Foi de Nicodème
La Parole de Dieu
Il y avait parmi les Pharisiens un homme
du nom de Nicodème,
un notable juif.
Il vint de nuit trouver Jésus et lui dit :
« Rabbi, nous le savons,
tu viens de la part de Dieu comme un Maître :
personne ne peut faire les signes que tu fais,
si Dieu n’est pas avec lui ».
Jésus répondit :
« En vérité, en vérité, je te le dis,
à moins de naître de nouveau,
nul ne peut voir le Royaume de Dieu »…
(Jn 3, 1-3).
La Parole de saint Antoine
Il y avait parmi les Pharisiens un homme du nom de Nicodème.
Nicodème est croyant et reconnaît que le Christ est venu de Dieu, à cause des miracles qu’il a vus. Mais il n’est pas encore né de nouveau.
Il vient de nuit, non de jour, parce qu’il n’est pas encore illuminé par la lumière céleste. Ou bien vient-il de nuit, parce que, étant maître en Israël, il a honte d’être instruit par Jésus au grand jour. Il a cependant remarqué de vrais signes de la part de Jésus, et cherche à approfondir les mystères de la foi ; il est alors instruit sur la deuxième naissance, la divinité du Christ, sa Passion et sa Résurrection, son Ascension et sur bien d’autres sujets.
Nicodème est le modèle de ceux qui croient parfaitement, mais n’ont pas encore la lumière des œuvres parfaites. Ils jouissent, par la seule foi, du colloque du Christ, mais n’ont pas le soutien des bonnes œuvres.
Ils ressemblent au hibou dont la vue est faible en plein jour mais qui voit clairement la nuit. Le chrétien qui porte le nom du Christ mais n’en possède pas l’humilité et l’amour, ne possède pas la lumière des bonnes œuvres ; la nuit, par contre, il voit très distinctement, car « les fils de ce monde sont plus avisés que les fils de la lumière » (Lc 16, 8).
Que de justes, les démons ne trompent-ils pas par le hibou de la flatterie ! Par exemple, le paroissien, qui pratique l’usure et craint d’être accusé ou excommunié, offre à son curé des présents ou lui promet de services ; et le prélat qui croyait le prendre en est pris à son tour. « La flûte joue une chanson agréable, tandis l’oiseleur trompe l’oiseau », dit le poète.
Pour aller plus loin
Aujourd’hui encore, la liturgie propose ce même passage de Jean pour la fête de La Croix glorieuse (14 septembre), mais le commentaire d’Antoine se déploie sur un ensemble de sujets qui vont du rappel du baptême, la nouvelle naissance ; aux conséquences de la foi pour le chrétien baptisé, à l’Ascension du Seigneur (« nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel ») ; le serpent d’airain, symbole de la Croix qui sauve ; le regard vers la Croix, nouvel arbre de vie ; les fruits de grâce et de bonheur qui découlent de la Croix pour toute âme croyante. C’est dire la richesse d’enseignements que nous transmet Antoine à partir de ce seul texte de Jean.
La foi imparfaite. C’est celle dont se contentent encore aujourd’hui de nombreux baptisés. Du chrétien ils n’ont que le son du mot, de même que le nom du hibou vient de son cri ; ils n’en possèdent pas la réalité, c’est-à-dire l’humilité et l’amour… et leur vie est creuse, vide, comme un beau vase qui se glorifie du nom d’une grande marque, mais n’apporte rien.
Ces chrétiens n’osent pas vivre au grand jour ; en revanche, ils sont à l’aise la nuit, avec leurs congénères, les fils des ténèbres, et tels de pauvres oiseaux qui se prennent aux charmes du monde, deviennent la proie facile de plus malins qu’eux.
La foi parfaite. C’est celle qui va à la rencontre de Jésus, la nuit s’il le faut, pour pouvoir ensuite marcher au grand jour et montrer, par des œuvres concrètes de service et de don de soi, qu’ils sont du Christ, humilité et amour.