Faire des cadeaux à Noël
Aujourd’hui, Noël est pour beaucoup une fête plus culturelle que religieuse. Elle s’exporte même très bien : ainsi au Japon, malgré le faible taux de chrétiens, Kurisumasu (transposition de l’anglais Christmas, “Noël”) est l’occasion de recevoir des cadeaux (c’est aussi, fait plus inattendu, une autre Saint-Valentin). Inutile, donc, pour fêter Noël, d’évoquer le nom de Jésus : celui du Père Noël suffit amplement.
Noël sans la Nativité
On peine ainsi à retrouver la pauvreté de la Crèche dans les festins et la débauche de cadeaux que le marketing veut nous faire considérer comme incontournables.
Plus grave peut-être, on nous présente Noël comme une aimable parenthèse où il serait légitime de s’évader de la réalité pour entrer dans ce qui est devenu la “magie de Noël”, et pas uniquement dans les parcs d’attractions. Le Père Noël, d’ailleurs, fait rêver les adultes autant que les enfants – les adultes, à défaut d’y croire, y font croire. C’est précisément ici que Noël devient païen : ce merveilleux imaginaire masque très facilement la réalité miraculeuse de l’Incarnation, et à trop vouloir ornementer le présent, on en oublie sa splendeur véritable.
La tentation est grande, alors, de pointer du doigt victuailles et présents. Ce serait pourtant un comble, en cette fête de l’Incarnation, que de les diaboliser !
Noël semble un temps idéal, au contraire, pour apprendre à mieux user des biens. Il n’est pas impossible que loin de nous détourner du Christ, les préparatifs et les cadeaux nous aident au contraire à lui être plus conforme, à condition de leur accorder une juste place : celle de la charité fraternelle.
Donner un sens aux cadeaux
Le Bible ne cesse de mettre en garde contre les cadeaux, qui sont une manière de s’aliéner l’autre, cela nous révèle en filigrane combien le cadeau est un bien irremplaçable parce qu’il engage avec lui toute la personne qui l’offre. Ne nous considérons donc pas quittes lors de l’échange des cadeaux, mais au contraire comme doublement liés. Un don n’est pas un dû, même si l’urgence de trouver quoi offrir à tel ou tel nous en donne parfois l’illusion.
Insistons sur ce point, en particulier avec les plus jeunes ; et même si l’encombrant Père Noël est passé par là, tâchons de faire une belle place aux remerciements.
De même n’oublions pas les pauvres au cœur des réjouissances, donnons aussi à ceux qui n’ont rien, et qui ne peuvent rien donner en retour.
Les pauvres bergers ont vu le Christ dans la mangeoire, mais ce fut aussi le cas des Mages. Les premiers n’avaient que leur présence et leur joie à offrir, les autres ont apporté des confins du monde leurs précieux dons. Tous ont, à leur manière, célébré l’Enfant-Dieu. « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Mt 6, 21). Que ce temps où le Ciel et la terre se rejoignent soit l’occasion pour nous de nous tourner un peu plus vers les réalités du Royaume.