Humbles et pacifiques
La parole de Dieu
Quand le sabbat fut passé,
Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé
achetèrent des aromates
pour aller oindre le corps [de Jésus].
Et de grand matin,
le premier jour de la semaine,
elles vont à la tombe,
le soleil s’étant levé.
Mc 16, 1-2
La parole de saint Antoine
Marie-Madeleine, dont le nom vient de Magdala, qui signifie « tour », c’est l’humilité de l’âme qui s’élève comme une tour, quand elle se considère un rien.
« Elle se tenait près du tombeau. » Le tombeau rappelle la pensée de la mort. L’humble pénitent se maintient assidu à la pensée de sa mort afin que, lorsqu’elle vient, elle le trouve en train de veiller (Lc 12, 37).
Elle se tient « dehors, en pleurs » : l’âme du pénitent pleure ses œuvres qui, à cause du péché, sont mortes.
« On détruit en peu de temps, dit un ancien philosophe, ce qu’on a mis longtemps à construire ! »
À Marie-Madeleine, l’humilité, s’associe parfaitement Marie, mère de Jacques, qui symbolise le mépris du monde.
Celui-ci considère toute chose passagère comme de la boue et purifie le levain de la vie antérieure. Le levain, dont le nom vient de « bouillonnement », c’est le désir des choses terrestres et de la chair qui, lorsqu’ils commencent à « bouillir », outrepassent toute mesure. L’avare n’est jamais saturé d’argent ni le luxurieux des plaisirs de la chair. « Purifiez-vous, donc, du vieux levain », dit saint Paul (1 Co 5, 7).
À ces deux femmes s’ajoute Salomé qui représente la joie de la paix. La paix entre frères, entre voisins et entre mari et femme… De cette triple paix naît la joie pour Dieu et ses anges et le bonheur pour les hommes. « Voyez, dit le Prophète, qu’il est bon, qu’il est doux d’habiter en frères tous ensemble (Ps 132, 1).
Ces pieuses femmes se hâtent d’acheter les aromates pour aller oindre le corps de Jésus. Elles s’activaient, comme s’activent les abeilles à produire la cire et le miel.
Pâque du Seigneur
Pour aller plus loin
Trois femmes, trois noms, trois vertus résument les attitudes que doit avoir quiconque s’approche du corps du Christ : pour l’honorer et le conserver, grâce aux arômes, pour le recevoir, vivant dans l’eucharistie, ou pour vivre son enseignement d’amour.
C’est la manière, en apparence simple, mais en fait riche et docte, par laquelle Antoine nous fait goûter chaque passage de l’Écriture.
Manière riche et nourrissante pour la vie spirituelle. Quoi de plus beau, en effet, que l’humilité, racine de toutes les vertus ? Quoi de plus important que de savoir juger des biens de la vie à leur juste valeur, pour ne pas nous tromper sur le sens de notre courte vie ?
Manière docte, car les commentaires d’Antoine s’inspirent de l’exégèse spirituelle des Pères de l’Église qui sait voir en toute chose un symbole de la vie spirituelle, un échelon pour monter vers Dieu.
Ainsi, Magdala, ville d’origine de Marie-« Madeleine », vient de l’hébreu migdāl, qui signifie « tour », et la tour renvoie aisément à l’humilité, car « qui s’abaisse sera exalté… ».
De même, Jacques (ou Jacob), qui a remplacé son frère Esaü pour son droit de progéniture, vient de ‘ācab, « tromper », et renvoie aux vices que nous devons piétiner pour trouver le juste chemin. Salomé, de l’hébraïque šlm, « paix », nous apprend l’amour que nous devons pratiquer pour avoir la paix et la joie.
Ainsi, à l’école d’Antoine, chaque mot renvoyant à sa signification, et la signification renvoyant à l’application spirituelle, devient pour nous une vraie nourriture pour la foi et la vie chrétienne.