Jeunes prêtres, premiers pas…
« C’est comme avoir appris à nager avec des livres et être aussitôt jeté dans le grand bain ! » C’est par cette métaphore très imagée que le père Thomas Duthilleul décrit ses premiers pas dans le sacerdoce. Âgé de 33 ans, il a été ordonné il y a deux ans pour le diocèse de la capitale. Traditionnellement, le mois de juin est celui des ordinations sacerdotales en France. Comme chaque année, une grosse centaine d’hommes – ils étaient 130 l’an dernier – s’allongeront sur le sol d’une cathédrale, avant de se voir imposer les mains par leur évêque. À partir de ce moment, ils seront prêtres pour toujours. « Dès lors, le regard des gens change du tout au tout », se souvient le prêtre parisien.
Et si cette ordination est précédée de longues années – au minimum six – de séminaire, ce n’est pas pour autant que les jeunes prêtres sont entièrement préparés à leur tout nouveau ministère. « C’est une chose d’étudier le sacerdoce, mais s’en est une toute autre de l’exercer, souligne encore le père Duthilleul. Et entre les deux, il n’y a pas de transition ». Également ordonné prêtre en 2020, le père Aymar de Langautier abonde. « Le séminaire donne les compétences, mais ne prépare pas. »
Pour ce jeune prêtre du diocèse de Toulouse, le plus grand changement a été l’arrivée en paroisse, avec son rythme imposé. « Nous ne sommes pas du tout préparés à la gestion avec les paroissiens, à l’organisation de la semaine, à la relation avec notre curé, ou encore à recevoir des confidences parfois très lourdes. » Autant de défis nouveaux pour lui qui n’avait pas véritablement vécu d’insertion paroissiale au cours de son séminaire, comme cela peut se faire dans d’autres diocèses. Le père Pierre Poidevin, curé de Calais et ordonné prêtre en 2010, met ainsi en avant l’apport d’une année de stage en paroisse pendant ses études.
La joie de confesser
Toutefois, quand bien même un stage est réalisé, le jeune prêtre vit une réalité toute différente après son ordination. « Un séminariste me disait que plus l’ordination approche, plus il voit combien il est différent d’être en insertion et être prêtre. » En matière de sacrements, par exemple, tout ou presque reste à apprendre. « Il y a parfois beaucoup de fatigue », reconnaît le père Duthilleul.
Ce n’est pas pour autant qu’il ne trouve pas sa joie dans son ministère, bien au contraire. « La confession, par exemple, est très fatigante, mais elle est aussi source de grande joie, car on y voit ce que l’humanité a de plus beau : faire la vérité pour recevoir la lumière du Seigneur. » Des propos que les différents jeunes prêtres interrogés confirment. « J’aime beaucoup confesser, raconte le père de Langautier, car on y entend la misère humaine, mais c’est une vraie joie pastorale de voir le pardon de Dieu à l’œuvre. » Il se dit d’ailleurs « très impressionné de la confiance des paroissiens qui viennent déposer leurs fardeaux en toute simplicité ».
Avec dix années d’expérience de plus de ministère, le père Poidevin se réjouit lui aussi, avec les mêmes mots, de « voir Dieu à l’œuvre ». « Comme dans toute activité humaine il peut y avoir des soucis, mais nous avons cette grande chance d’accompagner les gens et de voir les merveilles de Dieu en eux. »
Autre source de joie pour les jeunes prêtres : leur contact plus facile avec les jeunes générations. « Il faut trouver notre place entre celle du grand frère et celle parfois trop distante associée au prêtre », s’amuse le prêtre toulousain. « Trouver la juste autorité pour célébrer la messe tout en conservant la proximité qui permet les confidences », résume-t-il. Le jeune prêtre est d’ailleurs fort actif dans sa mission vers les collégiens et lycéens et a rejoint les terrains de jeux de ces nouvelles générations : les réseaux sociaux.
« Priez pour les jeunes prêtres ! »
Présent sur YouTube (partage de vidéos) et Instagram (partage d’images et de photos), le père de Langautier a même réalisé une vidéo avec « Tibo InShape », une célébrité pour les jeunes, mais plutôt connue pour ses vidéos de musculation. « Il est de culture catholique et a réalisé plusieurs vidéos pour montrer que l’Église compte aussi des jeunes et qu’elle comporte de belles traditions », explique le prêtre qui est à l’origine de leur duo. Sous le titre Je deviens prêtre ! (pendant 24 heures), la séquence a été visionnée plus d’un million de fois. « Franchement je trouve ça super d’avoir des prêtres jeunes, dynamiques et qui vivent avec leur temps », réagit une personne en commentaire, tandis qu’une autre remercie pour cette « vidéo si simple, vive et respectueuse ».
Dans leur nouvelle vie de ministre ordonné, les jeunes prêtres soulignent aussi l’importance des amitiés avec des paroissiens. Nommé curé à Calais deux ans seulement après son ordination, le père Poidevin estime avoir réussi à être entouré d’une communauté « vraiment fraternelle » – tâche probablement d’autant plus difficile étant donné le drame migratoire permanent dans la ville. « Nous sommes vraiment une famille et il n’y a que dans l’Église qu’une telle diversité de personnes peut réussir à se parler. »
Ces amitiés, les jeunes prêtres les trouvent souvent particulièrement auprès de jeunes couples. « Jean-Paul II disait que les couples lui ont appris à aimer l’amour humain », raconte le curé calaisien. « Ces amitiés sont très précieuses pour les deux, tant le couple que le prêtre », confirme le père Duthilleul. Même son de cloche chez le père Langautier. « J’ai pu vivre de vraies amitiés avec des couples à qui j’ai pu me confier et avec qui j’ai pu entrer dans une véritable complémentarité prêtre-famille. »
Ce qui ne l’empêche pas de lancer un appel à tous les catholiques, jeunes ou non, en couple ou non : « Priez pour les jeunes prêtres ! Nous avons besoin d’une vraie prière de nos fidèles, la semaine peut parfois être bien plus lourde que ce que vous voyez le dimanche. Priez pour les jeunes prêtres afin que nous soyons saints ! ».