Jeunes : une « montée vers Pâques »
Parmi les activités ecclésiales proposées durant le Carême « avec » et par les jeunes, de nombreuses unités pastorales à travers le monde offrent ce qu’il est convenu d’appeler des « montées vers Pâques ». Il s’agit d’une sorte de retraite organisée durant la Semaine sainte, du Jeudi au Dimanche de la Résurrection, pendant le Triduum pascal.
L’idée de base a une visée très kérygmatique, au sens de la proclamation de la mort et de la résurrection du Christ (kérygme en grec) : à savoir permettre à des adolescents et des jeunes de toucher le centre de l’Évangile. Toute la catéchèse est donc articulée autour des quatre moments de la veillée du Samedi saint : le feu et la lumière ; la Parole et l’histoire du Salut ; le baptême et l’initiation chrétienne ; l’eucharistie, nourriture de l’âme et de la communauté. Le projet d’une « montée vers Pâques », — montée car la Résurrection constitue le sommet de l’année liturgique —, tend donc à aller au cœur de la foi, c’est-à-dire à conduire vers une meilleure intelligence du mystère pascal, selon l’étymologie du mot (du latin intus legere, lire à l’intérieur).
Puisque la majorité des jeunes ont soit des congés scolaires, soit peuvent se libérer de leur travail, durant la seconde moitié de la Semaine sainte, il leur est proposé de vivre ensemble, si possible du Mercredi saint au soir ou du Jeudi saint après-midi jusqu’au dimanche de Pâques à midi. La dimension communautaire, qui exige évidemment des infrastructures importantes — hébergement, repas, transports, locaux, etc. — est la première bonne nouvelle déployée. La figure du groupe en lui-même marque, notamment les nouveaux venus.
C’est bien sûr par le bouche-à-oreille que fonctionne le mieux le recrutement des participants. « Venez et voyez » (Jn 1, 35-51), disent les habitués à leurs pairs, y compris sur les réseaux sociaux, réussissant ainsi à intéresser des jeunes éloignés de tout ce qui concerne l’Église et à leur faire risquer une expérience inédite. Une charte du vivre-ensemble et des services communautaires règle le fonctionnement du groupe : décidée par les jeunes eux-mêmes, elle est appliquée par les anciens qui deviennent petit à petit animateurs. Ainsi les plus humbles faits du quotidien forment comme des « paraboles en actes », d’où l’enseignement proprement dit peut tirer profit.
L’intuition de base des « montées vers Pâques » consiste à faire culminer chaque journée dans l’office liturgique correspondant, célébré avec et dans chacune des paroisses de la région à tour de rôle. C’est ce qui confère à tout le programme sa coloration. Chaque édition est placée sous le fil directeur d’un thème, mais chaque année, le Jeudi s’oriente vers la redécouverte du service et du repas avec le Christ ; le Vendredi, vers la mort au mal et à la souffrance ; le Samedi, par la traversée du silence, vers la plénitude de la vie plus forte que la mort ; le Dimanche, vers l’aurore nouvelle d’une espérance que rien ne peut étouffer ni briser. Ainsi, durant la journée, toutes les animations sont centrées sur la célébration du dernier repas et l’adoration au Jardin des Oliviers (le Jeudi), le chemin de croix et la Passion (le Vendredi), la Vigile pascale (le Samedi) et la fête du Vivant (le Dimanche). Si bien que les jeunes apportent sous forme de textes, chants, mimes, panneaux, objets et expressions à la liturgie ce qu’ils ont élaboré pendant les activités.
De ce fait, la Parole et la célébration vécues avec les paroissiens de tous âges trouvent la plénitude de leur signification. Un symbole fil conducteur, souvent bâti progressivement au long de la montée, parle aux sens et sert de langage unificateur. C’est donc une pédagogie d’initiation, c’est-à-dire de chemin à l’intérieur du mystère, qui est mise en œuvre. Toute l’année, une équipe de préparation, composée de jeunes et d’agents pastoraux, élabore le programme, de façon à ce que l’interactivité avec les participants soit maximale. Après la fête de la Résurrection, un suivi mystagogique de relecture est également mis sur pied, soit sur internet, avec une application WhatsApp ad hoc, soit par des rencontres de retrouvailles, afin que tous puissent continuer de vivre de l’Esprit du Ressuscité.