne partie de sa chaleur simple et profonde ! »
Un amour sans réserve
La maternité est un « beau bouleversement », « une transformation à laquelle on s’habitue progressivement », confient plusieurs mères de jeunes enfants. C’est le « cadeau de la vie qui nous est confiée malgré nos limites », renchérit une autre. Et qu’il est possible de faire grandir grâce à l’amour maternel, cet « amour sans réserve qui ne demande aucune récompense », comme le définit André Maurois dans Sentiments et Coutumes. Pour Céline, une jeune maman, « c’est une grâce parce qu’elle engage tout notre être à aimer de façon inconditionnelle l’enfant que l’on accueille ».
Ce chemin est bien sûr illuminé par la bienheureuse Vierge Marie. Mère de Dieu et mère des hommes, elle est aussi la mère de l’Église selon cette fête célébrée depuis l’an dernier le lundi suivant la Pentecôte. Marie est donc la première à imiter pour faire grandir ses enfants — ou ses petits-enfants ! — dans la vie et la foi. D’autant qu’elle a toujours conservé foi en Dieu et en son projet divin, bien que Syméon lui avait assuré que son « cœur sera[it] transpercé d’un glaive » (Lc 2, 35). Même au pied de la Croix, déchéance sublime de son Fils, Marie était présente, plongée dans le chagrin mais aussi dans l’espérance.
Une autre sainte vient éclairer le chemin des femmes qui se préoccupent pour leur enfant : sainte Monique, la mère du célèbre saint Augustin. Mais avant de se tourner vers le Seigneur, celui-ci mène une vie relativement dissolue… Fervente chrétienne, sa mère prie pendant près de vingt ans pour son fils qui aime les jeux et les plaisirs de la vie avant de tomber dans l’hérésie manichéenne. Là aussi, la maman ne perd jamais espoir, notamment encouragée par un évêque qui lui promet : « Courage, il est impossible que le fils de tant de larmes périsse ». Les prières maternelles seront entendues, puisqu’Augustin se convertira pour devenir l’un des plus grands saints, avant d’être reconnu comme docteur et père de l’Église.
Une réunion de mères pour prier entre elles
De nos jours, certaines femmes choisissent de se réunir régulièrement et prier ensemble pour leurs enfants, par exemple dans le cadre de « la prière des mères ». Cette initiative est née en 1995 sous l’impulsion de Veronica Williams, une mère de famille anglaise qui a ressenti l’appel à prier pour les enfants en voyant les dangers auxquels ils sont confrontés. Désormais, ce mouvement compte 1 500 groupes en France et des milliers d’autres à travers le monde, dans pas moins de 118 pays. Leur racine spirituelle est la confiance en l’amour infini du Créateur pour chacun de ses enfants.
Ces mères s’engagent notamment à prendre un moment de prière pour les enfants pendant trois jours consécutifs chaque mois, si possible en se réunissant toutes ensemble. La première journée, elles prient pour demander pardon pour leurs propres fautes. La seconde, pour demander pardon pour tout ce qui affecte négativement les enfants. Le troisième, elles rendent grâce pour les dons du Seigneur, visibles ou non.
Pour ces mères, ce groupe de prière leur permet « de s’en remettre à la volonté de Dieu, de s’abandonner », témoigne ainsi l’une d’elles. Les fruits se voient notamment selon elle « sur la patience dans l’éducation des enfants ». La grâce de la maternité consiste à accueillir ce don de Dieu avec l’aide de la Vierge, la mère de tous les hommes. Ce n’est donc pas désirer toutes les qualités qu’une mère peut désirer avoir mais faire son possible avec la grâce de Dieu.
Certains couples, malgré tout leur désir, ne parviennent pas à avoir d’enfants. Ce n’est pas pour autant qu’ils sont privés de fécondité, au contraire. « Notre fécondité a été transcendée puisque nous sommes au service de notre paroisse et plus particulièrement des prêtres et séminaristes », explique par exemple Virginie, mariée depuis longtemps mais sans enfant.
« Nous croyons l’Église comme la mère de notre nouvelle naissance, et non pas “en” l’Église comme si elle était l’auteur de notre Salut », écrivait saint Fauste de Riez, évêque du Ve siècle. Comme membre de l’Église, tout chrétien — parent, marié, consacré ou célibataire — est ainsi appelé à être fécond que ce soit spirituellement ou physiquement. C’est ainsi que chacun est appelé à faire grandir en lui-même et en les autres, la vie, c’est-à-dire Jésus Christ qui s’est Lui-même défini comme « le chemin, la vérité, la vie » (Jn 14, 6).