Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir
Grand trésor est l’aumône ! Le diacre saint Laurent a dit : « Les richesses de l’Eglise son déposées dans le trésor céleste des mains des pauvres. » Amasse des trésors dans le ciel, celui qui donne au Christ ; donne au Christ, celui qui distribue au pauvre : « Ce que vous avez fait à l’un des moindres de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40). (Saint Antoine, Sermon du mercredi des Cendres.)
J’allais présenter le bilan de la Caritas Saint-Antoine 2002, lorsque j’ai pris connaissance du message de Jean-Paul II pour le Carême 2003. Un message qui se veut un appel au partage, « devant le spectacle désolant de la pauvreté persistante qui afflige une si grande part de la population mondiale », mais également une dénonciation de « l’amour de l’argent, racine de tous les maux » (cf. 1 Tm 6,10). « L’argent, en effet, empêche la créature humaine de s’ouvrir au Créateur et à ses semblables. Seul un amour, à l’image et aux dimensions de celui du Christ, est capable de transformer nos cœurs et de nous faire chercher le bien véritable de nos frères. »
En égrenant les 160 interventions de la Caritas Saint-Antoine en 2003, je me suis dit : nous sommes donc en syntonie avec ce que demande le Pape. Un grand nombre de lecteurs du Messager et d’amis de saint Antoine se sont privés, en écoutant leur cœur ou en pratiquant le jeûne chrétien, du nécessaire, pour le donner à celui qui en a besoin. Grâce à ces dons, pour reprendre une image chère à saint Antoine, l’amandier a refleuri après les rigueurs de l’hiver et le cœur de nombreux pauvres a retrouvé la joie. Mais attention, dit le Pape, même le don peut être entaché d’égoïsme, si nous faisons l’aumône pour être vus ou pour en obtenir reconnaissance ; même des non-chrétiens ou des non-croyants peuvent, par compassion naturelle, nous dépasser en générosité… » Soyons donc ouverts, généreux, mais humbles et désintéressés, soucieux de tout homme, quels que soient son pays, la couleur de sa peau, la plaie dont il souffre, la douleur qu’il porte dans son cœur.
Le Carême est un temps durant lequel nous serons sollicités et, malgré notre volonté, nous ne pourrons pas répondre à tous. Il est surtout un temps durant lequel nous pouvons réfléchir à la qualité de notre compassion et de nos dons, «confronter notre vie, comme dit le Pape, avec la Parole de Dieu qui éclaire notre route de croyants ».
De cette Parole, il nous trace lui-même les pistes :
– le don gratuit : « Le Fils de Dieu nous a aimés le premier »… sans rien exiger de nous (cf. Rm 5,8) ;
– la joie de donner : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20,35) ;
– les armes du jeûne et de l’aumône. Grâce a elles, nous maîtrisons nos besoins et l’emploi de notre argent ; nous faisons l’expérience de la pauvreté ; nous nous rendons proches, donc plus secourables, de ceux qui souffrent la maladie, la faim et la soif…