Fêter Noël… autrement ?
Pour beaucoup, Noël est la fête familiale par excellence. Alors que l’activité s’arrête presque complètement, les uns et les autres se retrouvent pour partager au moins un repas, une messe, quelques jours ensemble, à l’image de la Sainte Famille réunie dans la simplicité de l’étable. Mais la nouvelle incroyable de la naissance de l’Emmanuel, « Dieu avec nous », passe parfois au second plan, reléguée derrière une certaine frénésie. Les cadeaux, la cuisine, l’accueil des enfants et des petits-enfants… autant de préoccupations guidées par le souci de « bien faire », mais qui peuvent détourner du vrai sens de Noël. Alors, pourquoi ne pas profiter de la période de l’Avent pour réfléchir à comment fêter Noël autrement ?
Par exemple, en France, en Belgique ou encore en Suisse, des initiatives existent pour un « Noël solidaire ». Organisées par des associations, des paroisses ou des diocèses, ces propositions visent à permettre à ceux qui vivent seuls ou dans la pauvreté de fêter la naissance de Jésus entourés par la chaleur des autres le temps d’un bon repas ou d’un week-end. Des bénévoles viennent ainsi donner un peu — ou beaucoup ! — de leur temps pour préparer et participer à ces réjouissances.
« Quelles que soient la nationalité et la religion de chacun, nous partageons ensemble la joie de Noël », explique ainsi une religieuse qui anime chaque année une rencontre de ce genre avec le Secours Catholique. « Nous partageons un repas, mais aussi des petites histoires, des grandes discussions, des rires, des danses… comme lors d’un repas de Noël familial », se réjouit un bénévole agissant avec les Petits frères des pauvres. Parfois, ces fêtes sont organisées quelques jours avant le 25 décembre, pour permettre au plus grand nombre de s’impliquer.
Chanter pour les autres
Dans les grandes villes, des « maraudes » sont souvent organisées toute l’année, y compris le soir de Noël, pour aller à la rencontre de ceux qui vivent dans la rue et leur apporter un peu de réconfort. « J’ai l’impression d’être au bon endroit, au bon moment », témoigne Aude sur le site du Secours Catholique. « Nous venons avec notre oreille : nous leur offrons notre écoute et de la chaleur humaine. Les gens sont touchés qu’on vienne fêter Noël avec eux ! ».
De même, d’autres bénévoles agissent en amont, par exemple pour financer ces différentes initiatives de solidarité auxquelles ils ne participeront pas directement. Charles, 28 ans, va ainsi se produire avec un ensemble vocal lors d’un concert pour financer un Noël solidaire organisé dans le Pas-de-Calais. « Chanter à cette occasion, relève-t-il, permet d’inscrire nos talents dans l’élan de charité auquel les chrétiens sont appelés, tout particulièrement à l’approche de Noël ». À cette occasion sera produite la Cantate de l’Apocalypse d’André Gouzes, une méditation sur le dernier livre de la Bible. « Cela permet d’envisager cette action caritative comme une véritable proposition spirituelle durant l’Avent, particulièrement attendue dans cette zone rurale », détaille le jeune homme.
À l’approche de Noël, il est également possible d’inviter les plus jeunes à aborder cette fête avec plus de simplicité. De nombreuses écoles, groupes de catéchisme et associations leur proposent par exemple de faire des colis pour des enfants moins favorisés. Il est aussi tout à fait possible de le faire soi-même avec ses enfants ou ses petits-enfants et de les déposer à une association, par exemple à la branche locale du Secours Catholique.
En confectionnant leur paquet, les enfants prennent un peu plus la mesure de la valeur de certaines choses du quotidien. Souvent, il leur est proposé de mettre un de leurs jouets dans le colis. Il ne s’agit alors pas de donner un jeu démodé pour s’en débarrasser, mais bien d’offrir à un autre enfant la joie que ce jouet apportait. Par ce geste de générosité, l’enfant apprend ainsi qu’il peut y avoir plus de joie à offrir qu’à recevoir.
Noël, un temps de pardon
Outre le souci des plus pauvres, Noël est également l’occasion de se souvenir de l’importance de la famille. Tant de brouilles ou de rancœurs plus ou moins enfouies peuvent nous diviser, même réunis autour de la crèche représentant l’exemple si apaisé de la Sainte Famille ! Si une personne nous a gravement blessés, lui offrir le pardon ne serait-il pas le plus beau des cadeaux ? Et dans la situation inverse, pourquoi ne pas puiser dans l’humilité du Christ né dans une mangeoire pour trouver la force de s’excuser ? Si les blessures sont encore trop vives ou trop profondes, Noël peut aussi être l’occasion de simplement prendre le temps de prier pour l’autre. On peut ainsi demander au Seigneur de lui offrir l’amour que notre cœur se refuse à donner.
De même, la fête de la Nativité est un temps pour se réconcilier avec le Seigneur. Pendant l’Avent, les paroisses organisent des temps de prière et des soirées pour proposer le sacrement de confession et de réconciliation aux fidèles, plus ou moins habitués aux bancs de l’église. Tout comme Jésus s’est approché de nous en se faisant chair, Il s’approche de nous à chaque fois que nous le prions et de façon toute particulière dans le confessionnal. Outre la joie de la réconciliation pleine avec Dieu, la confession permet aussi de faire un bilan pour se recentrer sur ce qui compte vraiment pour nous.
Enfin, fêter Noël autrement, c’est aussi l’occasion d’élargir sa prière, seul ou en famille. Alors que Dieu nous rejoint sur terre, c’est le moment de lui confier nos frères et sœurs pauvres, malades, seuls, défunts… En se faisant notre frère en humanité, le Seigneur nous invite tous à la fraternité en Christ, c’est-à-dire à former une communauté dont les membres se veulent du bien les uns aux autres et prient pour cela. Alors, comme le dit le beau chant populaire, « Il est né le divin Enfant, chantons tous son avènement ! ».