La foi et l'amour
La Parole de Dieu
Comme il était entré de nouveau à Capharnaüm…
on apprit qu’il était à la maison.
Et beaucoup se rassemblèrent,
en sorte qu’il n’y avait plus de place,
même devant la porte,
et il leur annonçait la parole.
On vient lui apporter un paralytique,
soulevé par quatre hommes.
Et comme ils ne pouvaient pas le lui présenter
à cause de la foule,
ils découvrirent la terrasse
au-dessus de l’endroit où il se trouvait et,
ayant creusé un trou,
ils font descendre le grabat où gisait le paralytique.
Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique :
« Mon enfant, tes péchés sont remis »…
Mc 2, 1-5
La Parole de saint Antoine
L’humilité et la pauvreté, la patience et l’obéissance sont les quatre hommes qui apportent à Jésus l’âme qui gît malade dans le plaisir de la chair, mais à cause de la foule des désirs charnels, ils ne peuvent l’apporter. Ils découvrent donc le toit et descendent devant Jésus le lit avec le paralytique.
Or, le toit est formé par l’orgueil, l’avarice, l’obstination et la colère et personne ne peut venir à Jésus s’il n’est porté par ces quatre vertus.
Voyant leur foi, Jésus dit au paralytique : « Aie confiance, mon fils, tes péchés te sont remis. »
La foi personnelle a une très grande valeur auprès de Dieu, puisque la foi d’autres personnes a été tellement efficace qu’elle a guéri l’homme dans son corps et dans son esprit : il s’est levé aussitôt et ses péchés lui ont été remis.
Mais retiens bien ces trois expressions : voyant leur foi ; aie confiance, mon fils ; tes péchés te sont remis. « La foi sans l’amour est vide, dit saint Augustin ; et la foi avec l’amour, c’est le propre du chrétien. » Car autre chose est croire à Dieu ; autre chose, croire Dieu ; autre chose encore croire en Dieu.
Croire à Dieu, c’est croire que ce que Dieu dit est vrai. Les méchants croient aussi à Dieu, comme nous croyons à l’homme, mais non dans l’homme.
Croire Dieu, c’est croire qu’il est Dieu, ce que font aussi les démons.
Mais croire en Dieu, c’est croire en l’aimant ; c’est adhérer à lui, être ainsi incorporé à ses membres, et c’est par cette foi que l’impie est justifié.
Là où il y a une telle foi, il y a la confiance en la miséricorde de Dieu, et la rémission de la faute.
19e dimanche après la Pentecôte
Pour aller plus loin
Ce passage d’Antoine contient un double enseignement : le premier concerne la pratique des vertus (réflexion du p. Gérard Guitton) ; le second, la foi, une vertu qui, pour être chrétienne, doit aboutir à l’amour. Mais tandis que pour le premier, Antoine a recours, comme d’habitude, aux symboles, le second s’appuie essentiellement sur les paroles de Jésus : « Aie confiance, mon fils, tes péchés te sont remis. »
La force des vertus brise l’obstacle des vices. Les quatre hommes qui portent le paralytique rappellent les quatre vertus nécessaires pour aller vers Jésus : nous ne pouvons nous approcher de lui que si nous sommes, comme lui, humbles, pauvres, patients et obéissants.
Car le toit qui s’oppose à cette rencontre représente précisément les quatre vices de l’orgueil, de l’avarice, de l’obstination et de la colère, dont les quatre vertus libèrent l’homme et le préparent à rencontrer le Christ.
Pas de vraie foi sans amour. Antoine note bien l’expression leur foi, car la guérison du paralytique est le fruit de sa confiance personnelle, mais aussi de la solidarité et de la foi « communautaire » des quatre porteurs. La foi éveille à l’amour, l’amour rassemble les cœurs épris de compassion pour l’être souffrant, et ensemble ils vont à Jésus pour implorer la guérison.
Aussi Antoine peut-il dire avec Augustin : « La foi sans l’amour est vide ; la foi avec l’amour, c’est le propre du chrétien »… et là où il y a une telle foi, il y a la confiance en la miséricorde de Dieu, et la guérison de l’esprit et du corps : « Tes péchés sont pardonnés… Lève-toi, prends ton grabat et va-t’en chez toi… »