La fête de la naissance joyeuse de Jésus
Des chants doux et paisibles. Des retrouvailles familiales. La chaleur d’un foyer. Noël approche et cette vraie fête de famille est une liturgie de la joie. Le soir de la messe de la Nativité, que nous soyons dans les cathédrales, les basiliques ou dans les églises les plus petites et les plus reculées, les anges aiment préciser qu’ils annoncent « une grande joie pour tout le peuple ». Quand une naissance arrive dans une famille, nous voyons à quel point nous voulons l’annoncer à tous ! Notre joie a besoin et envie de se répandre ! La joie se communique et n’est pas faite pour rester seule. C’est la chaleur de la relation avec les autres que nous cherchons lors de la fête de Noël. C’est ainsi que les cadeaux ne sont vrais que s’ils sont le signe de cette relation. Faire un cadeau, c’est avoir le désir de faire plaisir à l’autre. Il est fondamental de ne pas réduire Noël à la folie consumériste qui nous donne la fièvre acheteuse. Pour vivre Noël, nous avons besoin de temps pour préparer nos cœurs, nos maisons, nos mains attentives, en toute simplicité. Et se rappeler qu’on ne donne vraiment qu’en donnant de soi-même.
Davantage de simplicité
Concrètement, nous sommes appelés à mettre de côté les excès en tous genres en commençant par la surabondance de nourriture et de cadeaux. Privés pendant de longs mois de contacts physiques avec nos proches, cette fête de la Nativité peut avoir, cette année, une autre saveur. Peut-être souhaitons-nous faire
reculer la consommation forcenée et privilégier le lien avec les personnes qui nous entourent et savourer la sobriété qui en découle ? Peut-être offrirons-nous à nos enfants un seul cadeau plutôt que de multiples gadgets ? Nous aurons tout simplement envie de leur rappeler ou de leur apprendre la simplicité extrême de la naissance du Christ. Jésus est né dans le dénuement. Ce petit enfant, né dans une mangeoire, était le Sauveur, le Christ, le Seigneur. Cette joie, dont les anges avaient parlé, avait touché le cœur de ceux qui sont venus rencontrer ce nouveau-né. Aujourd’hui, entrer dans l’église de la Nativité de Jésus à Bethléem signifie passer par une ouverture haute d’un mètre et demi : « Celui qui désire entrer dans le lieu de la naissance de Jésus, doit se baisser », précise Benoît XVI. Et d’ajouter : « Il me semble qu’en cela se manifeste une vérité plus profonde, par laquelle nous voulons nous laisser toucher en cette sainte nuit : si nous voulons trouver le Dieu apparu comme un enfant, alors nous devons descendre du cheval de notre raison « libérale ». Nous devons déposer nos fausses certitudes, notre orgueil intellectuel, qui nous empêche de percevoir la proximité de Dieu ». Benoît XVI conseillait alors de « suivre le chemin intérieur de saint François — le chemin vers cette extrême simplicité extérieure et intérieure qui rend le cœur capable de voir ». Dieu se cache dans l’humilité d’un enfant qui vient de naître. Alors « laissons-nous simplifier par ce Dieu qui se manifeste au cœur devenu simple », confiait le pape émérite. Cette nuit de Noël devient ainsi, aux yeux de saint Jean-Paul II, « une école de foi et de vie ».
Briser la solitude
Toute naissance crée naturellement un espace pour le nouveau-né et ceux qui l’entourent. À Noël, nous aussi, offrons un espace pour Jésus enfant. Ainsi nous le reconnaîtrons en ceux qui s’approchent de nous et que le Seigneur nous adresse : les enfants, les personnes qui souffrent et celles qui sont abandonnées, les personnes marginalisées et les pauvres de ce monde. Comment vivre Noël en évitant que des personnes restent seules, oubliées ou isolées ? En faisant écrire à ses enfants, petits-enfants une lettre pour une personne dans une maison de retraite ou seule ; en déposant une bougie, lumière vivante chargée de symbole, devant la porte d’un voisin ; en portant des colis à des détenus en prison ; en visitant une personne hospitalisée ; en emmenant en voiture des personnes à la messe ; en se risquant à saluer une personne que nous ne connaissons pas ; en souriant à une personne sans domicile ou encore en invitant une personne âgée seule. Tant d’initiatives existent et sont facilement réalisables à tous les âges. Faire de la place à ceux qui sont seuls, malades, dans la misère est une véritable attitude de ce temps de Noël qui réchauffe les cœurs de tous.
Le temps pour Dieu
Accorder de l’espace aux autres et donner du temps sont des trésors que nous avons tous. C’est ainsi que Benoît XVI aimait à nous interroger : « Avons-nous vraiment de la place pour Dieu, quand il cherche à entrer chez nous ? Avons-nous du temps et de l’espace pour lui ? N’est-ce pas peut-être Dieu lui-même que nous refoulons ? Cela commence par le fait que nous n’avons pas de temps pour Dieu ». Si nous sommes totalement remplis de nous-mêmes, il ne peut rester aucun espace pour Dieu ni pour les autres, pour les enfants, pour les pauvres, pour les étrangers. Prendre du temps pour Dieu, c’est aussi être proche de ceux qui nous entourent et nous déplacent, les accueillir et les aimer. Si le Seigneur est venu sur Terre comme un petit enfant, c’est pour que nous puissions l’accueillir et l’aimer.
Cette année, spécialement marquée par l’épreuve de la pandémie, faisons de la place pour Dieu et pour les autres. Même à travers nos masques, laissons éclater notre joie et sourions devant l’Enfant nouveau-né, renforçons nos regards et accentuons notre écoute. Dans le silence, Dieu est né.