Jungles du Douanier Rousseau

16 Février 2006 | par

Un tigre au milieu d’une végétation luxuriante toutes dents dehors. Surpris ! tel est le titre de cette toile qui accueille le visiteur. Peinte en 1891, c’est la première toile du Douanier Rousseau dans le style jungle, le thème de cette exposition. Henri Rousseau, un modeste employé de l’octroi qui va être rebaptisé Douanier par le poète Alfred Jarry, est un autodidacte venu à la peinture à 40 ans. Il puise son inspiration dans l’art populaire, journaux, almanach, cartes postales et gravures diverses.
Il expose régulièrement au salon des Indépendants. Au début, il ne suscite que mépris et sarcasme mais en 1894, il peint La guerre, un extraordinaire tableau entre Goya et Guernica. La déesse de la guerre, dans une robe blanche immaculée, virginale, court à côté de son cheval, une torche fumante dans une main, une épée dans l’autre. Elle a la bouche ouverte dans un rictus, on peut compter ses petites dents blanches acérées. Sa tignasse bouclée se mêle d’un côté à la crinière du cheval au cou démesuré, de l’autre elle flotte au vent comme la queue immense du cheval, soulignant le vent de terreur qui la porte. Les arbres, gris, noirs, sont secs, morts, leurs branches cassées ; les nuages sont rougis de sang. Aucune végétation au sol, des galets, des herbes brûlées. Et un amoncellement de mourants et de cadavres, des bras et des jambes démantibulés, des têtes sans corps, des jambes bottées qui pointent du sol, d’un corps enfoui. Les plus grands artistes, Pissaro, Gauguin, Puvis de Chavanne, Seurat, Signac… deviennent ses fervents admirateurs. Ils font faire du Douanier Rousseau l’archétype du peintre naïf.

La consécration
En novembre 1908, le jeune Picasso tombe en arrêt devant un grand portrait de femme du Douanier dans la boutique d’un brocanteur de Montmartre. Il en fait l’acquisition sur le champ et ne s’en séparera jamais. Avec sa grandiloquence habituelle, il organise une fête en l’honneur de l’auteur. C’est la consécration. Apollinaire immortalise la soirée en quelques vers : « … Nous sommes tous réunis pour célébrer ta gloire,
Ces vins qu’en ton honneur nous verse Picasso, Buvons-les donc, puisque c’est l’heure de boire, En criant tous en chœur : “Vive ! Vive Rousseau !”... » L’exposition confronte une série exceptionnelles de douze grandes jungles avec de nombreux paysages urbains, des portraits, allégories et documents, permettant de mieux cerner le processus de création de cet artiste si singulier. Toutes ces représentations de nature luxuriante évoquent des ailleurs lointains alors que Rousseau n’a, de fait, jamais quitté Paris. Il observait les lions, tigres et autre panthères à la Ménagerie du Jardin des plantes. Il s’inspire également des planches représentant la faune sauvage et fréquente assidûment la galerie de zoologie du Museum d’Histoire naturelle. Théâtres de combats sans merci, la série des grandes jungles inaugurée en 1904 suscite autant de critique que d’admiration.
En 1906, il en commence une autre plus fantaisiste peuplée de macaques et de gorilles facétieux qu’il nomme Joyeux farceurs. L’exposition s’achève avec la série des Rêves au clair de lune : de la poésie à l’état pur.

INFOS
Grand-Palais
Av. du Général Eisenhower, Paris 8ème
Tél. : +33-(0)8-92 68 46 94
Du 15 mars au 19 juin

Splendeurs de Venise
Soixante-dix toiles et cinquante dessins de l’Ecole vénitienne du 16e siècle conservés dans les collections publiques françaises ont été réunis pour cette exposition.
Tous les artistes majeurs, Tintoret, Bassano, Palma, Véronèse, Lotto… sont présents. Leur technique somptueuse servie par d’audacieux accords chromatiques participe au lyrisme qui caractérise
ces œuvres.
Musée des Beaux-Arts, place du Colonel Raynal, Bordeaux Tél. : +33-(0)5-56 10 20 56 jusqu’au 19 mars puis musée des Beaux-Arts, le Château, Caen. Tél. : +33-(0)2-31 30 47 70, du 1er avril au 4 juillet
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Dînette et vaisselle d’Ogre
Voilà une exposition à la fois originale et amusante qui juxtapose des œuvres en céramique minuscules et des super grands formats.
Les pièces les plus anciennes remontent au IVe siècle av. J. C. à l’époque grecque et les plus récentes sont contemporaines. A noter : le plus grand vase de porcelaine du monde, le Vase de Neptune, créé par la manufacture de Sèvres en 1867.
Musée national de Céramique, Place de la Manufacture, Sèvres. Tél. : +33-(0)1-41 14 04 20. Jusqu’au 20 mars.

 

 

Updated on 06 Octobre 2016