Genève : une ville au visage oecuménique
A la suite de phénomènes migratoires, les protestants sont devenus minoritaires à Genève. Cela aurait pu les amener à un repli sur eux-mêmes, note Maurice Gardiol, modérateur de la Compagnie des pasteurs et des diacres. Mais, ajoute-t-il, la majorité d’entre eux se sont, au contraire, ouverts aux autres.
Il y a un œcuménisme qui s’est surtout construit à la base et reste solide grâce à cette base. En effet, le culte catholique a été rétabli à l’orée du XIXe siècle, dans une cité de Calvin alors sous occupation française. En 1815, pour être rattachée à la Suisse, Genève a dû absorber 22 communes voisines, ce qui a accru la population catholique de 17 000 âmes. En 1860, celle-ci était déjà légèrement majoritaire. Sous l’influence du Kulturkampf, elle fut bientôt victime de ce qu’on appelle une persécution religieuse avec, en 1872, l’expulsion du futur cardinal Mermillod qui joua une part très importante dans la préparation de l’encyclique Rerum novarum de Léon XIII. Elle s’organisa pour se défendre, créant à cette fin, par exemple, le journal Le Courrier en 1868. Aujourd’hui, l’Eglise catholique romaine compte deux fois plus de fidèles que l’Eglise protestante.
Foyers mixtes et cohabitation
Aussi les responsables des trois Eglises reconnues se réunissent-ils régulièrement, en particulier pour gérer en commun les relations avec l’Etat. Ils doivent faire face au même défi : l’argent.
Une Eglise à visage international
Chaque année, en juin, des enfants portugais, robe blanche pour les filles, pantalon sombre, gilet et cravate ou nœud papillon pour les garçons, remplissent l’église de Sainte-Clotilde pour leur profession de foi. On compte environ 30000 portugais à Genève, 3000 Brésiliens, 1500 Angolais, un millier de Mozambicains et autant de ressortissants du Cap-Vert. Quelques 7000 fidèles participent chaque fin de semaine à l’une des sept messes, dans l’église ou la salle paroissiale.
Les Portugais sont venus en Suisse pour travailler dans le bâtiment, l’hôtellerie et la restauration ou l’agriculture, avec l’idée de retourner au pays au bout de quelques années, explique le Père Rodenei Sierpinski, un jeune prêtre brésilien au service de la Communauté catholique de langue portugaise. Très attachés à l’Eglise, ils observent les traditions religieuses et culturelles. Parmi les Brésiliens, un certain nombre sont mariés avec des Suisses, mais la plupart n’ont pas de permis et se trouvent dans une situation précaire. Les Africains que nous connaissons ont une certaine stabilité ici. Il y a encore, de l’autre côté de la ville, la Mission italienne qui vient de fêter ses 100 ans, des missions des pays de l’Est, la Communauté de langue allemande et une communauté anglophone.
D’autres confessions chrétiennes ont également des communautés étrangères, par exemple, l’Eglise apostolique arménienne, l’Eglise copte orthodoxe, l’Eglise orthodoxe roumaine, l’Eglise anglicane, l’Eglise américaine épiscopalienne, l’Eglise protestante coréenne, l’Eglise protestante évangélique africaine… Une véritable Eglise à visage international.
Meyrin l’œcuménique
Bruna Bugnon-Millaci
Meyrin, dans la périphérie genevoise, compte 20 000 âmes provenant de plus de 110 pays. Au coeur de la cité, un Centre paroissial œcuménique, le C. P. O. M.
Meyrin, dans la périphérie genevoise, compte 20 000 âmes provenant de plus de 110 pays.
Au coeur de la cité, un Centre paroissial œcuménique, le CPOM où catholiques de la paroisse de la Visitation et protestants de la paroisse de Meyrin vivent leur foi sous le même toit. Un grand foyer, lieu des célébrations communes, est au centre des 4 000 m2 occupés par ce Centre. On y trouve en outre l’église catholique de 300 places et le temple réformé de 100 places.
La petite chapelle de l’Emmanuel est ouverte toute la journée…
Tout en favorisant le dialogue, et les échanges, chaque communauté fonctionne de manière indépendante, assurant son propre financement. Actuellement, l’abbé Jean-Paul de Sury, curé de la Visitation, et Jean Biondina, pasteur protestant, officient de concert. Le centre travaille aussi depuis 15 ans avec l’Eglise évangélique de Meyrin.
Trois confessions et une même foi, c’est une richesse extraordinaire, dont nous ne pourrions plus nous séparer , atteste Philippe Bonte, du Conseil pastoral.