Foi et science unies par l’humilité
« La science pure est un bien, digne d’être très aimé, car elle est connaissance et donc perfection de l’homme dans son intelligence ». Ces paroles de Jean-Paul II prononcées en 1979 en commémoration de la naissance d’Einstein coupent court aux raccourcis prétendant que la science et la foi ne font pas bon ménage. Science et foi constituent deux approches différentes de la même vérité. Le progrès de la science, selon le saint polonais, est « la connaissance de la vérité présente dans le mystère de l’univers ».
Fondamentalement, la tâche de la science est de rechercher la vérité. La science recouvre aussi bien l’astronomie, la chimie, la botanique, les sciences naturelles, l’agronomie, que les mathématiques, la physique ou encore la génétique. Elle est nécessaire à l’humanité, soutient Jean-Paul II, « pour satisfaire les justes exigences de la vie, et pour vaincre les différents maux qui la menacent ».
La science, inspirée par la recherche du bien de l’humanité et de la sagesse, rend tant de services à l’homme. L’Église sait pertinemment qu’elle a bénéficié de la science. Elle reconnaît l’enrichissement mutuel de la science et de la foi dans leur recherche de l’intérêt des hommes. Grâce aux sciences, la compréhension du caractère unique de la place de l’humanité dans le cosmos a été approfondie.
Deux amies
Pour Jean-Paul II, la vérité de la science, « qui est en soi une participation à la Vérité divine », peut « aider la philosophie et la théologie à comprendre de plus en plus pleinement la personne humaine et la Révélation de Dieu à propos de l’homme, une Révélation complétée et parfaite en Jésus Christ ». La collaboration de la science et de la foi est bonne. « Celui qui s’efforce, avec persévérance et humilité, de pénétrer le secret des choses, celui-là, même s’il n’en a pas conscience, est comme conduit par la main de Dieu », assurent les Pères conciliaires dans Gaudium et Spes.
L’humilité sur laquelle insiste le Concile Vatican II « est une vertu de l’esprit nécessaire aussi bien pour la recherche scientifique que pour l’adhésion à la foi ». Dans sa recherche scientifique, le mathématicien, physi-
cien et astronome italien Galilée ressentait la présence du Créateur : celle-ci le stimulait, aidait ses intuitions et agissait au plus profond de son être. Galilée voyait la nature comme un livre écrit par Dieu, de la même manière que l’Écriture a Dieu pour auteur. C’est un livre dont on lit l’histoire, l’évolution et le sens selon les différentes approches des sciences.
Jean-Paul II ajoutait que Galilée, « appelé à juste titre le fondateur de la physique moderne a déclaré explicitement que les deux vérités, de foi et de science, ne peuvent jamais se contredire, “l’Écriture sainte et la nature procédant également du Verbe divin” ». Si par le passé, le monde de la science a pu s’estimer autosuffisant et se méfiant des valeurs religieuses, il semble que la science prenne davantage conscience de la réalité de plus en plus complexe du monde et de l’être humain.
Le pape François confie que l’Église ne s’attend pas à ce que la science respecte uniquement les principes d’éthique, héritage inestimable du genre humain, mais en attend un service positif, une « charité du savoir » de la part de tous les amis de la science à qui les clés de la connaissance ont été confiées. Le désir de connaître la nature s’est peu à peu transformé en volonté de la reproduire. Ce changement, aux yeux de Benoît XVI, « n’a pas été indolore : l’évolution des concepts a entaché la relation entre la fides et la ratio, avec la conséquence de conduire l’une et l’autre à suivre des voies différentes ».
Pour une croissance de l’homme
La religion ne disparaît pas au fur et à mesure que la science fait des découvertes et la science n’est pas immuable, elle est en perpétuelle évolution. C’est ainsi que le dialogue et le discernement sont indispensables, en particulier lorsque l’horizon scientifique pose des défis décisifs concernant l’humanité tout entière. En d’autres termes, « l’homme d’aujourd’hui semble toujours menacé par ce qu’il fabrique », peut-on lire dans Redemptor hominis de Jean-Paul II. Or, l’homme « doit retrouver sa pleine domination sur les choses qu’il produit », poursuit le saint pape. Sans oublier que la science doit permettre la croissance de l’homme et de tout l’homme.
Prévoir, contrôler, diriger et commander la nature grâce à la science sont bien plus réalisables aujourd’hui que par le passé. Cela rejoint une partie du dessein du Créateur. En recevant les participants à la plénière de l’Académie pontificale des sciences, Benoît XVI leur avait rappelé que pour se développer et évoluer, le monde devait « d’abord être, et il doit donc passer du néant à l’être. Il doit être créé, en d’autres termes, par le premier Être qui est tel par essence ». « La raison et la foi sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever jusqu’à la contemplation de la vérité », avait affirmé avec force Jean-Paul II. La foi et la raison sont au service de l’unique vérité par deux approches distinctes mais nullement opposées.