Favoriser la rencontre
« Il y a une nouvelle tendance au tout consumériste et au tout anonyme dans les auberges de jeunesse, explique le frère Milad Yacoub. On met en avant l’avantage du moindre coût sans se soucier du côté rencontre. L’intuition profonde des auberges de jeunesse depuis la création du concept est pourtant cet aspect de la rencontre. Nous, on trouve ça intéressant et on le soigne. »
Installée en plein Paris, l’auberge de jeunesse Adveniat est une initiative des Assomptionnistes. Frère Milad Yacoub en est le responsable de l’animation depuis 2014. Son objectif : trouver des propositions originales pour permettre cette rencontre aux hôtes de l’auberge. « Il y a beaucoup de choses qui se passent de manière spontanée. Comme toute auberge de jeunesse, les chambres sont partagées, ce qui fait que, souvent, on voit le matin des groupes de personnes qui ne se connaissaient pas la veille au soir partir visiter Paris ensemble. Mais on veut aller plus loin. »
L’auberge offre ainsi aux touristes la possibilité de dîner dans des familles françaises, occasion de rencontre authentique. Et puis la rencontre, c’est aussi celle de Dieu grâce à la présence de la communauté sur place. « La chapelle installée au sous-sol est accessible à tous. Certaines personnes se joignent à nous pour la prière. Il y a aussi des bibles dans toutes les chambres. De temps en temps, certaines disparaissent. Ça nous fait plaisir car ça veut dire que quelqu’un a trouvé cela intéressant ! Et puis j’organise des visites-pèlerinage de Paris. Il s’agit d’une visite d’églises peu connues du public et de la collection d’icônes du Petit Palais. »
Pour lui, l’art chrétien est un moyen de nouvelle évangélisation. « On sait que l’art chrétien est un support de catéchèse, de transmission. C’est la fonction des vitraux, des icônes. Mais, aujourd’hui, ils permettent d’aller à la rencontre des touristes. Les gens ont en effet du plaisir à visiter, à découvrir ces œuvres, et en même temps cela leur permet de rencontrer Dieu ! »
Malheureusement, les clients répondant à ces différentes propositions restent encore une très faible minorité. « Aujourd’hui, nous n’avons peut-être que 5 % de nos clients qui participent. Pour moi c’est un défi plus qu’un regret. Il faut réussir à éveiller cette curiosité, ce désir de la rencontre chez les gens. Si je regarde les personnes qui ont vécu l’expérience, je me dis que ça vaut le coup ! Si je regarde les 95 % restant, là je dis qu’il y a encore beaucoup de travail à faire ! »
En attendant, cette mission a aussi permis à Milad de fortifier sa vie de prière. « Avant de venir ici j’étais en mission sur le bateau “Je sers” en région parisienne, où nous accueillions des personnes en difficulté. Le contraste a été très fort. Là-bas, c’était facile de prier pour les personnes accueillies, il y avait tellement de détresse, de difficultés, que ça nourrissait ma prière. Ici, ça a été un peu vide jusqu’au moment où j’ai commencé les visites et donc à faire des rencontres plus profondes avec les personnes. La prière reste utile pour chacun. Accueillir une personne, c’est aussi être sensible à sa vie et prier pour elle. »