La 3e Journée mondiale des pauvres : Sous le signe de l’espérance
« Un appel fort à notre conscience de croyants ». Voici la volonté du pape François qui invite l’Église et toute l’humanité à « avoir le regard fixé, en cette journée, sur tous ceux qui tendent les mains en criant au secours et en sollicitant notre solidarité ». Les pauvres sont « nos frères et sœurs, créés et aimés par l’unique Père céleste ». Le Pape veut attirer l’attention sur ceux qui manquent d’une partie de l’essentiel. Le mot « pauvre » met-il mal à l’aise ? Que recouvre-t-il ? Vivre sans toit, sans argent, sans vêtements, sans nourriture, sans protection, sans santé ? Certainement sans beaucoup d’autres choses encore. Mais, souvent, les pauvres se savent aimés de Dieu. Si aujourd’hui la pauvreté se voit dans la marginalisation, la violence, la guerre, l’emprisonnement ou la privation de liberté, la Parole de Dieu montre que les pauvres sont ceux qui n’ont pas le nécessaire pour vivre parce qu’ils dépendent des autres. Et pourtant, devant cette foule innombrable d’indigents, Jésus s’est identifié à chacun d’eux : « Dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).
Au cœur de l’Évangile
Au terme du Jubilé de la Miséricorde, le pape François a voulu offrir à l’Église la Journée mondiale des pauvres, « signe concret de la charité du Christ pour ceux qui sont le plus dans le besoin ». Cette Journée vise pour l’essentiel à permettre aux personnes pauvres et fragiles de vivre un moment fort et fondateur de paix, de joie et de prière dans leur vie. Elle existe pour aider chaque baptisé « à réfléchir sur la manière dont la pauvreté s’inscrit au cœur de l’Évangile et sur le fait que, tant que Lazare gît à la porte de notre maison, il ne pourra y avoir de justice ni de paix sociale ». À ses yeux, la pauvreté est « le fruit de l’égoïsme, de l’orgueil, de l’avidité et de l’injustice ». En instaurant cette Journée, le Pape a clairement souhaité que les communautés chrétiennes œuvrent à la création de nombreux moments de rencontre et d’amitié, de solidarité et d’aide concrète envers les pauvres. « Partager avec les pauvres, développe le pape François, nous permet de comprendre l’Évangile dans sa vérité la plus profonde. Les pauvres ne sont pas un problème : ils sont une ressource où il faut puiser pour accueillir et vivre l’essence de l’Évangile ». De manière concrète, les pauvres nous évangélisent. Souvenons-nous de saint Laurent, qui, sommé de livrer les trésors de l’Église, rassembla les pauvres, les infirmes, les aveugles, les boiteux et les présenta au préfet en disant : « Voilà les trésors de l’Église ».
Briser la solitude
Tendre la main aux pauvres, les regarder, les rencontrer, ne pas les considérer comme « des parasites de la société » les aide à briser leur solitude. « Leur main tendue vers nous, assure encore le pape François, est aussi une invitation à sortir de nos certitudes et de notre confort ». Nos mains relèvent les pauvres, notre présence et nos cœurs leur donnent de ressentir à nouveau la chaleur de l’affection et leur retirent la perception qu’ils sont « menaçants ou incapables, simplement parce qu’ils sont pauvres ». Ils ont seulement besoin d’amour. Se tendre la main les uns et les autres, c’est, pour le pape François, « vivre une rencontre de Salut qui soutient la foi, rend effective la charité, donne l’espérance pour avancer sur le chemin où le Seigneur vient à notre rencontre ».
Le Royaume de Dieu appartient aux pauvres car « ils sont en mesure de le recevoir », selon le pape François. « Jésus, qui a inauguré son Royaume en plaçant les pauvres au centre, veut nous dire précisément ceci : il l’a inauguré, mais nous a confié à nous, ses disciples, la tâche de le mener à bien, avec la responsabilité de donner de l’espérance aux pauvres ». Redonner espérance et rétablir la confiance sont la tâche des chrétiens. Or, il suffit parfois de si peu de choses : s’arrêter, sourire et écouter. « Pour que les pauvres sortent de leur condition dégradante, affirme le pape François, il leur faut percevoir la présence de frères et de sœurs qui s’occupent d’eux, et ouvrant la porte de leur cœur et de leur vie, les considèrent comme des amis et des familiers ».
Vivre la fraternité
Face à la pauvreté dans le monde, quelle attitude pouvons-nous adopter ? Le découragement ou au contraire un stimulant pour inventer toujours des solutions pour aider nos frères et sœurs qui en ont besoin ? Benoît XVI avait affirmé que lutter contre la pauvreté demandait des hommes et des femmes « qui vivent en profondeur la fraternité et qui soient capables d’accompagner les personnes, les familles et les communautés sur les chemins d’un authentique développement humain ». La charité qui se fait partage est une façon de vivre qui entraîne la joie et la sérénité d’esprit car cela donne de toucher la chair du Christ. Ainsi « la pauvreté est une attitude du cœur qui empêche de penser à l’argent, à la carrière, au luxe comme objectif de vie et condition pour le bonheur ».
Pour les disciples du Christ, la pauvreté est avant tout une vocation à suivre Jésus pauvre. Pour y parvenir, le chrétien prie le Notre Père qui est la prière des pauvres. En demandant le pain, le chrétien exprime sa confiance en Dieu pour ses besoins primaires. Dans cette prière, confie le pape François, « nous reconnaissons tous l’exigence de surmonter toute forme d’égoïsme pour accéder à la joie de l’accueil réciproque ». Le fruit de l’amour est le service. Le fruit du service est la paix. Que sainte Mère Teresa nous guide sur ce chemin de charité qui conduit à la paix.