La bénédiction de l’eau
Les coïncidences ne sont jamais qu’un simple hasard. Encore moins pour la Caritas Saint-Antoine. Ainsi lorsque fin juin, nous recevons deux lettres quasiment identiques dans leur contenu qui nous remercient pour l’eau reçue, le message ne peut être plus clair : la température de la Planète augmente, cependant avec notre petite contribution, nous avons aidé à éteindre la soif des plus pauvres et à permettre la survie de milliers de personnes.
Les deux projets ont été approuvés l’an dernier. Les deux lettres sont le compte-rendu de la fin des travaux. Incroyables les coïncidences. Non seulement, il s’agit de projets pour permettre l’accès à l’eau, mais les deux concernent aussi une école et deux communautés très pauvres d’une zone rurale isolée. En outre, les deux sont gérés par des petits groupes de religieuses locales, cette partie de l’Église qui œuvre en première ligne, en contact avec les pauvres dans les lieux les plus difficiles de la Planète mais qui de fait est invisible.
Même la somme offerte par la Caritas Saint-Antoine pour mener à bien ces deux projets est identique ! Il s’agit d’environ 18 000 euros. La seule différence ? On peut la voir sur un globe : deux petits points sur la surface terrestre à plus de 6 000 km l’un de l’autre, un en Tanzanie et l’autre en Inde. C’est la démonstration sur petite échelle d’un phénomène global : l’eau potable est toujours plus rare, même dans les régions non-désertiques.
Le risque de l’exode
Le manque d’eau engendre des maladies, la mort, le sous-développement, surtout dans les régions rurales qui vivent d’agriculture de subsistance. Les causes principales sont la pollution — causée souvent par des entreprises étrangères sans scrupules, soutenues par des régimes corrompus — et les changements climatiques qui ont polarisé les saisons. Des périodes de sècheresse extrême s’alternent à des saisons de pluies torrentielles et à des inondations. À long terme, la conséquence sera l’exode de populations entières dans d’autres lieux pour survivre.
Mais allons chez ces sœurs invisibles et à leur appel. Sœur Reeja Karuna est la supérieure d’une petite mission de Clarisses qui a vu le jour il y a 4 ans à Biniya, dans l’État de Chhattisgarh, dans le nord de l’Inde. Il s’agit d’une zone de montagnes et de forêts grièvement sous-développée, sans routes et services, à 72 km d’Ambikapur, la ville la plus proche. « Autour de la mission, il y a 25 villages dont le plus proche est à 2 km et le plus éloigné à 20 km », nous écrit sœur Reeja qui pour rejoindre l’ordinateur et nous envoyer des mails doit voyager toute une journée. À Biniya, l’eau est rougeâtre, elle a la couleur de la terre. Et ici, l’analphabétisme concerne le 60 % de la population, et tout particulièrement les femmes.
La congrégation a ouvert une école pour les enfants des villages — fréquentée à ce jour par 400 élèves — et un foyer qui accueille 150 filles. Trois choses fondamentales manquent encore et les sœurs n’arrivent pas à les réaliser : compléter une salle polyfonctionnelle — « qui pourrait aussi servir de dortoir pour les garçons » — dont les seuls murs ont été bâtis ; acheter des lits « car les filles dorment par terre et risquent d’être mordues par les serpents » ; et surtout creuser un puits « car l’eau potable ne suffit pas pour nos élèves et les villages avoisinants ».
De l’Inde à la Tanzanie
À l’autre bout du monde, en Tanzanie, dans la région rurale de Rubya, à 35 km de Bukoba, la ville la plus proche, sœur Immaculée Katunzi, des Sœurs de sainte Thérèse, ont le même problème. Les religieuses ont fondé trois écoles primaires et une école secondaire, les seules accessibles aux pauvres paysans qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté de 5 dollars par jour. Les sœurs qui sont enseignantes et aussi agronomes ont appris sur le terrain à pratiquer le développement soutenable : non seulement elles enseignent à lire, à écrire et à compter, mais elles cherchent à transmettre les rudiments d’une agriculture plus avancée et d’une gestion de l’eau en ligne avec la désertification de cette région causée par les changements climatiques. Mais elles ont un gros souci : elles n’arrivent pas à faire face à la demande d’eau de leurs 2 000 élèves et de la communauté. Un problème aussi du point de vue scolaire : nombre d’élèves réussissent moins bien à l’école car ils doivent aller chercher l’eau pour leurs familles, une tâche de plus en plus difficile. De cette façon, la pauvreté s’auto-
alimente. Sœur Immaculée propose alors à la Caritas Saint-Antoine un projet simple mais efficace : construire un système de petits drainages sur les édifices scolaires pour récolter l’eau dans une énorme citerne de 90 000 litres lors de la saison des pluies. Cela permettrait d’avoir de l’eau à disposition pendant les périodes de sècheresse.
Deux projets réalisés
La Caritas Saint-Antoine a approuvé les deux projets début 2017. Fin juin 2018, c’est la fête à Biniya et Rubya. Une fête à laquelle nous participons grâce aux photos envoyées : des milliers de visages souriants, de couleurs, de joie !
Nous recevons aussi une lettre de sœur Reeja que — nous en sommes certains — sœur Immaculée signerait de tout cœur : « Je remercie le Seigneur Tout-Puissant pour toutes les bénédictions que nous avons reçues grâce à la Caritas Saint-Antoine, un merveilleux outil au service des pauvres et des nécessiteux. Je sais que nous ne méritons pas ce grand cadeau. Un énorme merci à Dieu et à vous tous pour les sacrifices qui ont permis tout ceci… Les enfants des Biniya sont infiniment heureux et se réjouissent pour leur vie. Que leur sourire innocent, leur amour, leur joie puissent vous joindre par ce mail. Que Dieu vous bénisse, toujours ».