Filippo et Filippino Lippi

Le peintre Filippo Lippi est au cœur de cette exposition qui propose de découvrir un lumineux fragment d’histoire de la ville de Prato située à quinze kilomètres au nord de Florence. Au XIV^e siècle, enrichie par le textile, la cité, à l’instar de sa prestigieuse, voisine décide de s’embellir : construction d’une cathédrale, de couvents, de chapelles et de tombeaux. Les commandes privées et religieuses attirent architectes, sculpteurs et peintres. Filippo Lippi est le chef de file et son atelier peuplés d’assistants et de disciples tourne à plein régime. Parmi ses élèves, un certain Botticelli. L’époque est à la recherche de solutions pour représenter l’espace par la géométrie et la couleur et surtout, caractériser les figures humaines. Chaque sainte, chaque saint pourrait être un portrait, l’enfant Jésus est d’abord un nouveau-né emmailloté et la Vierge, une jeune mère pleine de tendresse.



La Vierge à la ceinture

La majorité des œuvres présentées proviennent de la pinacothèque de Prato fermée pour travaux. Ainsi peut-on admirer, entre autres, trois grandes compositions religieuses de Filippo Lippi assisté de son élève, Fra Diamante, jamais sorties d’Italie auparavant. La Vierge à la ceinture entre saint Thomas et Bartolomea de Bovacchiesi et les saints Grégoire, Augustin, Tobie, Marguerite et l’archange Raphaël était le panneau principal d’un retable réalisé pour le maître-autel du couvent Santa Margarita. Cette iconographie assez rare est caractéristique de Prato. En effet, la cathédrale conserve depuis le XIII^e siècle, la ceinture de la Vierge, une relique particulièrement vénérée puisqu’elle aurait entourée le ventre de Marie enceinte. Elle aurait été rapportée de Jérusalem par le marchand Michele Dagomari en 1141 qui l’aurait reçue en dot du père de son épouse en Palestine. Dans ce tableau peint vers 1456-1465, les historiens identifient en sainte Marguerite, la belle Lucrezia Buti, la religieuse enlevée par Filippo avec laquelle il fonda sa famille. Leur fils, Filippino, donnerait ses traits à Tobie.

Peintre également, Filippino, d’après les deux seuls tableaux présentés dans l’exposition, semble hésiter entre la manière de son père et celle de Botticelli dont il est l’élève à partir de 1472. Malheureusement, il n’atteint ni l’aisance de l’un ni la grâce de l’autre.

Outre les œuvres des Lippi, père et fils, le visiteur découvrira un Uccello, un Signorelli, un admirable buste en terre cuite de saint Laurent d’un anonyme florentin et un tondo, panneau circulaire à usage privé, représentant une Vierge à l’enfant avec saint Jean-Baptiste de Botticelli.

L’exposition s’achève avec les premières œuvres maniéristes notamment de

Giovanni Maria Butteri. C’est aussi la fin de la période brillantissime de Prato. En effet, la ville, bien trop proche de Florence, fut bientôt réduite à n’être qu’un satellite de la cité des Médicis.



INFOS

Musée du Luxembourg,

jusqu’au 2 août.

19, rue de Vaugirard, Paris 6^ème.

Tél. : +33-(0)1-45 44 12 90

www.museeduluxembourg.fr

 

AUTRES EXPOSITIONS

Les primitifs italiens de Sienne à Florence

L’exposition présente la collection de chefs-d’œuvre italiens constituée au début du XIX^e siècle par le baron allemand Bernard von Lindenau (1779-1854). Cet homme politique, amateur d’art et philanthrope, ouvrit en 1848, dans sa ville natale d’Altenbourg, au sud de Dresde, une vaste demeure pour y exposer ses collections et favoriser ainsi l’accès

du plus grand nombre à la culture. Pour les passionnés du quattrocentto à voir en plus de l’expo Lippi.

Musée Jacquemart André,

jusqu’au 21 juin.

158, bd Haussmann, Paris 8^ème.

Tél. : +33-(0)1-45 62 11 59



Juliette Récamier, muse et mécène

D’origine lyonnaise, Juliette Récamier reçut dans son salon toutes les personnalités importantes de son temps, la première moitié du XIX^e siècle. L’exposition propose de découvrir ce personnage à travers son rapport aux arts. Juliette fut en effet, tour à tour modèle, commanditaire, collectionneuse et initiatrice d’un nouveau goût.

Musée des Beaux-Arts de Lyon, jusqu’au 29 juin.

16 rue Edouard Herriot, Lyon 1^er.

Tél. : +33-(0)4-72 10 17 40