Edito
Le dernière page de ce Spécial évoque les cierges que les pèlerins offrent à saint Antoine et aux autres saints et la manière dont ils brûlent. Mais au-delà de l'objet, c'est la lumière dont il est le symbole qui revêt, aux yeux de la foi et des pratiques de dévotion, une profonde signification.
Christianisme et lumière.
Dans l'Ancien Testament déjà, le Temple de Jérusalem, considéré comme le lieu de la présence de Dieu, était rehaussé par la lumière d'un candélabre à sept branches portant des lampes à huile qui brûlaient perpétuellement.
Le Nouveau Testament, les Actes des Apôtres soulignent qu'à Troas, dans la chambre haute où les chrétiens célébraient avec Paul la fraction du pain, il y avait bon nombre de lampes (Ac 20,8). Dès le IIIe s., les témoignages sur l'utilisation de la lumière se multiplient et l'habitude des empereurs romains de se faire précéder d'acolytes porteurs de torches, a certainement contribué à introduire la lumière pour marquer la dignité du pape, puis des autres évêques, ensuite des prêtres allant célébrer la messe. Actuellement, les cierges brûlent sur l'autel à chaque messe, devant le Saint-Sacrement et les statues de saints, au baptême et autour du corps lors des funérailles.
Au long de l'année, la lumière est particulièrement célébrée avant Noël, avec les couronnes de l'Avent, le 2 février, jour de la Chandeleur, et la nuit du Samedi saint, avec le Cierge pascal, symbole du Christ Ressuscité.
C'est en effet au Christ, qui s'est défini Vie et Lumière du monde et que le prophète Syméon a proclamé Lumière des nations , que le cierge liturgique emprunte sa signification. Et saint Antoine a écrit, à ce propos, des pages particulièrement suggestives.
Saint Antoine et le Christ Lumière
L'image de la Lumière fait, en quelque sorte, irruption dès le début des Sermons :
La Lumière est venue parmi nous
Le premier jour, Dieu dit : Que la lumière soit .
Cette lumière est la Sagesse de Dieu le Père, qui éclaire tout homme, venant en ce monde (cf. Jn 1,9), lumière inaccessible (cf. 1 Tm 6,16), resplendissement de sa gloire, empreinte exacte de sa substance (He 1,3), le reflet de la lumière éternelle (Sg 7,26).
C'est de cette lumière que le Père parle lorsqu'il dit Que la lumière soit . Et la lumière fut. Le Verbe s'est fait chair, dit Jean, et il a habité parmi nous (Jn 1,14). Et Cette Lumière qui était inaccessible et invisible s'est donc faite visible dans la chair, venant illuminer ceux qui demeurent dans les ténèbres et l'ombre de la mort (cf. Lc 1,79).
(Dimanche de la Septuagésime)
Le Christ, splendeur de la Lumière éternelle
Le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu, pénètre tout : au ciel, il rassasie les anges par sa vision ; sur terre, il attend les pécheurs pour qu'ils fassent pénitence ; dans les enfers, il torture les démons et les pécheurs sans espoir.
Cette Lumière est : effluve ardent qui réchauffe le froid de notre infidélité ; clarté toute pure, car rien de souillé ne s'introduit en lui ; miroir dans lequel nous voyons le Père ; sans tache, car il n'a pas commis de faute ; image de la bonté de Die, sa représentation parfaite.
(Xe dimanche après la Pentecôte)
Que la Lumière de ta face, Seigneur, soit gravée sur nous (Ps 4,7)
La Lumière de la face de Dieu en nous est triple : celle de la raison, gravée lors de la création ; celle de la re-création, gravée en nous par la grâce qui nous renouvèle ; celle de l'image et de la ressemblance de la Trinité, gravée dans notre mémoire, dans notre intelligence, dans notre amour. D'où Augustin : Que je me souvienne de toi, Seigneur, que je te comprenne et que je t'aime
La lumière de la face de Dieu est le tout et le vrai bien de l'homme. Rendons à Dieu une âme illuminée et marquée de la lumière de sa face.
(XXIIIe dimanche après la Pentecôte)