Justice et Paix

13 Mars 2012 | par

 « J'avais vingt ans quand je me suis dit que je ne passerais pas ma vie dans une banque ou un cabinet d’avocats. En 1967, j’ai découvert l’encyclique Populorum Progressio. J’avais 21 ans. Je me rappelle encore la Une du Monde. Ça a été un déclic qui a ouvert une piste. Paul VI y parle du développement de tout l’homme et de tous les hommes. C’est-à-dire le développement dans toutes les dimensions, humaine, économique, sociale, culturelle, politique, spirituelle…, et quand on dit tous les hommes, il y a une espèce d’universalité que l’on va retrouver plus tard dans mon parcours, l’universalité des droits de l’homme. »

Tout d’abord directeur administratif et financier du Secours Catholique, il en deviendra directeur de l’action internationale, secrétaire général, conseiller à l’international et responsable du département administratif et juridique. Il sera également trésorier de Caritas Internationalis, membre du Comité du plaidoyer international, président de Caritas Europa, président de Caritas Internationalis mais aussi membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme. De ces trente ans d’engagement au service des autres, Denis Viénot retient trois choses :

« Tout d’abord, une ONG nécessite des gens compétents, ce n’est pas de l’improvisation et de l’amateurisme. On n’envoie pas des jeunes de vingt ans faire des installations électriques dans une école au Burkina Faso sans formation en électricité. Il faut une compétence professionnelle. Ensuite, j’ai découvert qu’il faut soutenir les gens pour qu’ils se sauvent eux-mêmes. Je suis contre le “parachutiste” qui débarque pour sauver le monde dans n’importe quel pays. Je crois au contraire qu’il faut dans la durée voir comment les populations locales peuvent être soutenues dans leur développement à partir de leurs valeurs, de leur culture.

Enfin, il faut analyser les causes de la pauvreté et se battre auprès des responsables politiques pour que les structures sociales évoluent. C’est austère, ça prend beaucoup de temps, mais c’est essentiel. Hannah Arendt a écrit : “La compassion sans la justice est la pire alliée du diable.” Par exemple, les SDF ont leurs problèmes, mais ne sont pas des sous-citoyens pour autant. À une époque, ils ne pouvaient pas voter, car souvent ils n’ont pas de carte d’identité car pas d’adresse. Nous nous sommes battus pour qu’ils aient le droit de vote, pour l’exercice des droits. C’est finalement, dans le tryptique  charité-solidarité-justice, voir qu’outre la dimension compassionnelle, celle du sauvetage immédiat indispensable, la dimension de solidarité et de justice est aussi extrêmement importante. »

C’est d’ailleurs pour l’exercice de cette justice que Denis Viénot s’était engagé dès 1987 au sein de Justice et Paix. Aujourd’hui, à 65 ans et à la retraite, il a accepté d’en devenir le secrétaire général en France depuis septembre 2011. « C’est une façon de continuer à travailler à ce qu’à la fois l’Évangile, l’enseignement social de l’Église et les valeurs éthiques et morales continuent à nourrir les choix des sociétés. » 



Recherche, éducation et information

C’est dans la mouvance de Vatican II et de l’encyclique Populorum Progressio, à la fin des années soixante, qu’a été créé à Rome le Conseil pontifical Justice et Paix. Les conférences épiscopales ont été invitées à créer des commissions dans chaque pays. Concrètement, la commission Justice et Paix France est composée de 25 personnes, théologiens, économistes, juristes, spécialistes en géopolitique et géostratégie, droit de la guerre et des conflits, politique internationale et de développement, sous la présidence d’un évêque, Monseigneur Boivineau. C’est une association reliée à la conférence épiscopale et qui a pour but d’informer sur les grands enjeux de la paix dans le monde aujourd’hui. Nous travaillons actuellement principalement sur quatre axes : les droits de l’homme, le développement durable, la paix et la sécurité, ainsi que les questions financières internationales. Pas sur le plan technique, mais sur le plan moral, éthique.



Denis Viénot

http://justice-paix.cef.fr


 

Updated on 06 Octobre 2016