Jean-Paul II au moment de l'à-Dieu
Il est un peu plus de cinq heures quand les volontaires de la sécurité civile et les carabiniers ouvrent les barrières. Depuis la veille au soir, elles empêchent les pèlerins d’accéder à la place Saint-Pierre et à la grande avenue de la Conciliazione qui la prolonge.
Dès l’ouverture, ils sont des milliers à entrer sur la place Saint-Pierre, faisant flotter leurs drapeaux, en majorité rouge et blanc, aux couleurs de la Pologne. Après une nuit passée dehors et les longues heures de car pour gagner Rome, la fatigue est visible, mais la sérénité domine. La récitation du chapelet devant les écrans encore éteints remplace le petit déjeuner. Jeunes, adultes, scouts, religieux et religieuses, tous avancent sous le timide soleil naissant, cherchant une place, derrière les carrés réservés aux officiels.
A 08h00 l’avenue de la Conciliazione est comble, les rues adjacentes aussi. De nombreux fidèles se dirigent vers les écrans géants installés dans d’autres quartiers de la ville : la grande Piazza del Popolo et le Circo Massimo se remplissent.
La présence des services de sécurité se renforce : le ballet des convois diplomatiques, escortés de motards, commence. Les hélicoptères sillonnent le ciel. Les journalistes, par milliers, ont pris place sur les échafaudages montés à leur intention, ou sur les terrasses dominant les colonnades de la place Saint-Pierre.
Dès 08h30, le Préfet de la Maison pontificale, commence à accueillir les quelque 200 personnalités attendues : 14 souverains régnants, 57 chefs d’Etat, 17 chefs de gouvernement sont, entre autres, annoncés. Dans ce rassemblement incroyable, où le roi Letsie III du Lesotho côtoie le grand maître de l’Ordre de Malte et le président israélien Moshe Katsav, on remarque le roi Abdallah de Jordanie, le président syrien Bachar El Assad, l’afghan Ahmid Karzaï ou encore l’iranien Mohamed Khatami. Objet de toutes les attentions des services de sécurité, la délégation des Etats-Unis comprend George W. Bush, son père, Bill Clinton et Condoleeza Rice.
« Ça m’a beaucoup marqué de voir des chefs d’Etat, très libres de faire des choses qu’ils n’auraient pas pu faire dans d’autres contextes », dira ensuite un officiel du Vatican qui se trouvait proche des délégations pendant la messe. « Ils n’avaient pas peur d’une lecture politique » de leur présence. « C’est un contexte de paix » qui a régné autour de Jean-Paul II, a-t-il ajouté.
Tandis que les grands de ce monde prennent place à droite de l’autel, les évêques s’installent sur la gauche. A leurs côtés une représentation sans précédent des Eglises orthodoxes : le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomé Ier, côtoie le catholicos arménien Karekine II et les représentants des patriarcats grecs-orthodoxes et du patriarcat de Moscou. Rowan Williams, le primat de l’Eglise anglicane est également là, de même que plusieurs délégations de protestants : luthériens, méthodistes et baptistes. Il y a aussi de nombreux représentants de confession juive, parmi lesquels l’ancien rabbin de Rome, Elio Toaff, grand ami de Jean-Paul II, et des délégations musulmanes, bouddhistes, sikhs et hindouistes.
Pendant que prennent place les officiels, une célébration a lieu en privé dans la basilique : le corps de Jean-Paul II est mis en bière devant une quinzaine de proches. On donne lecture de l’éloge funèbre, qui est ensuite inséré dans un tube métallique scellé aux armes du Pape et déposé dans le cercueil, avec les médailles frappées au cours du pontificat. Le texte débute ainsi : « Dans la lumière du Christ ressuscité des morts, le 2 avril de l’année du Seigneur 2005 à 21h37 du soir, alors que le samedi arrivait à son terme, et que nous étions déjà entrés dans le “jour du Seigneur”, Octave de Pâques et dimanche de la Divine Miséricorde, le pasteur bien-aimé de l’Eglise, Jean-Paul II, est passé de ce monde au Père. » Il est daté du 15e jour du 5e mois de la 26e année de pontificat de Jean-Paul II, soit le jour de sa mort. Au cours de la brève liturgie, Mgr Dziwisz, le secrétaire de Jean-Paul II, recouvre d’un voile blanc le visage du Pape défunt, son regard étant désormais posé sur la vie céleste, puis le cercueil de cyprès, simplement orné d’une croix et du “M” de Marie, est fermé.
Vers 9h45, le bourdon de Saint-Pierre sonne le glas et la procession, qu’ont rejoint tous les cardinaux, apparaît au public.
Au centre du parvis a été installé un grand autel recouvert de rouge. Devant, un tapis rouge, sur lequel a été déposé le cierge pascal. Pourpre aussi le rideau tendu devant la porte centrale de la basilique, sur lequel on a accroché une image du Christ ressuscité.
Le cercueil, nu, est posé à même le tapis, comme ce fut le cas pour celui de Paul VI. Le maître des célébrations liturgiques, visiblement très ému, vient poser dessus l’Evangile ouvert. Au cours des trois heures de messe, le vent fera tourner les pages dans un sens puis dans l’autre, avant de refermer le livre.
C’est le doyen des cardinaux, compagnon de longue date de Jean Paul II, le cardinal Ratzinger, qui préside la célébration. Sa voix est rauque quand il prononce son homélie. La foule manifeste sa communion en l’interrompant plus de dix fois par des applaudissements. Et c’est une vague d’émotion qui submerge les fidèles quand le cardinal allemand termine par ces mots: « Pour nous tous demeure inoubliable la manière dont en ce dernier dimanche de Pâques de son existence, le Saint-Père, marqué par la souffrance, s’est montré encore une fois à la fenêtre du Palais apostolique et a donné une dernière fois la Bénédiction Urbi et Orbi. Nous pouvons être sûrs que notre Pape bien-aimé est maintenant à la fenêtre de la maison du Père, qu’il nous voit et qu’il nous bénit. Oui, puisses-tu nous bénir, Très Saint Père (…) ».
A la fin de la messe, une longue litanie des saints, accompagne l’hommage de la ville de Rome à son évêque. Puis ce sont les Eglises Orientales, par la voix du chœur grec, qui prient pour le défunt. Le cardinal Ratzinger revient asperger le cercueil d’eau bénite et les douze porteurs l’enlèvent. Malgré la présence de centaines de milliers de personnes, la place est silencieuse. Quand, une dernière fois, le cercueil marque une station devant la porte de Saint-Pierre, avant de disparaître à jamais aux regards des fidèles, les larmes roulent sur la plupart des visages. Et puis les applaudissements reviennent, lents et puissants. Ils continueront de longues minutes, couvrant le glas, pour dire que l’espérance et la gratitude sont plus fortes que les larmes.
Questionnaire Saint-Antoine
Jean-Paul II a dit :
Saint Antoine, c’est…
Si lumineux fut son témoignage que, lors de mon pèlerinage à son sanctuaire à Padoue, le 12 septembre 1982, j’ai voulu moi aussi le présenter à l’Eglise… avec l’appellation “d’homme évangélique”.
Toute sa prédication fut une annonce continuelle et inlassable de l’Evangile. Une annonce véritable, courageuse, limpide… sa manière d’allumer la foi dans les âmes, de les purifier, de les consoler, de les éclairer.
Padoue évoque…
… le centre de la dévotion à saint Antoine.
La nouvelle évangélisation
Sa prédication, ses écrits et surtout la sainteté de sa vie donnent aux hommes de notre temps des indications très vivantes et stimulantes (en vue de) la nouvelle évangélisation.
Aujourd’hui, comme alors, nous avons un urgent besoin d’une catéchèse renouvelée, fondée sur la Parole de Dieu, spécialement sur les Evangiles, pour faire comprendre à nouveau au monde chrétien la valeur de la Révélation et de la foi.
Modèle de catéchèse
Il employa tous les moyens scientifiques que l’on connaissait alors pour approfondir la connaissance de la vérité évangélique et rendre son annonce plus compréhensible.
Il sut parler le langage même de ses auditeurs, réussissant à transmettre d’une manière efficace le contenu de la foi et à faire accueillir les valeurs de l’Evangile dans la culture populaire de son temps.