Europe : où sont tes racines ?

21 Mars 2011 | par

Qu’ils soient catholiques, orthodoxes ou protestants, les chrétiens sont bel et bien présents sur le territoire européen. Même le journaliste Michel Onfray, connu pour son athéisme militant, a écrit dans Le Monde du 6 février 2011 : « L’athéisme est une idée neuve. […] L’imprégnation judéo-chrétienne de notre civilisation pendant plus d’un millénaire n’est plus à démontrer. »



Historique

L’Europe, bien avant qu’elle ne devienne une entité économique, est fortement marquée par le christianisme. Dès le premier siècle, on assiste à l’évangélisation de l’Occident par les disciples et amis du Christ : Pierre vint à Rome et fonda la première communauté chrétienne, Paul annonça la Bonne Nouvelle dans les pays du bassin méditerranéen, Jacques alla jusqu’en Espagne, Lazare, Marthe, Marie-Madeleine et Maximin en Gaule. Des documents du Ve siècle attestent que les saints de Béthanie arrivèrent par la mer et débarquèrent en Provence, sur les côtes camarguaises. C’est donc par la Provence et la vallée du Rhône que commença l’évangélisation de la Gaule.

Plus tard, vers 360, saint Martin fonda à Ligugé le premier monastère d’Europe. En 496, Clovis devint le premier roi chrétien de France, laquelle fut appelée “Fille aînée de l’Église”. Au IXe siècle, dans le Saint-Empire romain germanique, Charlemagne instaura un système scolaire et s’attacha à christianiser les campagnes.

1950 : année décisive pour la construction européenne. Robert Schuman, alors député démocrate-

chrétien, coopère activement à la construction de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier). Avec Jean Monet, autre “Père de l’Europe”, il est l’instigateur de la réconciliation franco-allemande, aux côtés du chancelier Konrad Adenauer et du Général de Gaulle. En 1957 est créée la CEE, composée alors de 6 pays : Allemagne de l’Ouest, Belgique, France, Italie, Luxembourg et Pays-Bas, tous des pays dits “chrétiens”. Bientôt se pose la question du symbole de cette unité européenne. Quel drapeau pour l’Europe ? Le Conseil de l’Europe charge une commission de traduire « les valeurs spirituelles et morales qui sont le patrimoine commun des peuples qui le composent. » Le dessinateur Arsène Heitz propose douze étoiles en forme de cercle sur un fond bleu. Simple coïncidence ? À l’époque du concours, Heitz était en train de lire l’histoire des apparitions de la Vierge Marie rue du Bac, à Paris, au cours desquelles celle-ci se présentait avec sur la tête une couronne de douze étoiles, une référence directe aux paroles de l’Apocalypse. De plus le bleu représente la couleur de la Vierge.



Vigilance

Lorsqu’il s’est agi, en 2004, de se mettre d’accord sur un projet de traité constitutionnel pour les 25 États membres, la mention de l’héritage chrétien du continent s’est invitée au débat. La France fut le principal opposant à l’inclusion de cet héritage religieux dans le texte de la Constitution.

Très récemment, la Commission européenne a produit à plus de 3 millions d’exemplaires un agenda destiné aux élèves de l’Union européenne. On y trouvait les fêtes juives, hindoues, sikhes et musulmanes, mais aucune fête chrétienne. Le Cardinal Vingt-Trois et l’ancien ministre Christine Boutin se sont publiquement indignés, réclamant une nouvelle version de l’agenda avec les fêtes chrétiennes. « Comment prétendre instruire des jeunes sur l’Union européenne en niant une religion qui a tant contribué à sa construction et à son unité ? », écrivait Madame Boutin.

Régulièrement, le terme “chrétien” semble poser problème aux instances de l’Union européenne. Ainsi, le 25 janvier dernier, se tenait une audition menée par l’ECLJ (Centre européen pour le Droit et la Justice), sur le thème : « Persécution des chrétiens d’Orient : quelle réponse de l’Europe ? », au terme de laquelle les 27 ministres de l’Union ne sont pas parvenus à un accord. Dans le texte, « la violence récente et les actes de terrorisme visant des lieux de culte et de pèlerinage » étaient condamnés, mais ne figurait aucune mention de communauté spécifique. La France et l’Italie ont qualifié les termes de « trop vagues », tandis que la Grande-Bretagne et les pays scandinaves ont refusé la référence aux chrétiens, mettant en avant le risque de « choc des civilisations ».



Une identité à préserver 

Fin 2010 a été publié le Rapport de l’Observatoire sur l’intolérance et la discrimination des chrétiens en Europe. Y figurait « une longue série d’exemples d’intolérance envers les chrétiens en Europe : actes de vandalisme, de haine envers des églises et des symboles religieux, de manifestations de haine et de brimades envers des personnes », a rapporté le père Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège.

Un sujet de préoccupation pour Benoît XVI : « Déplaçant notre regard de l’Orient à l’Occident, nous nous trouvons face à d’autres types de menaces contre le plein exercice de la liberté religieuse. » Il s’agit par exemple de menaces contre la liberté d’éducation (notamment l’interdiction du crucifix dans les écoles), contre l’objection de conscience des professionnels de santé face à la question de l’avortement.

Le relativisme, qui prétend que les valeurs morales dépendent des époques, des sociétés, des individus et donc ne peuvent être érigées en normes universelles, tend à s’imposer par tous les moyens. Le christianisme n’aurait-il donc eu sa raison d’être qu’à une époque donnée dans l’histoire du continent européen ? N’existe-t-il pas de vérité religieuse ? Il s’agit de défendre la liberté religieuse et de combattre cette dictature du relativisme. Il en va de notre identité européenne. n





Marie, reine de l’Europe

« Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant

le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. »

Apocalypse (12, 1)



« Les coïncidences sont si nombreuses et si évidentes qu’il ne serait pas difficile pour nous de découvrir dans les plis du drapeau européen le sourire et l’affection de Notre Mère, Reine de l’Europe, prête à relever ce grand défi que le successeur de saint Pierre nous avait proposé : rechristianiser le vieux continent par l’exemple de nos vies et le témoignage de nos propos. »



Javier Paredes, professeur d’histoire contemporaine à l’Université d’Alcala en Espagne.



Updated on 06 Octobre 2016