Jacinta et Francisco Marto, bienheureux

Dimanche 13 mai 1917, Cova da Iria Après la messe, trois petits enfants, Lucia, Jacinta et Francisco, gardent des brebis. Le ciel est bleu, mais tout à coup ils voient un éclair. Craignant l’orage, ils regroupent leur troupeau et s’acheminent vers leur village d’Aljustrel. Mais un deuxième éclair les saisit et voici, devant leurs yeux, une vision unique: «Sur un chêne vert, une femme, tout de blanc vêtue, plus brillante que le soleil, rayonnant de tous côtés d’une lumière plus claire et intense qu’un verre de cristal. » Devinant leur crainte, elle leur dit: «N’ayez pas peur!» Elle ne dit pas son nom, mais se présente comme envoyée de Dieu et leur demande de prier et d’offrir leurs vies pour la conversion des pécheurs. Avant de disparaître, elle leur enjoint de revenir le 13 du mois suivant. Les enfants, étonnés par cette vision, ont d’abord pensé ne rien dire à leurs parents. Mais la petite Jacinta ne peut étouffer ce qu’elle a dans son cœur et… à la fin de la journée, à Aljustrel on ne parle que de cela. Il faut cependant attendre le prochain mois…
Le 13 juin, les trois petits enfants et quelques autres personnes sont là, devant le petit chêne vert sur lequel la femme était apparue. Elle revient et, cette fois, « Je veux, dit-elle, établir la dévotion à mon Cœur Immaculé. » Et de nouveau, elle fixe une nouvelle rencontre pour le 13 du mois suivant. Personne n’a entendu ni vu ce que les enfants racontent, mais on ressent autour d’eux une étrange atmosphère.
Le 13 juillet, ceux qui sont venus voir la femme habillée de blanc forment déjà un groupe considérable. Devant le petit arbre, ils ont commencé par réciter le Rosaire et à douze heures précises, comme d’habitude, un éclair se produit et la Dame réapparaît. Cette fois, elle leur annonce une révélation pour le mois d’octobre ; ouvrant ses mains, elle montre aux trois petits enfants ce qu’est la souffrance de l’Enfer. On entend Lucia crier d’effroi…
Au mois d’août, l’événement est différent. Le Préfet vient enlever les trois enfants et les amène chez lui. À 12 heures, on entend l’éclair, mais les petits enfants ne sont pas présents. Finalement, la rencontre mensuelle avec la Vierge n’aura lieu que quelques jours plus tard, le 19 août.
Le 13 septembre, plus de 25 000 personnes se sont amassées autour du petit arbre. On commence la prière… et à 12 heures, la Vierge apparaît. Cette fois, elle parle de la fin de la guerre et annonce sa grande révélation pour le prochain mois.
Le 13 octobre 1917, plus de 50 000 personnes entourent les enfants priant devant le chêne vert. La Vierge évoque une nouvelle fois la fin de la guerre, demande plus de prière et plus de pénitence et, au moment où elle s’élève vers le ciel, le soleil apparaît, prend la forme d’un disque, commence à tourner sur lui-même, tombe pour trois fois vers l’horizon et différentes couleurs apparaissent dans tout le ciel. Pendant 15 minutes, le lieu de l’apparition se transforme en un spectacle de joie et de fête. Les trois enfants ne voient pas ce spectacle, mais ils ont la vision de saint Joseph, de la Vierge et de l’Enfant Jésus bénissant le monde entier…

Six mois d’épreuves Pendant les six mois que durèrent les apparitions, les trois enfants eurent beaucoup à souffrir. D’une part, les parents et les gens du village les croyaient fous, les traitaient de menteurs et le curé les interrogeait sans cesse pour en finir avec tout ce qu’on racontait sur les apparitions. D’autre part, les enfants revenaient sans cesse sur ce que la Vierge leur avait demandé et s’imposaient des sacrifices corporels très lourds pour de petits enfants.
Mais on leur faisait confiance en raison de l’honnêteté de leurs familles, de la simplicité de leurs vies, de leur charité envers les plus pauvres, de la sincérité de leurs propos. Le témoignage des trois enfants était pour tous une preuve de l’authenticité des apparitions.

Que demande la Vierge à Fatima? L’Eglise et les théologiens se penchent actuellement sur le contenu du message de Fatima, dont voici l’essentiel.
Fatima présente dans une forme populaire la vraie doctrine catholique sur le rôle de Marie et la piété mariale.
La Vierge rappelle l’essentiel du dogme catholique et de l’Evangile. Le message de Fatima est, en effet, un appel très fort à la conversion, à la prière et à la pénitence. Et cet appel s’inscrit dans la logique de l’Evangile, car il ne fait que répéter les paroles de Jésus au début de sa vie publique : « Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche ! Changez de comportement et croyez à la Bonne Nouvelle » ( Mc 1, 15).
Au moment où le Pape appelle à une nouvelle évangélisation, on reconnaît la nécessité de cette conversion intérieure et totale. Une conversion qui est reconnaissance de nos limites et du pouvoir de Dieu et dont le message de Fatima montre la pédagogie et le chemin : la Vierge parle à de petits enfants, parce que la conversion passe, aussi, par la simplicité, la vérité, la confiance des enfants.
Et le message de Fatima est intérieur, car il se vit dans la prière, l’écoute de la voix de Dieu, la concentration et la réflexion intérieures et profondes. Le message de Fatima est un message actuel pour notre temps.

 Aujourd’hui à Fatima. La basilique C’est le 28 avril 1919, deux ans après les apparitions, que l’on commença la construction d’une chapelle, comme la Vierge l’avait demandé. La première messe y fut célébrée le 13 octobre 1921. Depuis, une intense vie pastorale s’est développée autour du lieu des apparitions.
Très vite, en raison du nombre de plus en plus grand de pèlerins, s’imposèrent la construction des maisons d’accueil, d’une assistance médicale et d’une basilique. En même temps une pastorale s’organisa autour des points essentiels du message de Fatima: la conversion, la pénitence et la prière. Avant d’être un lieu de pèlerinage, Fatima est, en effet, un lieu de prière, de silence et de spiritualité.
Les pèlerinages Le temps fort de Fatima est la période de mai à octobre. Les grands pèlerinages du 12 et 13 de chaque mois réunissent parfois 500 000 pèlerins. Ils commencent par la veillée, le soir du 12, avec célébration de l’Eucharistie et la procession aux flambeaux – l’ambiance nocturne favorise la sérénité, le recueillement et la prière. Suivent, pendant toute la nuit, différents moments de prière. La journée du 13 s’ouvre à 7 heures, avec la procession du Saint-Sacrement, la récitation du Rosaire et l’Eucharistie. Pendant tout ce temps, les pèlerins peuvent se réconcilier avec Dieu par la confession.
En dehors de ce temps fort, les 12 et 13 de tous les mois de l’année sont célébrés par la célébration de l’Eucharistie.
Le Rosaire D’autre part, le Rosaire y est prié tous les jours. Tous les soirs à 18h 30, il est transmis par la radio nationale.
La prière des humbles Une des caractéristiques de Fatima est d’être un lieu privilégié d’expression de la foi spontanée et simple des chrétiens. Il est fréquent en effet de voir des personnes de tous âges et conditions accomplir leurs promesses (vœux et pratiques en vue d’obtenir des grâces particulières), priant devant l’image de la Vierge ou faisant le tour de la Chapelle des Apparitions.
A Fatima, un des points forts de la pastorale est également la prière pour les malades. Des milliers de malades passent chaque année au sanctuaire. Les bénédictions des malades à la fin de chaque messe sont souvent suivies de rencontres et de moments de réflexion avec ceux qui les accompagnent.

Quel avenir pour Fatima? Au moment où nous vivons la joie de la béatification des voyants Jacinta et Francisco Marto, la vie de Fatima se projette vers l’avenir par deux événements : la construction d’une nouvelle basilique et l’approfondissement de la théologie des apparitions. La basilique sera souterraine et pourra contenir plus de 10000 places. Ce sera le grand événement de l’année 2002. En même temps, la théologie s’applique à mieux connaître le sens des apparitions et de leur message. Certains signes ne sont pas encore suffisamment approfondis. Pour bien les comprendre, théologiens et fidèles sont surtout appelés à vivre sur place l’ambiance spirituelle qui y règne depuis plus de 80 ans.