Encore des témoins
Par les mots «témoins» et «martyrs», nous avions évoqué, dans notre éditorial de juillet, les sept moins cisterciens de Tibhirine assassinés en mai dernier. Ce mois-ci, ces mêmes mots reviennent à l’occasion de la Journée et de la Semaine mondiales des Missions (13-20 octobre).
Le message du Pape commence par les paroles du Christ aux Apôtres: «Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre» (Ac 1,8). Celui qui possède la foi a le devoir et le privilège, dit le Pape, de communiquer aux hommes, non une sagesse purement humaine, une science pour vivre, mais l’espérance d’une «présence vivante». «Nous sommes témoins d’une foi lumineuse, de charité ingénieuse, patiente et bienveillante, au service de toutes les pauvretés de l’homme contemporain.»
Ce témoignage est celui de tous les chrétiens, dans leur vie de tous les jours, parmi des hommes d’origines, de cultures, de croyances de plus en plus diverses. Il est aussi, pour ceux qui en ont le courage, le don de leur vie aux Missions. Des prêtres, des religieux, des chrétiens vont vivre dans les différentes parties du monde, pour aider les jeunes Eglises. Il y a sûrement, parmi nos lecteurs, des jeunes qui sentent en eux-mêmes cet appel; des parents qui savent encore susciter chez leurs enfants la passion et l’amour des Missions. Les exemples que nous montrons dans notre dossier (p. 12-14) sont destinés à les aider.
Mais le départ en mission comporte aussi le risque de difficultés graves, de contradictions et de souffrances qui peuvent aller jusqu’à la mort. «Chaque année, écrit le Pape, on enregistre le témoignage héroïque de nouveaux martyrs, qui versent leur sang pour rester fidèles au Seigneur. L’Eglise s’incline devant leur sacrifice et elle se serre par la prière et par l’amour fraternel autour des croyants qui souffrent de la violence, en les invitant à ne pas se décourager, à ne pas craindre.» Le Pape écrivait son message le 28 mai, il ne pensait pas que le 1er août suivant, l’évêque d’Oran, Mgr Pierre Claverie, que nous évoquions dans Le Messager de juillet (p. 6-7) allait être victime d’un attentat. «Craignez-vous pour votre vie?» lui avait demandé un journaliste lors de sa Conférence de presse en mai dernier. «Nous ne savons pas, avait-il répondu. Nous sommes continuellement exposés au danger. Cela peut arriver à tout moment.»
Il fut lui-même «témoin et martyr». «L’Eglise qui est en Algérie, a dit le cardinal Gantin lors de ses obsèques à la cathédrale d’Oran (5 août), se reconnaît parfaitement dans la figure de cet évêque: discret dans sa façon d’être et d’agir, soucieux de faire en sorte que les chrétiens soient toujours mieux à même de rendre compte de leur espérance, attentif à la vie et aux attentes de ses frères algériens.» Et il terminait son homélie par la prière attribuée à saint François: «Quand domine la haine, que nous annoncions l’amour... Quand pèse la détresse, que nous ranimions l’espérance. Quand s’épaississent les ténèbres, que nous apportions la lumière.»
Saint Antoine rappelait avec insistance que notre vie doit aller jusqu’au bout de ce qu’affirment nos lèvres. Si nous sommes croyants, rappelle le message du Pape, nous devons partager la croix du Christ, par l’offrande de toutes nos énergies à la diffusion de l’Evangile; et si nécessaire, par le sacrifice de nos vies.